Réseautage au féminin
Créée il y a plus de trois ans, en juillet 2015, par la Française Inès Gafsi et la Hongkongaise Anna Wong, toutes les deux entrepreneures, « Female Entrepreneurs Worldwide » (FEW) représente aujourd’hui plus de 10.000 membres enregistrés en ligne et 100 à 150 membres actifs présents aux événements mensuels. Plateforme créée pour aider les femmes à faire croître leur entreprise à l’échelle locale et mondiale grâce à des activités régulières de réseautage et de mentorat, FEW offre des conseils pratiques sur des sujets allant des questions juridiques au marketing.
Par Catya Martin
«L’avenir est prometteur pour les femmes qui s’installent en Asie ». C’est le message que délivrent Inès Gafsi et Anna Wong pour parler de leur startup. Un premier événement organisé avec plus de 300 personnes qui se sont retrouvées pour un « réseautage » très féminin et l’histoire commence. « Nous nous sommes alors aperçues que nous n’étions pas les seules entrepreneurs à se demander ce que les femmes faisaient à Hong-Kong et ça a été le départ de tout », explique Inès. « Au départ, c’était plus par curiosité, nous voulions savoir comment créer son business, par ou commencer, voir là où des femmes avaient réussi », souligne la jeune femme.
Elles s’aperçoivent très vite que beaucoup d’autres femmes se posent les mêmes questions et ne trouvent pas forcément de groupes adaptés à leurs demandes. « Nous avons fait beaucoup de networking mais ce n’était pas forcément l’esprit que l’on recherchait », précise-t-elle.
Forte du succès de cette plateforme, Inès décide de quitter son travail dans le marketing digital et de se lancer à temps plein dans l’aventure FEW. « Nous sommes deux à temps plein et avons des personnes qui travaillent pour nous en free-lance. Nous avons aussi des ambassadrices qui nous aident à recruter des membres et des partenaires ».
Connexions avec des entrepreneurs, des experts ou des professionnels utile à son développement, FEW offre une série de soutiens allant jusqu’aux formations et des cours sur l’ensemble des sujets liés à l’entreprenariat. « Tous les ateliers et formations que nous proposons sont ouverts à tous mais nous donnons la priorité à nos membres. Nous avons aussi des événements uniquement réservés à nos membres, principalement du networking. L’idée centrale est de faire vivre une communauté en donnant, chaque mois, la possibilité à nos membres de faire découvrir aux autres leur business », Inès. « Notre objectif est de répondre à ce besoin et dire aux femmes que si elles ont un rêve et veulent créer quelque chose, elles peuvent le faire », poursuit-elle.
Si le nom de la plateforme est plus dédié aux femmes, FEW n’a absolument rien contre la gente masculine. « Environ 10 % de nos membres sont des hommes qui ont des business destinés aux femmes », indique-t-elle.
Les événements organisés ont donné lieu à un grand nombre de collaborations entres les entrepreneurs membres. « Se lancer dans une aventure d’entrepreneure est un peu l’inconnu, vous êtes seule. Peu de personnes ont la chance d’être entourées par d’autres entrepreneurs présents pour les aider. Beaucoup de nos membres viennent à la recherche de nouvelles idées ou tout simplement pour échanger avec des personnes comme elles, ça va beaucoup plus vite », insiste Inès. FEW permet également aux jeunes entrepreneurs d’avoir une visibilité. « On leur fait gagner du temps. On peut les aiguiller rapidement sur ce qu’il faut faire ou encore les guider dans Hong-Kong et vers les différents services que peuvent apporter les autorités hongkongaises. C’est une sorte de feuille de route que nous leur proposons afin de leur faciliter le travail ».
L’ambition des deux jeunes femmes ne s’arrête pas à une plateforme locale, leur souhait : devenir une plateforme internationale et dès cette année, développer leur concept à travers l’Asie. Aujourd’hui présente à Shanghai et à Shenzhen, FEW devrait s’ouvrir à d’autres pays dans la région avant de se lancer vers d’autres continents.
« Nous avons développé notre application mobile avec comme l’objectif de faire inter-réagir cette communauté de femmes entrepreneurs, devenir une plateforme sans frontière. Nous commençons d’ailleurs avec des membres basées au Canada ou encore en Australie. Ce sont des personnes qui cherchent à entrer sur le marché chinois et hongkongais », explique Inès Gafsi.
L’aventure FEW amène Inès Gafsi à nous livrer le constat qu’elle a pu faire depuis la création de la plateforme. Pour elle, beaucoup de ces femmes créent des entreprises qui souvent contribuent à changer le monde ou du moins à aider à l’améliorer. « Elles contribuent aussi à changer la façon dont nous consommons aujourd’hui, bien meilleure pour l’environnement ou encore la santé. Je trouve qu’il y a plus de sensibilité. Dans toutes les industries il est important que les femmes continuent à s’imposer, elles apportent une vision différente de celles des hommes », souligne-t-elle. Mais attention, pas question de la ranger dans la catégorie des féministes engagées. « Nous sommes là en soutien des femmes entrepreneures mais en aucun cas dans un combat féministe », affirme-t-elle.
Les membres de la plateforme bénéficient certes d’une visibilité avec des campagnes de promotion sur les réseaux sociaux, mais également de conseils adaptés à leurs besoins. Ils sont amenés à présenter leur société aux autres membres, à participer à des ateliers dans le but de partager leurs expériences ou encore à participer à des évènements de networking ciblés sur leur activité. « Nous avons fait aussi beaucoup de mises en relation en présentant à nos membres des personnes clés pour leur business », tient à préciser Inès.
Selon le niveau de votre adhésion, un système de « mentoring » est mis en place avec des dîners plus restreints permettant de rencontrer et d’échanger avec des entrepreneurs de renom.
Plus de 40 % des entreprises créées à Hong-Kong le sont par des femmes. Aujourd’hui elles peuvent trouver les réponses à beaucoup de leurs questions au sein d’un environnement convivial et peut-être plus adapté à leurs recherches avec FEW. « Comme toute personne qui commence un nouveau rôle, même au sein d’une grande organisation, elle doit être armée des outils, des processus, des mentors, des coachs et d’un réseau qu’elle peut exploiter au besoin. C’est là notre travail », conclut Inès Gafsi.