Rubrique Santé

La crème de la crème

 

Fatigue, pollution, alimentation, froid, vent, soleil autant de facteurs qui jouent avec la peau des faces, visages, tronches, trombines, binettes, bobines, bouilles, museaux, mines. Et que nous ne sommes pas prêts à faire, enfin prêtes surtout (ne nous les voilons pas nos faces il s’agit quand même là de préoccupations assez féminines), pour avoir bonne mine !

Par Stéphanie Delacroix

 

Evidemment on connaît tous les légendaires bains et soins au lait d’ânesse (très riche en sels minéraux, acides gras et vitamines essentielles) de Cléopâtre et des femmes de la Rome Antique mais on sait moins qu’elle se massait quotidiennement le visage avec de l’Aloe Vera (plus de 75 éléments nutritifs, 20 minéraux, 18 acides aminés et 12 vitamines), et on sait encore moins que les Mayas appelaient cette plante la « fontaine de jouvence ».

En Asie c’est le remède brûlure, coup de soleil, cheveux ternes et hématomes par excellence et cela fait bientôt 15 ans que je ne conçois pas de vivre sans un ou deux plans d’Aloe Vera sur le balcon, la terrasse ou dans le jardin ! En Indonésien le nom à lui seul évoque le bon vieux remède de sorcière sympathique : Lidanya Buaya (langue de crocodile), アロエ (retranscription en katakana de A LO E) pour le japonais, Lúhuì 芦荟 (roseau luxuriant) en chinois et Aloe Vera en anglais aussi – même si ça sonne comme « Allo Vera ». On coupe une tige en deux on se tartine le gel sur le visage ou on applique en emplâtre sur la brûlure ou le bleu (partie gluante contre la peau).

En Europe on est plus innovateurs, et prêts à essayer les nouveautés du moment comme en témoignent les nombreux documents publicitaires pour les crèmes de soin au … radium « au pouvoir rénovateur incomparable et sans danger » dans les années 1920 et 1930.

On aime évidement aussi les soins du visage aux plantes (même si leur usage n’est pas attesté aussi loin que l’Aloe Vera, -1500 avant JC) millepertuis, immortelles, edelweiss etc. Sans parler de la bave d’escargot, appliquée par l’animal lui même ou sortie d’un pot, ce qui semble avoir le vent en poupe au Japon, en Corée et en Amérique du sud et dont les adeptes vantent les protéines (de composition proche de celle du derme), allantoïnes (pour la régénération de la peau), vitamines (A, C, E et B), alpha hydroxyacides (réduisent l’épaisseur de la couche cornée), minéraux et Oligo-éléments, Mucopolysaccharides (puissants agents hydratants). Si vous avez fait la grimace pour la partie gluante de l’Aloe j’aimerais bien voir vos frimousses maintenant !

Au Japon on aime bien l’extrême, c’est connu et « extrême » qualifie assez bien ce soin à base… d’excréments de rossignol (uguisu 鴬のふん), inspiré d’une habitude ancestrale de démaquillage des Geishas et Maikos.

Le masque à la feuille d’or semble quant à lui assez international et d’usage fort ancien…

Massage au rouleau d’or (documenté pour une des impératrices de la dynastie Ch’ing), masque de nuit pour Cléopâtre, élixir pour Elizabeth 1ere de Russie…et application de fines feuilles dans bon nombre d’instituts de beauté du globe de Bali à Paris en passant par Londres, HK et Tokyo. L’or serait anti-rides, anti-cernes, raffermissant et bon pour le teint ! Mais bon, attention quand même Diane de Poitiers est morte d’un empoisonnement (volontaire et régulier) à l’or « potable » (aurum potabile) élixir de beauté de prédilection de la cour des rois de France du XIIIe au XVIe siècle quand même)…c’est ballot. Aujourd’hui le luxe suprême est d’utiliser de l’or des mines d’Hishikari, tout au sud du Japon, puisque l’or qui en sort, monsignor, est le plus pur du mooooonde.

Pourquoi ne pas tenter la totale, l’ultime soin « multi layers » : caca de rossignol (purifié hein quand même), Aloe Vera, lait d’ânesse, feuilles d’or, bave d’escargot et quelques gouttes d’immortelle ?!