La chronique de Stéphanie
Cochon aui s’en dédie
Par Stéphanie Delacroix
-Vous êtes quoi vous ?
-Comment ça ?
-Chien, cochon, cheval, coq, rat, bœuf, serpent, lapin tout ça quoi ?
-Tout. Moi je m’en moque tant que ça a bon goût et que c’est pas moi qui le tue et que je le vois pas mourir j’en mange.
-Alors, hum, oui mais non, je voulais dire comme signe chinois…
-Ah. Cochon. Ça tombe bien 2019 c’est l’année du cochon d’ailleurs. Et vous ?
-Chien, mais j’en mange pas hein, c’est tellllllment mignon un chien.
C’est sûr, le Sus Scrofa Domesticus (porc ou cochon) n’a pas la meilleure réputation du monde animal comme en témoignent de nombreuses expressions françaises (cochon qui s’en dédie, entre autres) ou chinoises
( 一龍一豬 One Dragon One Pig), pour signifier que deux personnes ne jouent pas exactement dans la même catégorie si vous me permettez une image sportive voire footballistique en espérant qu’une fois ne sera pas coutume.
A mon avis c’est parce que sinon notre espèce aurait mauvaise conscience à manger autant de cochons et à les faire vivre et mourir dans les conditions que l’on sait (sa chair est la viande plus consommée au monde et ce malgré les interdits de deux grandes religions.). En Indonésie on en mange peu (sauf à Bali et dans les régions chrétiennes ou hindouistes). Cochon se dit Babi en indonésien (alors que Baby – bébé – se dit Bayi, gare aux gaffes).
C’est peut-être aussi parce qu’il nous est proche, génétiquement (on s’en sert d’ailleurs pour fabriquer des valves artificielles dans le cas de certaines maladies cardiaques et autres bio-prothèses), ainsi qu’en terme de comportement. Et ce n’est pas Sir Winston Churchill qui aurait dit le contraire, il aurait même dit “I am fond of pigs. Dogs look up to us. Cats look down on us. Pigs treat us as equals.” (J’ai de l’affection pour les cochons. Les chiens nous admirent. Les chats nous méprisent. Les cochons nous traitent en égaux.)
Leur grande sociabilité, ils aiment dormir côte à côte et face à face, et manger à côté des membres du groupes qu’ils préfèrent, nous les rend familiers (copains comme cochons).
Leurs vocalisations diverses, de la berceuse (si si…) au cri de guerre, et très sonores …jusqu’à 115 décibels, 3 décibels de plus que les avions de chasse (brailler comme un cochon qu’on égorge) nous interpellent.
Leur voracité (manger comme un cochon), leur manque de discernement alimentaire (de la confiture aux cochons, ou des perles aux cochons pour nos amis japonais (豚に真珠 – Buta ni Sinjyu) et leurs grands appétits – comme les nôtres (dans le cochon tout est bon) que l’on tente de modérer en se répétant qu’il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger sont légendaires.
Contrairement à ce que l’on croie, ils transpirent peu et sont propres (si on leur en laisse la possibilité) – et c’est pour se débarrasser des parasites et autres saletés ainsi que pour protéger leur peau rose et fragile comme la nôtre qu’ils prennent des bains de boue – ils sont également rapides ils peuvent courir (si on leur en laisse la possibilité) à presque 18 km / heure.
Pour cette année – sans repousser ça aux calendes grecques ou si vous préférez à quand les cochons auront des ailes (When pigs fly) ou les poules des dents c’est-à-dire dans l’œil d’un cochon (in a pig’s eye) – je souhaite bonheur et harmonie aux porcelets, truies et cochons de chair et d’os, de terre, de métal, d’eau, de feu ou de bois.
A tous les autres je souhaite harmonie et prospérité, avec un peu plus de compassion et un peu moins de bonbons à la gélatine, de bacon, de rôtis, saucissons et jambons mauvais pour la santé, la planète et les consciences…
Kung Hei Fat Choi !!!