Economie

Affaires à suivre : du nouveau côté FinTech ?

L’une des chroniques « Affaires à suivre » de cette année s’était concentrée sur un sujet aussi intéressant que tendance: les FinTechs, cette industrie des services financiers propulsée par la technologie et qui impressionne tant pour son remarquable dynamisme que pour l’intérêt qu’elle suscite auprès des autorités de la région, notamment à Hong-Kong et Singapour. Or, depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et de nouveaux développements ont fait couler de l’encre. Alors en novembre, dans « Affaires à suivre », on suit les affaires.

 

Par Dr Antoine Martin*

Souvenez-vous. Dans Trait d’Union, au mois d’avril, on soulignait le dynamisme de la région en matière de services financiers propulsés par des technologies toujours plus innovantes. On parlait, aussi, d’une dynamique régionale forte et entraînante par laquelle « diverses juridictions, Hong-Kong en tête, mais aussi Singapour, le Canada, la Malaisie ou encore l’Australie » mettaient en place « des cadres opérationnels afin de faciliter le développement de ces acteurs économiques ».

Au niveau de Hong-Kong, on parlait bien sûr des efforts de Invest HK pour attirer des entrepreneurs FinTech du monde entier, mais aussi d’un fond de milliards (HKD) destiné à promouvoir la ville comme un tremplin FinTech, ou encore du Smart-Space FinTech de Cyberport qui ouvrait, aux startups du secteur, un espace de plus de 3.000 m² et leur donnait accès à tout un écosystème pour se développer.

Mais depuis, il y a eu du nouveau. Le Hong-Kong Financial Services Development Council (FSDC, pour les intimes), qui agit comme un forum de représentation de l’industrie des services financiers de la ville, a fait quelques vagues. Pendant l’été, en effet, le FSDC publiait un rapport sur le futur de l’industrie FinTech de Hong-Kong. Dans la foulée, le secteur financier s’agitait, soulignant que selon le rapport, Hong-Kong était excellente en “Fin”, mais mauvaise en “Tech”. 

 

Quel dommage!

Après lecture consciencieuse, les soixante-dix pages du rapport “The Future of FinTech in Hong-Kong” ne pointent pas vers les faiblesses de la ville. Le rapport est un document de travail insistant sur ses forces et sur son potentiel en matière de développement.

Ce rapport parle de concurrents, de forces, de possibilités, positionne Hong-Kong au milieu des autres places financières. Il évoque des priorités, suggère des voies à suivre, désigne l’avenir des industries de la cybersécurité, des RegTech – ou comment utiliser la technologie pour faciliter le travail des acteurs bancaires en matière de compliance (KYC) et de lutte contre le blanchiment d’argent (AML).

Au risque de sembler pratique, concret et terre-à-terre, en anglais et dans le monde des affaires on parlerait donc d’un business plan formulé autour d’une étude de “Strengths, Weaknesses, Opportunities, and Threats”. Ce que les experts appellent plus communément un SWAT, en fait.

Et pourtant, l’idée n’a pas semblé plus pertinente que cela. Oui, le rapport mentionne des faiblesses. Parce que c’est le jeu … comme on dit. Mais non, là n’est pas la question. L’idée que l’on a retenue était qu’Hong-Kong est mauvaise en “Tech”, et c’est bien dommage car cette idée est à côté de la plaque. « Please excuse my French ».

 

Reste à savoir ce que deviendra ce rapport.

Evidemment, cet effort fait par le FSDC est en totale continuité avec les différentes politiques publiques conduites par le gouvernement local depuis quelques années et avec la dynamique FinTech lancée et entretenue au fur et à mesure des Policy Address – celui du mois d’octobre 2017 inclus, cela dit en passant.

Pour autant, le rapport porte la voix de l’industrie bancaire et financière et a fait froncer quelques sourcils auprès du régulateur, pour qui les cadres réglementaires de type “sandbox” – où comment laisser les enfants jouer dans le bac à sable tout en les surveillant de loin – représente nécessairement un danger potentiel.

 

Donc ? Affaire à suivre!

* Universitaire (The Chinese University of Hong-Kong) spécialiste des sujets de mondialisation et de négociations commerciales internationales, Antoine Martin dirige par ailleurs ‘The Asia-Pacific Circle’, un groupe de réflexion spécialisé dans le suivi des tendances touchant la région Asie-Pacifique. Pour plus d’informations: www.asiapacificcircle.org