Primaire de la droite et du centre: Interview de François Fillon
Trait d’Union : Que proposez-vous de différent dans le paysage politique actuel ?
François Fillon : Aujourd’hui, nous souffrons tous du déclassement de la France, de son absence de leadership sur la scène internationale ou européenne. Je veux redresser notre pays en changeant radicalement un système qui nous mène droit à la faillite et nous empêche d’atteindre le plein emploi.
Pour cela, il faut arrêter ce qui ne marche pas et prendre les mesures qui ont fait le succès de nos principaux concurrents. Ceux qui nous disent qu’on peut continuer comme avant sont dans le mensonge. Avec six millions de personnes inscrites à Pôle-emploi et 2.200 milliards de dettes, la seule solution, c’est l’action.
Depuis quatre ans, je parcours notre territoire et je vais à la rencontre de la communauté française dans le monde. Certains d’entre vous m’ont dit qu’ils avaient quitté la France à contrecœur parce qu’ils étouffaient sous les contraintes et les taxes, parce qu’ils avaient le sentiment que la réussite n’était plus possible dans notre pays.
Mon projet s’articule autour de la libération de l’économie mais aussi la restauration de l’autorité d’un Etat qui doit être dirigé avec dignité et efficacité. Je défendrai un pouvoir exemplaire, qui tienne parole, avec un gouvernement resserré de 15 ministres, pour partie issus de la société civile, reconnus dans leur domaine d’excellence et dont l’autorité morale sera incontestable.
Que peuvent apporter les Français de l’étranger à la France ?
Les Français établis hors de France ne doivent pas être considérés comme une catégorie à part, statique et définie une fois pour toute. C’est une communauté de plus en plus jeune, diverse, mobile, on le voit bien en Asie. C’est l’un des multiples visages de la France aujourd’hui.
On a l’habitude de dire que nos compatriotes à l’étranger font rayonner la France là où ils sont : pour moi c’est beaucoup plus que cela. Ils sont aux avant-postes de la globalisation. Mieux que d’autres encore, ils en voient les atouts, peuvent apprécier les changements de plus en plus rapides de notre monde, avoir une vision plus juste des opportunités et des menaces. Leur vision, leur expertise même, sont un apport essentiel pour notre pays. Dans l’élaboration de mon projet de redressement pour la France, j’ai d’ailleurs associé plusieurs entrepreneurs ayant vécu et travaillé à l’étranger.
Quelles seraient vos mesures prioritaires pour les Français de l’étranger ?
Je souhaite tout d’abord revenir sur deux dispositions prises par l’actuel gouvernement :
– je propose de supprimer totalement le dispositif de taxation CSG CRSD sur le patrimoine pour nos compatriotes à l’étranger.
– je reviendrais sur la loi ALUR dont certaines dispositions touchent nos compatriotes à l’étranger. Je proposerais la reconnaissance de la résidence (considérée comme secondaire aujourd’hui et donc taxée comme telle) qu’ils détiennent en France comme leur résidence principale.
Je suis favorable à la suppression du délai de carence pour la couverture sociale en matière d’assurance maladie pour nos concitoyens revenant de l’étranger, dans le cadre d’une réforme générale d’attribution de l’AME. En matière de protection sociale, je souhaite également améliorer l’application des règlements de coordination des régimes de retraite en UE et hors UE.
Je suis particulièrement attaché à ce que tout soit fait pour maintenir le lien de nos compatriotes à l’étranger avec leur pays et ce lien passe par la langue et la transmission à leurs enfants de la culture française. Nous devons considérer les dépenses d’enseignement comme un investissement stratégique : un investissement dans l’influence de la France dans le monde.
Je m’engagerais à ce qu’on améliore l’accueil post baccalauréat en France des enfants revenant de l’étranger : un portail numérique unique pourrait être créé sur le volet éducatif du retour en France, depuis le secondaire jusqu’au supérieur.
Je souhaite également favoriser le développement d’établissements bilingues en France, afin de faciliter le retour vers le territoire national d’enfants ayant grandi dans un contexte multiculturel.
En ce qui concerne le coût de la scolarité, je suis attaché à ne pas diminuer le budget global des bourses, en veillant à ce que l’on ne change pas régulièrement les critères d’attribution, ni la façon de calculer leur montant.
Pour ce qui concerne enfin la représentation politique et institutionnelle des Français de l’Etranger, je reviendrai sur la dernière réforme socialiste de 2013 relative aux conseillers et délégués consulaires, qui a compliqué et dénaturé cette représentation, pour des raisons purement électoralistes.
Comment sortir de l’image d’exilés fiscaux pour un Français expatrié ?
Je pense que cette image caricaturale s’atténue considérablement et je m’en réjouis. Les Français sont de plus en plus nombreux, notamment parmi les plus jeunes, à tenter leur chance à l’étranger. Chacun a autour de lui aujourd’hui un enfant, une connaissance ou un voisin parti travailler à l’étranger. L’expatriation est une chance mais aussi un risque, et ce risque doit être au contraire valorisé.
Vous avez été cinq ans Premier ministre de la France, avez-vous un regret ?
Mon seul regret est de n’avoir pas suffisamment engagé notre pays sur la voie du redressement avec des réformes trop souvent incomplètes, malgré de réelles avancées.
Quel message souhaitez-vous adresser aux Français de l’étranger ?
Vous avez besoin de votre pays et votre pays besoin de vous. Aidez-moi à faire de la France dans les dix prochaines années la première puissance européenne !
* Pour toutes informations sur l’organisation de la primaire : www.primaire2016.org
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