Economie

Fintechs, une dynamique régionale

 

Le terme ‘Fintech’ est à la mode par les temps qui courent. Pour cause, l’industrie des services financiers technologiques impressionne tant pour son remarquable dynamisme que pour l’intérêt qu’elle suscite auprès des autorités de la région, notamment à Hong-Kong et Singapour.

 

Par Dr. Antoine Martin

Les technologies Fintech se développent de plus en plus vite. Autrefois réservés aux banques, les outils financiers se démocratisent. On paye aujourd’hui nos achats avec un simple téléphone, les paiements en ligne sont devenus monnaie courante car des prestataires de services spécialisés fournissent des dispositifs toujours plus innovants et sécurisants.

L’opérateur WeChat, d’ailleurs, aurait fait circuler l’équivalent de 46 milliards de petites enveloppes rouges à l’occasion du nouvel an cette année.

Bref, les porte-monnaie électroniques et autres systèmes conçus pour nous faciliter la vie se multiplient parce que la technologie progresse, notamment en matière de blockchain et d’automatisation des transactions.

Il faut dire, cependant, que la région est particulièrement dynamique en la matière.

Au cours de l’année passée, diverses juridictions – Hong-Kong en tête, mais aussi Singapour, le Canada, la Malaisie ou encore l’Australie – ont mis en place des cadres opérationnels afin de faciliter le développement de ces acteurs économiques.

A Hong-Kong, par exemple, un visa startup attire les entrepreneurs, un bureau de facilitation a été créé par l’autorité monétaire (HKMA) tandis qu’une branche de l’organisme Invest HK se spécialise maintenant dans le fait d’attirer des entrepreneurs fintech du monde entier, avec plusieurs bureaux à l’étranger.

En 2015, un fond consacré au développement dans les domaines de la technologie et de l’innovation a été doté de 2 milliards (HKD). Fin 2016, le centre Cyberport ouvrait le Smart-Space Fintech, un espace de plus de 3.000 m² offrant aux entreprises du domaine un accès à divers services, accélérateurs et contacts. Enfin, plusieurs accélérateurs spécialisés fintech opèrent maintenant sur Hong-Kong, présageant un avenir prometteur pour le secteur.

A Singapour, dans la même lignée, l’autorité monétaire (Monetary Authority of Singapore – MAS) a mis en place un ‘Fintech Office’ destiné à promouvoir la ville-Etat comme le hub régional immanquable et a annoncé la mise en place d’un cadre réglementaire favorable aux fintech puisque conçu en marge des réglementations financières normalement applicables aux acteurs financiers traditionnels. Le MAS, par ailleurs, a annoncé l’an dernier un investissement de 225 millions (SGD) équivalent à 1.2 milliard HKD, prévu à cet effet.

Récemment, d’importants investissements privés ont aussi été annoncés avec par exemple un hub d’une superficie équivalente au projet Cybertport Hongkongais (Lattice80) par Marvelstone, ou encore la création d’un fond par Dymon Asia Ventures à hauteur de 20 millions USD, visant à terme une capitalisation proche des 50 millions destinée à être investie dans une quinzaine de sociétés (Techcrunch, 09/03/2017).

Enfin, on notera que – selon un commentateur spécialisé – Singapour mettrait en place une stratégie budgétaire pour faciliter l’accès des jeunes générations (les fameux ‘millenials’) aux carrières fintech. Cela impliquerait, entre autres, un financement de 105 millions (USD) destiné à améliorer le système éducatif local, un projet de 20 millions (USD) destiné à faciliter l’accès des jeunes au marché du travail fintech, ainsi qu’un programme de 70 millions (US) destiné à développer les opportunités de progression de carrière (leadership training) pour une génération ambitieuse et avide de succès (TechinAsia, 10/03/2017).

En somme, l’industrie fintech bénéficie d’une véritable dynamique régionale. Mais, si les investissements sont passés de 103 millions à 4.5 milliards (USD) entre 2010 et 2015 (source: Accenture), la principale interrogation réside dans la destination de ces capitaux à l’avenir – particulièrement ceux provenant de Chine – et, peut-être, la possibilité de voir apparaître une ‘licorne’ sur-capitalisée made in Asia.

A l’heure actuelle, les politiques fintech à Hong-Kong et Singapour se développent rapidement, à coup de facilitation et de souplesses réglementaires toujours plus poussées. La concurrence entre les deux principales places financières de la région promet donc d’intéressants développements. Pour le meilleur, bien entendu. Affaire à suivre…

 

 

Dr Antoine Martin est universitaire (The Chinese University of Hong-Kong) spécialiste des sujets de mondialisation et de négociations commerciales internationales.

Il dirige par ailleurs ‘The Asia-Pacific Circle’, un groupe de réflexion spécialisé dans le suivi des tendances touchant la région Asie-Pacifique.

Pour plus d’informations: www.asiapacificcircle.org