Événement

Primaire de la droite et du centre: Interview de Jean-François Copé

Les 20 et 27 novembre prochains, primaire de la droite et du centre

Exclusif : Interview des candidats dans Trait d’Union.
 
Les partis de la droite républicaine française organisent une primaire afin de sélectionner le candidat de la droite et du centre à l’élection présidentielle de 2017.
Une première pour les partis de droite, prenant exemple sur le parti socialiste qui avait ouvert la voie en 2011 désignant ainsi un candidat commun pour la course à l’Elysée de 2012.
Tous les candidats, ils sont au nombre de sept, ont pris l’engagement de soutenir celle ou celui qui sera désigné à l’issue de ce scrutin. Vote ouvert à tous, à la condition de s’être préalablement inscrit sur le site des primaires (l’inscription était jusqu’au 16 octobre), de s’acquitter de deux euros par tour et de signer une charte, indiquant partager les « valeurs républicaines de la droite et du centre », et s’engageant à soutenir « l’alternance afin de réussir le redressement de la France », cette primaire dont l’organisation coûtera environ 8 millions d’euros, devrait s’autofinancer à partir de 2 millions de participants. Environ 60.000 Français de l’étranger se sont inscrits pour y participer dont près de 1.200 Français de Hong-Kong et 1.100 de Chine continentale.
Désireux de toucher la communauté française établie hors de France, six des sept candidats ont accepté de répondre à nos questions.
Aujourd’hui retrouvez l’interview de Jean-François Copé.
Propos recueillis par Catya Martin

http://www.jfcope.fr/

Trait d’Union : Candidat à la primaire de la Droite et du Centre, en quoi pensez-vous être nouveau ?

Jean François Copé : Depuis 10 ans, la France n’a cessé de reculer car l’inaptitude au commandement a prévalu. Je veux proposer une rupture complète en 2017 tant sur les réformes à mener que sur la méthode de gouvernement.

Je souhaite réarmer la France à tous les niveaux : économique, sécuritaire, patriotique. Redonner à notre pays la maîtrise de son destin, la souveraineté de ses choix, pour lui permettre de faire face aux nouveaux déséquilibres du monde et pour donner à chaque Française et chaque Français les moyens de dessiner son propre chemin de réussite et d’épanouissement et de s’inscrire dans cette dynamique.

Quinze décisions destinées à rétablir l’esprit de commandement, à libérer l’économie et l’emploi et à renouer avec le progrès devront être prises. Mais tout cela ne sera possible que si l’on se dote d’une méthode de gouvernement. Et cette méthode, c’est un agenda, un calendrier et un outil de mise en œuvre institutionnel qui, seul, garantira son succès : le « gouvernement par ordonnances ».

Quelle est votre vision du Français de l’étranger ?

Ce sont des personnes courageuses qui ont quitté leur pays, leur famille, leur culture pour bâtir une nouvelle vie personnelle et professionnelle à l’étranger. Leur ouverture sur le monde, leur maîtrise de plusieurs langues, leur expérience unique sont de vrais atouts pour la France. Ils contribuent beaucoup au rayonnement dans le monde de la culture française, de la francophonie et de nos savoir-faire.

Ils doivent être les relais d’une grandeur diplomatique française retrouvée. Car je rêve que la France renoue avec les fondamentaux de sa politique étrangère, en redevenant le pays qui parle à tous avec une voix indépendante et réaliste, une force militaire moderne, une conciliation de ses valeurs et de ses intérêts et une stratégie commerciale unifiée.

Elu Président de la République, quelles seraient les mesures prioritaires pour les Français de l’étranger ?

Quatre domaines majeurs doivent faire l’objet de réformes : la gouvernance, la sécurité, la fiscalité et l’éducation.

Afin de renforcer la légitimité des élus, je veux améliorer le statut des conseillers consulaires en appliquant le triptyque formation, directives, communication. Une formation, rassemblant tous les élus consulaires, devrait être organisée dans l’année qui suit leur élection. Elle aurait pour mission de faire connaître aux nouveaux élus leurs droits, leurs devoirs, leur statut et le fonctionnement des services administratifs. Le principal objectif serait, en effet, qu’ils se saisissent de la totalité de leurs fonctions, décisionnelles ou consultatives, pour ne plus dépendre des habitudes locales. Le corollaire de cette formation est la diffusion de directives et circulaires ministérielles pour rappeler à l’administration consulaire, les règles relatives aux attributions des conseillers consulaires et les contraindre à les respecter. Actuellement, les disparités sont trop fortes entre circonscriptions : la répartition des rôles dépend fortement de la personnalité de l’ambassadeur ou du chef de poste consulaire en place. Les élus consulaires sont, de par leur mode d’élection, un atout en termes de représentativité démocratique. Il convient donc de faire de la communication auprès des administrés afin de clarifier le rôle de chacun des représentants des Français établis hors de France.

La sécurité ensuite. Elle est la première des libertés et la première mission régalienne de l’Etat. La France doit être en mesure d’assurer la sécurité de tous ses citoyens, y compris à l’étranger. Je souhaite pour cela optimiser la chaîne prévention, action et accompagnement des Français établis à l’étranger. Je propose de rendre obligatoire l’inscription au registre mondial des Français établis à l’étranger pour les sensibiliser aux risques et les informer en cas de crise, de renforcer la formation dématérialisée des administrations consulaires à la prévention et à la gestion des crises et d’informer systématiquement les Conseils consulaires des risques et plan sécurité des ambassades (avec mention des informations confidentielles).

S’agissant de la fiscalité, je supprimerai les prélèvements sociaux sur les revenus fonciers des non-résidents, une taxe à l’essence inacceptable – puisque les non-résidents ne bénéficient pas de protection sociale – et à l’application inégalitaire – puisque qu’elle est appliquée uniquement aux non-résidents hors Europe.

Enfin, l’éducation. Permettre à tous nos jeunes d’accéder à des établissements scolaires français est une priorité. Il faut trouver des solutions pour que les frais de scolarité ne soient pas un obstacle pour les familles. La première action à mener est le contrôle des dépenses des établissements. L’AEFE doit être en capacité de contrôler ces frais, par exemple au travers de l’accord ou non d’homologation de l’établissement. Vient ensuite la question de l’aide aux frais de scolarité, car tous ceux qui ont besoin d’aide ne sont pas forcément éligibles aux bourses, en particulier les ménages de classe moyenne. Je préconise qu’un système de bourses locales adapté à la situation de chaque établissement soit créé au travers d’un fonds de solidarité.

Il est également essentiel de redonner à l’apprentissage ses lettres de noblesse et de mener vers l’emploi des milliers de jeunes. L’apprentissage doit être une voie de réussite et d’excellence à part entière dans notre système éducatif, notamment au sein du réseau AEFE. La priorité est que chaque établissement se crée un réseau d’entreprises locales qui travaillent en partenariat avec lui pour organiser l’apprentissage et la formation professionnelle. Le projet éducatif doit être bâti à l’échelle locale pour s’adapter à la réalité sociologique de terrain. Pour ce faire, les chefs d’établissement doivent rencontrer de manière très régulière les chefs d’entreprise, les inclure dans la participation à la vie de l’établissement et conclure avec eux des accords financiers qui permettraient d’alimenter le budget apprentissage.

Comment redonner une image différente des Français de l’étranger que celle de l’expatrié fiscal ?

Je ne suis pas certain que les Français de l’étranger renvoient cette image. En revanche, on ne met pas assez en avant ce qu’ils apportent à la France. Pour redorer leur blason, il faut leur donner une véritable place dans le programme politique de réformes et de la visibilité lors des élections nationales.

Quel message souhaitez-vous adresser aux Français de l’étranger ?

Continuez de rayonner par votre présence et par vos compétences en Asie et partout dans le monde. L’avenir diplomatique de la France aura besoin de vous et la droite décomplexée que je défends sera là pour vous soutenir.

Je suis persuadé que le sursaut français est possible avec des citoyens qui regorgent de talents et d’énergie et dont vous êtes les premiers exemples. Je compte sur vous, sur votre ambition et sur votre dynamisme afin que la France ne recule plus !

* Pour toutes informations sur l’organisation de la primaire : www.primaire2016.org

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