Chronique

La lettre au père Noël

Par Stéphanie Delacroix

En France c’est depuis 1962 que les PTT (oh ça va… vous voyez très bien de quoi je parle, mais saviez-vous que c’est Françoise Dolto – la sœur du ministre des dits PTT de l’époque – qui a rédigé le premier texte de réponse « Mon enfant chéri » ?) répondent aux lettres que les enfants adressent au Père Noël, évidemment depuis 1996 le secrétariat du vieux barbu bedonnant est aussi actif sur internet… je ne sais pas si c’est une « psychanalyste de l’enfance » qui répond. Mais est-ce que des consultations psy sont offertes aux enfants qui veulent des cadeaux insolites ? Une kalachnikov pour aller au spectacle vendredi ? Un gilet pare-balle pour aller au parc ? Une burqua pour ma Maman ?

En français, plutôt que d’utiliser « je veux » – trop direct et avide – on conseille plutôt « j’aimerais ». Le verbe aimer au conditionnel, c’est pas étrange d’aimer au conditionnel ? « Aimer si »… si quoi ? Si on pense pareil, qu’on a les mêmes passeports, la même culture ? Si on se ressemble, qu’on parle la même langue ? Si on est gentil ?
On peut aussi dire « je souhaite », ou faire un « vœu » même si c’est juste un homophone du verbe « vouloir » aux 3 premières personnes du singulier du présent de l’indicatif… je veux, tu veux, il ou elle veut continuer de se mettre en bikini sur la plage.

En anglais on sait depuis que les pierres roulent qu’on ne peut pas toujours avoir ce que l’on veut.

En japonais « vouloir » n’est pas interdit, pas déconseillé, ni même impoli puisque c’est carrément… un adjectif, un état de chose, « hoshii ». Il en découle que pour dire « je veux un shot de tequila» on se doit de dire « un shot de tequila m’est désirable / séduisant »…et oui c’est comme ça, c’est pas d’ma faute…c’est celle de la tequila. L’idéogramme pour ce « désir » 欲 contient la vallée :谷, et le manque, l’absence :欠. Quand je suis dans la vallée je désire ce qui me manque, pas bête.

En chinois c’est le caractère de « nécessité » 要 qui est utilisé pour yào : vouloir. Il est composé d’un repère géographique, l’ouest 西 et d’un sempiternel objet de désir : 女, la femme… aurais-je inopinément mis le doigt sur l’origine du proverbe « ce que femme veut …»

En indonésien c’est clair, vouloir « mau » (qui se prononce à peu près comme un miaulement ma-ou…) est également utilisé comme un marqueur du futur… « saya mau pergi ke Paris » : je veux aller à Paris (et par extension je vais aller à paris), mais aussi « dia mau sakit » : elle est en train de tomber malade, ou « mau ujang » : il va pleuvoir (c’est inéluctable, comme voulu par la nature).

Et vous ? Pour Noël vous voulez quoi ?