Chronique

Quand c’est trop…

Alors que les initiatives pour la protection de l’environnement bourgeonnent à Hong-Kong, nous avons rencontré Tania et Naveet, les co-fondatrices de Bakbamboo, une startup dédiée à la lutte contre le plastique à usage unique dans le secteur de l’hôtellerie. 

Par Stéphanie Delacroix

 

Quand c’est trop…

C’est ce que l’on ressent entre autres quand on est acrophobe, mais aussi quand on se lève trop vite, quand on perd l’équilibre, quand on pensait que ça allait dans l’autre sens, quand c’est trop beau, quand ça va trop vite ou qu’on ne comprend plus ! Ça fait tourner la tête, tourner : versare en latin, qui a donné verso, vertigo…le vertige.

 

Un exemple ?

1.000.000.000, 1 milliard si vous préférez. C’est-à-dire 1.000 millions. 

1.000 x 1.000 x 1.000

Sans repère, c’est trop non ?!

 

1.000.000.000 de secondes ? C’était quand il y a 1 milliard de secondes ? Y’a longtemps ? Très longtemps ? Pas si longtemps que ça, c’était la chute du mur de Berlin (au moment où j’écris, et quelques jours après pour vous (une semaine c’est 604 800 secondes).

1.000.000.000 de minutes ? Au moment de la construction du Colisée à Rome (sans Piaggios ni Pizzas ni perche à selfies).

1.000.000.000 d’heures ? Les premiers Homo Sapiens partent d’Afrique explorer le monde (sans Piaggios ni Pizzas ni Instagram).

1.000.000.000 de jours ? Le début de l’âge de pierre (sans majuscule sinon c’est qu’on est dans un film d’Alain Chabat (1)).

1.000.000.000 d’années ? L’apparition des premiers organismes pluricellulaires aka nos arrière grands parents selon la théorie anthropologique du DACU (Dernier Ancêtre Commun Universel) ou LUCA en anglais (Last Universal Common Ancestor).

1.000.000.000 d’animaux ? Le nombre d’animaux abattus (pour 99 % d’entre eux après une vie de souffrance et de peur) chaque SEMAINE pour le plaisir gustatif optionnel d’Homo Sapiens omnivores (qui peuvent mais n’ont donc – puisqu’ils peuvent manger de tout – pas besoin de manger des produits d’origine animale) détruisant ce faisant la seule planète sur laquelle ils peuvent survivre (2).

De quoi assurément provoquer un étourdissement passager, donner le vertige.

 

Parmi les (autres) causes du vertige on trouve :

L’acrophobie (du grec acro : pic, hauteur, sommet phobia : peur) :

« Allez-y sans moi j’ai le vertige », Sophie à chaque fois qu’il y’a une tour à visiter.

 

Un trop plein d’émotions ou de beauté artistique (syndrome de Stendhal ou décompensation psychiatrique aigüe bénigne) :

« J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux-Arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j’avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber. » (Stendhal 1826). Syndrome dont Sacha Guitry a trouvé le remède :

« Quand une œuvre d’art vous donne le vertige, souvenez-vous que ce qui donne le mieux le vertige, c’est le vide. »

 

Des problèmes d’oreille interne (nerfs, cristaux etc.)

L’ivresse ou l’abus d’autres substances qui peuvent aussi contribuer à la création artistique poétique, ou musicale dont certains exemples peuvent ou non se trouver dans les citations ci-dessous.

La notion de vertige est un bon matériel à métaphores et images en tout genre, d’usage répandu chez de grands auteurs, réalisateurs (le fameux Dolly Zoom, Hitchcock shot, Vertigo shot…), philosophes et aussi…Bashung et Bono.

C’est effectivement un point commun peu commun entre Milan Kundera, Sören Kierkegaard, U2 et Bashung. 

 

Je vous laisse rendre à César ce qui appartient à Alain :

« J’aurais pas dû ouvrir à la rouquine carmélite La mère sup’ m’a vu venir, dieu avait mis un kilt, y’a dû y’avoir des fuites, vertige de l’amour (3) »,

« L’angoisse est le vertige de la liberté (4) », 

« Une fille avec des ongles écarlates et Jésus autour du cou (5) », 

« Le vertige est autre chose que la peur de tomber. C’est la voix du vide au-dessous de nous qui nous tente et nous attire, c’est l’envie de tomber, contre laquelle, terrifiés, nous nous défendons (6) ».

 

  1. RRRrrr!!! La comédie préhistorique de 2004 de et avec Alain Chabat, les Robins des Bois et Gerard Depardieu.
  2. L’élevage utilise 83 % des terres agricoles – 40 % de la surface terrestre émergée – pour fournir seulement 18 % des calories et 37 % des protéines consommées par les humains. L’élevage est incontestablement – vérifiez ! – la première source de pollution au dioxyde de carbone et au méthane, loin devant les transports. Sans parler des 13 500 litres d’eau nécessaires pour produire 1 kg de vache, c’est dix fois plus en moyenne et grosso modo pour le même poids de céréales.
  3. Bashung / Bergman 1981
  4. Kierkegarad 1844
  5. « girl with crimson nails has Jesus around her neck », Vertigo, U2. 2004
  6. « vertigo is something other than fear of falling. It is the voice of the emptiness below us which tempts and lures us, it is the desire to fall, against which, terrified, we defend ourselves » Milan Kundera