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Bonjour Séoul

Il y a 14 ans, je partageais un bureau avec un collègue, le genre de collègue avec qui tu peux chanter : « aaaaalllleeeezzzz viens boire un petit coup à la maison » devant un fichier Excel sans avoir bu une goutte d’alcool, faut-il le préciser. Ce collègue devenu ami m’avait parlé de sa sœur qui vivait à Séoul et dans ma tête, je me souviens avoir pensé « la pauvre ».  A cette époque, j’étais très « Paris ». Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et aujourd’hui, c’est nous qui vivons à Séoul. 

Par Perrine Tavernier

Ce n’est pas notre première expatriation et on avait en tête les démarrages dans un nouveau pays qui peuvent être compliqués en famille (il y a des galères qu’on n’oublie pas…). Donc j’ai déroulé les règles du « comment survivre dans un appart-hôtel avec 2 enfants » à savoir :

1/ Être proche de l’école des enfants ou d’un arrêt du school bus

2/ Avoir un grand supermarché à proximité

3/ Être a moins de 10 min à pied du métro

4/ Prendre les trottinettes !

Par l’opération du Saint Esprit, on a coché toutes les cases et le samedi 8 octobre nous avons posé nos pieds à Séoul dans le quartier de Yongsan.

Auparavant, lorsqu’une expatriation se dessinait, nous avions la possibilité de faire « un voyage de reconnaissance ». 

Mais nous vivions à Hong-Kong où les quarantaines COVID avaient atteint trois semaines en chambre d’hôtel à chaque retour sur le territoire donc, le voyage de reconnaissance on se l’est tamponné au coquillard avec une pelle à gâteau. On avait donc jamais mis les pieds en Corée du Sud avant d’arriver…

Et j’avoue que lorsque mon mari m’a parlé de la Corée du Sud pour notre prochaine expatriation, je me suis demandé ce qu’il avait fait pour qu’on lui propose d’aller là-bas. 

A Hong-Kong, on a traversé des périodes plus ou moins houleuses mais c’était le soleil, la plage, les barbecues… On vivait en short presque toute l’année donc l’hiver coréen très peu pour moi.

En toute sincérité, je n’avais que peu d’attrait pour ce pays dont je ne connais rien. Je me suis mise à parler aux personnes qui vivaient en Corée du Sud ou qui y avaient vécu et automatiquement sur leur visage, un sourire s’affichait, celui d’un bonheur paisible avec un attachement certain pour ce pays qui ne laisse pas indiffèrent.

Alors, on s’est lancé.

Les gens qui n’habitent pas en Corée du Sud nous avaient dit que nous aurions froid en arrivant en octobre et ceux qui y vivent nous disaient que nous n’aurions pas froid. Verdict : on s’est gelé comme jamais à notre arrivée. Il faut dire que les températures avoisinaient les 5 degrés ce qui étaient particulièrement bas pour la saison… Arrivant de Hong-Kong en 4 heures de vol, on a perdu 22 degrés et je me suis repris dans la tête tout ce que je détestais à Paris : des bouchons à perte de vue dans Séoul, être frigorifié dehors et crever de chaud dès qu’on entre dans un magasin, et l’électricité statique… On a presque peur de s’embrasser le soir quand mon mari rentre. 

Bref, les premiers jours, alors que les températures étaient remontées, nous étions les seuls en doudoune dans la rue et je continuais à remplir mon rapport d’étonnement sur ce pays que je découvrais au jour le jour.

S’il y a bien quelque chose qui m’a surprise á Séoul, ce sont les petites musiques qu’il y a partout : une petite musique quand une voiture sort d’un parking, une petite musique quand le métro arrive « talatalatala tala tala tala… », même mon lave-linge fait une petite musique au démarrage. En revanche, dans le métro personne ne parle mais personne ! Je passe sur les noms coréens tous en « ong » ou en « han » impossible à retenir, je marmonne un pathétique « agnaMASÉO » signifiant bonjour et un « comssaMIDA » pour merci en insistant bien sur la fin des mots dont je suis sûre… 

Quant au fait de ne pas pouvoir lire, j’avais sous-estimé la difficulté en étant un peu trop sûre de moi avec les applications de traduction mais c’est usant de devoir constamment tout traduire pour comprendre approximativement ce que tu cherches. Ainsi, mes premières courses au supermarché ont été à n’en point douter les plus inefficaces de ma vie. Tout est compliqué, même le taux de change pour convertir les prix ne se fait pas de tête.

Les jours passent et je me surprends à ne plus mettre de doudoune et à sortir en pull de temps en temps.

Sillonner les quartiers de Séoul me fait prendre conscience de l’immensité de la ville à laquelle je m’attache peu à peu. 

Tout n’est pas simple c’est vrai, mais je ne sais pas pourquoi, je crois qu’on sera bien à Séoul.


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Artiste : Malik Djoudi Titre : Point sensible