Vanessa Franklin : Un pont entre les mondes
Jusqu’au 8 juin prochain, la galerie Boogie Woogie Photography, située sur Wong Chuck Hang Road, met en lumière l’exposition « Hong Kong to Paris », une fascinante exploration visuelle qui unit deux cultures à travers l’œil de Vanessa Franklin. Galeriste renommée, cette photographe française a décidé de réunir deux artistes pourtant bien différents : Raymond Cauchetier et Rémi de Laquintane. Rencontre avec une artiste inspirée et déterminée.
Par Mathilde Uhlen

« Certaines choses sont universelles. Au travers des âges, on retrouve des thématiques, des sensibilités qui peuvent se rejoindre. » Vanessa Franklin est une femme de contrastes. En entrant dans son studio, on est immédiatement frappé par le décor anachronique. Des meubles du 18e siècle côtoient des œuvres contemporaines. Relier le passé et le présent, relier l’Orient et l’Occident : voilà comment Vanessa envisage son art. C’est cette vision qui l’a poussée à exposer deux photographes français ayant un lien fort avec l’Asie : Raymond Cauchetier et Rémi de Laquintane. Cauchetier, icône de la Nouvelle Vague française, est célèbre pour ses clichés qui capturent l’essence d’une Asie d’après-guerre et de Paris dans les années 1950 et 1960. De son côté, Laquintane adopte une approche plus contemporaine, explorant des thèmes liés au voyage et à la spiritualité. Son aventure en train de Hong Kong à Paris, réalisée l’an dernier, invite à apprécier des instants de solitude et de méditation à travers des paysages en mutation.
« Près d’un siècle les sépare, mais ils ont une sensibilité commune, » explique Vanessa. « Ils partagent un goût pour l’aventure. » Voilà peut-être ce qui l’a particulièrement touchée.
Diplômée de la célèbre école d’art des Gobelins à Paris, Vanessa Franklin a commencé sa carrière à Londres avant de s’envoler pour le Japon, puis de poser ses valises à Hong Kong. Ce parcours lui a permis d’enrichir sa vision de la photographie. « Elle rapproche les artistes et les publics. »
En parlant de public, la galeriste a observé des différences frappantes dans la manière dont les spectateurs asiatiques et européens perçoivent les œuvres.
« Les spectateurs sont souvent plus réceptifs aux images de leur propre histoire. Un Français sera plus sensible aux photos de Paris de Cauchetier, tandis qu’un Hongkongais préférera sans doute le périple asiatique en train de Laquintane. »

Des sensibilités différentes
Vanessa constate avec beaucoup d’intérêt les différences de perception de la photographie sur les deux continents. Par exemple, elle a photographié une mannequin dont le corps était entravé de cordes. Un thème audacieux qui à ses yeux trouverait un écho plus favorable en Asie qu’en France, où le mouvement #METOO a changé la donne. « Ce manque de liberté artistique est frustrant ! À cause du rejet de la femme objet, une fille nue ligotée ne peut pas vraiment être affichée au Grand Palais. » Cette impression l’a poussée à envisager une exposition provocante pour janvier prochain, mettant en avant des photos audacieuses, à l’image de celles de Guy Bourdin, qui l’ont fait grandir et donné l’envie de devenir photographe.
Vanessa va plus loin : « En France, avec le mouvement féministe, les artistes femmes sont souvent beaucoup plus mises en avant. Des femmes, des femmes, des femmes, voilà ce qui marche. Ici, à Hong Kong, c’est l’artiste qui prime. Une belle photo est une belle photo, peu importe qui l’a faite. »
Un trait d’union entre deux cultures
L’exposition « Hong Kong to Paris » s’inscrit dans le cadre du French May, un festival qui célèbre la culture française à Hong Kong. Vanessa Franklin espère que cet événement créera des ponts entre ces deux mondes, permettant des échanges riches et variés. Elle souhaite que cette exposition soit une occasion de dialogue, où chaque image apporte une nouvelle perspective sur des histoires partagées.

En réunissant ces artistes, Vanessa
Franklin ne se contente pas de présenter des œuvres ; elle crée un espace de dialogue où chaque image offre une nouvelle perspective sur des histoires partagées. Cette initiative souligne l’importance de l’art pour favoriser la compréhension entre les cultures.
Dans un monde de plus en plus connecté, son travail rappelle combien il est essentiel d’explorer les différences et les points communs qui nous unissent.
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Boogie Woogie Photography
8/F, E-Wah Factory Building 56-60 Wong Chuk Hang Road, Aberdeen
Email pour les visites : vanessa.franklin@bewephoto.com
Retrouvez l’interview de Remi de Laquintane ICI