L’archipel d’Andaman: Koh Libong et Koh Bulon (2ème partie)
Ce nouveau périple nous entraîne dans une traversée nonchalante sur les eaux turquoise de la mer d’Andaman. Après avoir exploré trois îles au sud de Koh Lanta, ce voyage se poursuit un peu plus vers le sud, pour nous faire découvrir deux des cinq cent cinquante îles d’un archipel s’étendant jusqu’aux confins de la Malaisie.
Par Christian Sorand
La première exploration était consacrée aux îles de Koh Ngai, de Koh Muk et de Koh Kradan (1). Cette seconde découverte cible deux autres îles: Koh Libong (au centre) et Koh Bulon (au sud). Elles se ressemblent peu, ayant chacune sa propre atmosphère. Elles différent d’ailleurs par leur taille comme pour leur environnement. La première, proche de la péninsule malaise, se situe au centre du chapelet des îles de la mer d’Andaman. La seconde, de taille moyenne, n’est qu’à quelques encablures du territoire malaisien.
Dans la langue siamoise le terme koh désigne une île ou un îlot. Ils se comptent par centaines dans cette région comprise entre Phuket, au nord, et la grande île malaisienne de Langkawi, tout au sud.
Koh Libong: l’île des dugongs
En débarquant sur la jetée orientale de Baan Maphao, proche de la côte thaïlandaise, on est d’emblée projeté dans une autre sphère. Ce sentiment d’être ailleurs caractérise cette grande île, dominée par un imposant massif montagneux.
Koh Libong est la plus grande des îles de la province de Trang, une région située au sud-ouest de la péninsule malaise. Niché au beau milieu d’une barrière de mangroves, le petit port de Baan Maphao est pourtant à moins de quatre kilomètres de la côte thaïlandaise. Une communauté de pêcheurs y vit dans des maisons sur pilotis. Les villageois ont dû s’adapter au rythme des touristes venus séjourner dans l’île en procurant un transport adéquat pour se rendre sur la côte ouest où se trouvent les plages. Une seule route traverse l’île d’est en ouest, en faisant un crochet par Batu Bule, la plus importante agglomération de la côte sud.
Comme la plupart des îles de la région, Koh Libong abrite une communauté musulmane de pêcheurs qui parlent un dialecte malais. Ici, les mosquées remplacent les temples siamois habituels. La vie coule paisiblement. La gentillesse des habitants en témoigne. En outre, le coût de la vie locale est loin d’être celui des autres lieux touristiques. On y mange délicieusement à moindre prix, assis en plein air, parmi les animaux domestiques et sous le sourire d’une population accueillante. Adieu la montre; on en oublie le stress; et on se laisse alors glisser vers la simplicité ambiante des îles où il fait si bon vivre.
Koh Libong offre trois types de panorama. La partie orientale propose un paysage de savane, composé de hautes herbes et d’anacardiers (arbres à noix de cajou). Les collines de l’intérieur, quand elles ne sont pas recouvertes d’une jungle épaisse, sont le domaine des plantations d’hévéas ou d’arbres fruitiers. La côte occidentale est celle des grandes plages de sable doré, entrecoupées par de belles formations rocheuses. C’est ici que se trouve le village d’Haad Lang Kao, site de la plupart des villégiatures touristiques. Les parasols, les hamacs et les cocotiers n’ont rien à envier aux autres îles plus connues de la région. Le seul désavantage est qu’ici, on ne peut pas se baigner à marée basse. Mais le rythme de la vie locale, la douceur des lieux, l’accueil de la population autochtone, font que l’on cherche plutôt à prolonger son séjour, tant ce lieu est empreint de magie.
Une crique isolée de cette partie de l’île offre le spectacle d’un petit pont naturel (Saphan Hin), accessible soit à pied à marée basse, soit par bateau.
La communauté de Batu Bute offre un certain intérêt. Ce gros village de pêcheurs possède quelques jolies maisons sur pilotis. Il y a surtout une très longue jetée de plusieurs centaines de mètres. Elle permet aux bateaux de mouiller à marée basse. Elle se termine par une haute tour d’observation d’où il est possible, à certaines heures, de contempler le balai des dugongs.
En fait, il s’agit bien de l’attraction principale de Koh Libong. Une large communauté de dugongs vit le long des mangroves de la côte méridionale.
Le dugong est un mammifère marin protégé, appartenant à la famille des Siréniens avec trois espèces de lamantins. Les dugongs se nourrissent exclusivement d’algues trouvées à proximité de la mangrove. Plutôt timides, ces gros mammifères marins font entre trois et quatre mètres de long et peuvent peser jusqu’à cinq cents kilos. Leurs museaux esquissent la forme d’une petite trompe élargie, et, comme ils présentent de petites défenses peu visibles, ce sont aussi de lointains parents des éléphants. Les dugongs peuvent vivre jusqu’à soixante-dix ans. Au XIXe siècle, Jules Verne mentionne les dugongs dans “Vingt mille lieues sous les mers”, mettant en scène Ned Lod, un harponneur, chasseur de dugongs.
La meilleure manière de les côtoyer est d’affréter un “longboat” et de partir à leur rencontre pendant quelques heures. La patience sera récompensée par un beau spectacle, que peu d’endroits au monde offrent encore. Parfois la curiosité l’emporte et la chaloupe se trouve être le point de mire d’un dugong plus curieux que les autres !
Quoi qu’il en soit, depuis la plage d’Haad Lang Kao, le soir venu, le spectacle du soleil couchant demeure une attraction inoubliable dont on garde un souvenir impérissable.
Koh Bulon: forêt tropicale et sable coralien
Il faut effectuer une traversée de plusieurs heures avant d’atteindre l’archipel de Koh Bulon, situé tout au sud de la mer d’Andaman. La seule île habitée s’appelle Koh Bulon Lae.
Tout change ici. La couleur de l’eau est aigue-marine. Le sable blanc offre le seul mouillage possible, car il n’y a pas de jetée. La luxuriance de la végétation donne l’impression d’arriver sur une île déserte à l’écart du monde. Une forêt tropicale dense, peuplée d’oiseaux, recouvre l’île. Il n’y a personne sur la plage pour vous accueillir. Les autres passagers du ferry continuent en direction de l’île touristique de Koh Lipe, ou bien celle de Langkawi, en Malaisie. On vous regarde débarquer avec un certain étonnement. L’île est hors des sentiers battus. Tant et si bien, qu’on se croit seul comme un Robinson sur une île déserte.
En fait, sous la barrière des arbres qui bordent une plage de sable corallien immaculée, on aperçoit quelques maisons blotties à l’ombre, parmi les plantes et les fleurs. Pas de voitures ici. Tout se fait à pied, à vélo, parfois à mobylette. On cherche son lieu d’accueil, et quand on le trouve, on commence à croire que l’on est bien sur une île de rêve. Peu de gens viennent ici. Ceux qui s’y trouvent sont des amoureux de la nature, du calme, de la beauté sauvage.
Pourtant, il ne faudrait pas croire que cette île est inhabitée. Il existe deux petites communautés villageoises. La principale se trouve sur le côté sud-ouest, bordée par une longue plage allant de Pansand Beach à Bulone Beach. C’est là que se trouvent l’école avec un vaste terrain de sport, une petite clinique, quelques bureaux administratifs et un poste de police. Les principales activités sont la pêche, une petite agriculture viticole et une maigre infrastructure touristique, sachant que les lieux de villégiatures ferment à la saison des pluies. L’hôtellerie est réduite, souvent située en bord de mer. De petits bungalows, offrant un bon confort, se fondent dans de grands parcs tropicaux. La cuisine répond aux normes thaïlandaises, mais elle enchantera les amateurs de poissons et de fruits de mer. Les fruits tropicaux complètent les délices de la table.
Seule la moitié orientale de l’île possède des sentiers. partout ailleurs s’étend la forêt tropicale.
Dans la partie septentrionale, il y a une seconde communauté villageoise éparpillée autour d’une petite mosquée. Elle s’étale entre deux baies: Ao Panka Yai (Grande Baie) et Ao Panka Noi (Petite Baie). C’est d’ici que l’on emprunte un autre chemin pédestre qui traverse l’île du nord au sud en direction d’Ao Muang Mango Bay (la baie des Mangues). La promenade est belle, mais la baie des Mangues est décevante, mal entretenue. Une petite communauté de “gitans des mers” vivant exclusivement de la pêche s’y est établie.
Tout séjour à Koh Bulon permet de se revivifier, de goûter aux plaisirs paradisiaques des eaux changeantes et claires de la mer d’Andaman, de vivre au rythme naturel du soleil levant et du couchant: autant d’images dont on gardera longtemps un souvenir ébloui.
Il existe bien d’autres lieux paradisiaques dans la mer d’Andaman encore à découvrir.
Certains préfèrent les activités trépidantes des îles telles que Koh Phi Phi ou Koh Lipe. Néanmoins, la mer d’Andaman offre une panoplie incroyable de lieux idylliques, où chacun pourra trouver son petit coin de paradis. Toutefois, la recrudescence du tourisme international menace trop souvent encore l’écosystème local. La presse a récemment relaté la mort d’un jeune dugong, due aux matières plastiques qu’il avait avalées.
Liens:
Koh Libong : https://www.travelfish.org/location/thailand/southern_thailand/trang/ko_libong
Le dugong : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dugong
Koh Bulon Lae : https://learningtobreatheabroad.com/koh-bulon-lae-travel-guide/
Koh Bulon Lae travel guide : https://www.travelfish.org/location/thailand/southern_thailand/satun/ko_bulon_lae