Evasion

Pucón et la région des lacs

Au nord de la Patagonie chilienne et au pied de la cordillère des Andes, la ravissante petite ville de Pucón, haut-lieu de la culture des indiens Mapuche, permet d’explorer une région dont la biosphère est notoire du fait de sa richesse en activités volcaniques et en étendues d’eaux.

Par Christian Sorand

Le Chili s’étire sur une longueur équivalente à celle d’une Europe s’étendant du nord de la Scandinavie au sud de la péninsule ibérique. Ce pays sud-américain offre donc une variété de climats et de paysages parfois spectaculaires. Étant situé dans l’hémisphère sud, entre Pacifique et chaîne andine, son régime climatique s’inverse : au nord, le désert d’Atacama et au sud le détroit glacé de la Terre de Feu. Ce vaste territoire est la terre ancestrale de plusieurs ethnies amérindiennes dont celle des Mapuches au sud, l‘une des plus importantes. La Patagonie commence aux portes de Pucón. Appelée l’Araucanie, cette région est frontalière de l’Argentine. Pucón se situe à environ 800km, au sud de la capitale, Santiago du Chili.

Pucón et son lac volcanique.

La petite ville de Pucón (env.22,000 h) se situe à la pointe orientale du lac Villarrica, dominé par le cône enneigé du volcan Villarrica (2,847m), dont la dernière éruption date du 3 mars 2015.

Dans la langue Mapuche (le “mapudungun”), Pucón signifie “entrée de la cordillère”. Pucón est considérée comme la capitale du tourisme du sud du Chili. Moderne, propre et fleurie, cette petite station balnéaire lacustre, au climat tempéré, rappelle un peu Megève dans les Alpes françaises. Elle vit du tourisme en toute saison, puisqu’elle est aussi une station de ski prisée durant l’hiver austral. Les pistes de ski se situent sur les pentes du volcan Villarrica.

L’activité volcanique de l’Araucanie a favorisé l’industrie d’un tourisme thermal. Il existe en effet tout un réseau de piscines d’eau chaude volcanique aux portes de la ville.

Le Grand Hôtel de Pucón est flanqué d’une vaste plage dont le sable gris est dû au volcanisme de la région (la Playa Grande). Cette partie de la ville possède un grand parc aux essences régionales ; on y trouve aussi quelques statues d’indiens Mapuche.

De Pucón émanant la pureté, le calme, la nonchalance lacustre. Villégiature moderne, sa modernité attire de nombreux touristes toute l’année. Il y a un grand nombre de magasins en tous genres, du haut de gamme international, aux boutiques de vêtements ou de souvenirs locaux. Les établissements spécialisés dans les marques de randonnées alpestres ou de ski sont particulièrement nombreux. Les vêtements en laine de lama restent une particularité régionale. Le marché central offre un bel étalage de produits locaux. Il va sans dire que Pucón dispose également d’un grand choix de cafés et d’une variété d’excellents restaurants, tous ouverts jusqu’à très tard dans la nuit. Les gîtes et les hôtels sont fort nombreux puisque la ville est entièrement tournée vers le tourisme.

L’atmosphère accueillante et chaleureuse de Pucón devient idyllique sur les rives du lac. On y trouve une jolie promenade verte et fleurie. Outre la beauté du lac, à toute heure de la journée, la majesté sublime du volcan Villarrica reste un objet de fascination. Un spectacle qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui du Fuji Yama, au Japon.

La rive du lac abrite aussi un petit port de plaisance. Un ponton est réservé aux promenades en bateau, permettant de découvrir le grand lac Villarrica. La croisière en fin de journée est particulièrement belle sous les couleurs du couchant, on voit alors de mystérieuses vapeurs émanant des sources chaudes régionales.

Pucón sert aussi de tremplin à de nombreuses activités régionales, thermales, alpines ou simplement pédestres. L’une d’elles est la visite du parc national de Villarrica. Il existe d’ailleurs un second strato-volcan à proximité : le Lanin, culminant à 3,776m à la frontière du Chili et de l’Argentine.

Huilo-Huilo : une terre volcanique de lacs alpins.

L’autre facette de la partie sud de l’Araucarie se situe à partir du versant méridional du volcan Villarrica. Cette zone unique se compose de lacs glaciaires, de forêts andines aux essences endémiques, de cours d’eau et de cascades, et encore d’autres volcans actifs. Elle fait partie d’un ensemble plus vaste appelé “la Région des Fleuves”.

Il s’agit d’une zone située autour de la réserve de Huilo Huilo. Deux grands lacs s’étalent dans une vaste plaine glaciaire, elle-même dominée par un strato-volcan massif, ayant la particularité d’avoir deux cratères : le Mocho (2,415m) et le Choshuenco (2,422m). Les deux lacs principaux sont le “Lago Calafquén” et le “Lago Panguipulli”. Ces deux lacs font partie d’un vaste ensemble de sept lacs se déversant les uns dans les autres pour former le Rio Enco, alimentant la “Région des Fleuves”. Dans la langue des Mapuches, Calafquén signifie :”le lac comme une mer”. La ville de Panguipulli est un autre lieu de villégiature très prisé. Cette petite communauté est peuplée de Mapuches et de colons allemands.

La région offre un vaste éventail de sites époustouflants et donc de belles randonnées pédestres bien balisées.

L’un des plus beaux sites de toute cette région est le parc des chutes d’Huilo-Huilo. Un torrent aux eaux aigue-marine forme une cascade, tout au fond d’un cañon aux versants boisés d’essences endémiques.

Un second site abrite une réserve de sangliers, un musée consacré à la culture Mapuche et un parc de grands cerfs, importés d’Europe, qui se sont adaptés au climat local. Le musée Mapuche (Museo de Volcanes) est particulièrement intéressant. On y. accède par une grande allée bordée de statues indiennes en pierre.

À proximité de la zone andine, on atteint le “Lago Pirihueico”, un beau lac glaciaire tout en longueur. Ici, la bourgade de Puerto Fuy sert de point d’embarquement grâce à un ferry qui transporte les véhicules jusqu’à la frontière argentine.

Une biosphère reconnue.

Cette zone des Andes araucaniennes est celle d’une réserve biologique, créée en 1999 aux environs de Panguipulli.

La forêt abrite de nombreuses espèces d’arbres endémiques. Certains sont centenaires, pouvant atteindre 40m de hauteur. La forêt recèle trois nouvelles espèces de fougères parmi la grande diversité de celles existant déjà dans cette zone.

Si le puma et le condor peuplent forêts et montagnes, cette zone abrite aussi quelques espèces uniques au monde. C’est le cas du “huemul”[Hippocamelus bisulcus] un cerf du sud andin ; du “pudu” [Pudu puda], le plus petit cervidé du monde, dont le poids ne dépasse pas dix kilos ; la “guiña” [Leopardus guigna], un petit chat sylvestre ; le “monito des montagnes” [Dromiciops gliroides], le plus petit marsupial existant, ayant la taille d’une souris.

Pour ne pas dénaturer le paysage, les autorités locales ont créé des hôtels qui se fondent dans l’environnement sylvestre, tel que l’hôtel “Magic Mountain” (Montaña Májica).

Toutes les caractéristiques de la région andine, de Puçon à Huilo-Huilo, font que cette partie du Chili reste un haut-lieu de visite à la fois agréable et souvent spectaculaire.

Pucón a l’avantage d’être une étape panoramique prisée. On aime y flâner, s’asseoir sur un banc ou à la terrasse d’un café. C’est aussi un lieu privilégié pour y rencontrer des visiteurs venant du monde entier, ou tout simplement pour échanger avec des Chiliens. Car ici, beaucoup de jeunes du pays viennent travailler pour mettre en pratique leur connaissance des langues étrangères. De surcroît, un petit air frais venu des cimes andines, favorisant une certaine nonchalance locale, contribue à rendre cette étape un peu magique ; tant et si bien, qu’on éprouve beaucoup de mal à quitter Pucón !

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Wikipedia
https://huilohuilo.com/
https://www.lonelyplanet.com/