Leur avenir vous appartient
Nombreux sont ceux qui soutiennent Pour un sourire d’enfant (PSE), une association au Cambodge qui assure la prise en charge des enfants les plus en détresse. Ils ont raison.
Il faut la voir arriver, cette grande dame, dans la salle polyvalente du lycée français international de Hong-Kong le 16 décembre dernier. Pleine de vie et enthousiaste, les yeux brillants d’émotion : « si on n’aide pas ces enfants, ils ne s’en sortiront pas » lance-t-elle à la centaine de personnes venue au lancement de l’antenne Asie de PSE, avant la projection du film illustrant son combat contre la misère. Pas moins de 7.000 enfants sont accueillis au sein de l’association depuis vingt ans, nourris, éduqués, aimés : « Il faut faire en sorte que le maximum puissent profiter de cette machine » poursuit-elle.
Sauvés de la décharge
A l’origine de cette ONG, Marie-France des Pallières et son mari Christian, tous deux retraités. L’histoire commence en 1996 au Cambodge, le pays sort de vingt-cinq ans de guerre et du régime Khmer rouge à une période où tout est à reconstruire et à repenser, de la société jusqu’à l’individu, dans ses valeurs et principes moraux. C’est lorsqu’ils découvrent la décharge de Phnom Penh, dans laquelle plusieurs centaines d’enfants travaillent pieds nus dans un décor effroyable où se mêlent l’odeur âcre des ordures qui pourrissent à la chaleur étouffante de la région, qu’ils décident d’agir. La vue de ces enfants ramassant quelques déchets pour les revendre à des grossistes, sous la menace constante des bulldozers et des violences parentales, a été un véritable choc « Nous ne pouvions pas laisser ces enfants dans des conditions aussi misérables » annonce-t-elle. La guerre est déclarée, l’association lancée.
Une longue route
Pour pallier à la détresse, ils construisent tout d’abord des paillotes autour de la décharge, distribuent des repas et assurent les premiers soins, mais ils réalisent très vite qu’il faut sortir ces enfants de la décharge et les scolariser. Qu’à cela ne tienne, avec le soutien de leurs proches, ils construisent un centre de rattrapage scolaire. Dans la même année, celui-ci intègre successivement, 10, 40 puis 120 enfants. En plus de la scolarisation, des programmes de garderie, de maternelle et d’hébergement pour les enfants maltraités(,) sont mis en place grâce aux réseaux de soutien et aux parrainages.
Du côté des familles, la pauvreté est telle qu’il faut compenser le manque à gagner lié au travail de leurs enfants. « Au début les parents étaient contre l’école, ils trouvaient cela inutile. Aujourd’hui,
ils sont fiers que leurs enfants aient un travail et une vie correcte », remarque Marie-France des Pallières. Par la suite, l’association s’aperçoit que certains enfants retournent sur la décharge car ils ne trouvent pas de travail après l’obtention du brevet.
Ils créent alors sept écoles professionnelles préparant à 21 métiers qualifiés : jardinage, secrétariat, hôtellerie… Pour les former à un métier stable et durable. Aussi, certains anciens de PSE sont désormais professeurs ou encore assistants sociaux et aident les plus jeunes. Aujourd’hui nombreux sont ceux qui bénéficient de ces programmes, « Nous n’étions pas animés par l’idée de grandir mais par l’obligation de répondre aux plus grandes urgences et de considérer chaque enfant comme le nôtre. », explique celle que les enfants surnomment affectueusement « mamie ». A les entendre, l’ONG a déjà parcouru un joli chemin qu’il est nécessaire de pérenniser, de développer et de « goudronner ».
Place à l’antenne Hong-Kong
Pour continuer à évoluer, l’association doit constamment se mobiliser pour chercher des financements de nouveaux réseaux de parrainages afin de contre balancer ceux qui s’essoufflent en France et qui alimentent à hauteur de 90% les dons de PSE. Il faut donc garantir l’émergence d’autres relais, ailleurs, en Asie« Il y a beaucoup d’expatriés français à Hong-Kong, c’est aussi une plateforme où l’on peut diversifier les donateurs grâce à la population anglo-saxonne et chinoise. » précise Guillaume Ponticelli, président de l’association à Hong-Kong, « Il y a une raison essentielle à mon implication, c’est que les dons sont à 94 % investis dans le seul but d’aider les enfants, ce qui n’est pas le cas dans les autres associations ! », martèle-t-il. La création d’une nouvelle antenne à Hong-Kong permettra donc de sensibiliser les populations qui ne sont pas encore donatrices et contribueront activement à ce nouveau relais afin d’assurer les engagements futurs de l’ONG. L’antenne hongkongaise sera par ailleurs enregistrée comme « charity » permettant ainsi d’offrir des exonérations fiscales aux donateurs.
Reconnue par les autorités cambodgiennes et par la France, Pour un sourire d’enfant obtient pour sa concrétisation(,) le prix des droits de l’Homme. Par ailleurs, et ce n’est pas un hasard, l’association est citée comme exemple par le programme alimentaire mondial de l’ONU. Il suffit de voir sur le visage des enfants un sourire pour comprendre que leur vie a changé. Longtemps surnommé les petits « chiffonniers », ils sont désormais promis à un bel avenir.