Chronique

La chronique de Stéphanie

A double tranchant

Il peut être suisse, économe, papillon…de cuisine, de combat, à cran, de poche, de plongée, de boucherie, de pêche, à beurre ou à fromage, à coquillages, à débroussaillage, pour les skis… il sert pour manger et parfois se fait lui-même manger, il peut servir à assassiner (et change de nom pour l’occasion), à couper des choses diverses et variées dont le brouillard. C’est le… le couteau !

Par Stéphanie Delacroix

 

Celui de Mac-The-Knife aka Mackie-Le-Surineur aka et originalement Mackie Messer, puisque oui, le personnage est allemand et tiré de la chanson éponyme écrite par, par … Bertolt Brecht pour l’Opéra de quat ’sous ! Donc oui, il vous suffit d’en lire les paroles pour vous la raconter « je lis du Brecht » à votre prochain dîner en ville.

En chinois c’est 刀 qui se prononce Dao et pas d’idéogramme pour le japonais, juste le mot anglais knife directement retranscrit en katakana ナイフ: « Na-i-fou », on rigole on rigole mais on a bien canif nous en français. On notera pour les japonais la base 刀 et ses variations pour les kanjis où ça va couper.

Pisau pour l’indonésien mais en fait c’est du chinois (littéralement du chinois : 匕首 bishou : poignard). Je vous ai perdu là non ?

 

Le couteau (de coutel, coltel en ancien français vers 1130) fait partie de ces cadeaux litigieux puisque si un ami vous en offre un, et que vous voulez rester amis, il faut lui donner une pièce en échange pour que ce ne soit plus un cadeau mais une transaction commerciale histoire que le couteau ne coupe pas le lien amical… Ca marche avec les ciseaux, rasoirs à main, coupe-papier (vous vous souvenez des coupe-papiers ?!!!), faucille, etc…

J’en profite pour rappeler qu’offrir un mouchoir ou des perles est annonciateur de larmes (de chagrin, pas de rire les larmes), qu’offrir des chaussures pour Noël aura pour effet d’éloigner de vous la personne qui les reçoit ; offrir du parfum à sa moitié implique une rupture imminente.

 

Depuis le XIXe siècle offrir des œillets porte malheur à ceux qui les reçoivent (de toute façon c’est moche, ça ne se mange pas et ça ne sent même pas bon), une montre aussi car si elle non plus ne se mange pas et ne sent pas particulièrement bon, elle a l’heur (☺) de rappeler que le temps passe et que la faucheuse et sa faux se rapprochent, un porte-monnaie vide en cadeau prédit de gros soucis d’argent (n’hésitez donc pas à demander aux ignorants qui vous en offriraient malencontreusement un de glisser un petit sou dedans), des vêtements de naissance avant la naissance…bah vous vous en doutez, et un miroir pour un mariage est également de mauvaise augure car cela annoncerait la fragilité de l’union célébrée.

 

Les expressions coutelières sont assez claires, un second couteau pour un rôle secondaire dans « Psycho » ou autre, à couteaux tirés quand ça barde entre deux personnes, avoir le couteau sous la gorge quand on est en situation délicate (comme la dame sous la douche dans Psychose), jouer du couteau petit euphémisme signifiant se battre, à ne pas confondre avec le fait de travailler à quelque chose avec soin et précision – au petit couteau – planter un couteau dans le dos de quelqu’un c’est le trahir, et quand on reparle d’un évènement désagréable il se peut que cela remue ou retourne le couteau dans la plaie. Aïe.

 

Ah oui, j’oubliais le proverbial « avec ma bite et mon couteau », c’est-à-dire avec les moyens du bord, s’agissant semble-t-il des deux instruments de base des mâles Homo Sapiens du XXème siècle. Le XXIème siècle verra-t-il l’avènement d’expressions à base de « bite et téléphone » ou « bite et écran » ? La perche était tendue et donc facile à saisir, et sans allusion griveleuse, pardon graveleuse, à une quelconque actualité politico-grivoise !

 

 

Bon pour finir sur une note plus chaste, et parce que rire est bon pour le système immunitaire, une petite devinette :

– Savez-vous ce qu’est un canif ?!

– Un petit couteau ?

– Non, un p’tit fien.