Thaïlande : Voyage au nord de la péninsule malaise (Parti 1)

De Hua Hin, en Thaïlande, à Singapour, la péninsule malaise est un long appendice partagé par quatre nations : la Birmanie et la Thaïlande au nord, la Malaisie occidentale et Singapour, au sud. La partie thaïlandaise comporte elle-même deux régions distinctes. La partie septentrionale, sépare le Myanmar à l’ouest, de la Thaïlande à l’est. Il s’agit du lieu le plus resserré de l’isthme. Dans sa moitié basse, la bande de terre s’élargit entre la mer d’Andaman et le golfe de Thaïlande. Cette vaste région méridionale du pays a une population largement islamisée, politiquement instable au niveau de la frontière malaise.

Par Christian Sorand

Cet article s’intéresses aux deux provinces thaïlandaises situées au nord de la péninsule : celles de Phetchaburi et de Prachuap Khiri Khan. Une étroite langue de terre bordée d’un côté par la frontière birmane, de l’autre par la côte du golfe de Thaïlande. Hormis la station balnéaire touristique de Hua Hin, au nord-est, rares sont les étrangers qui visitent cette région. En revanche, les Thaïs sont accoutumés à l’extraordinaire richesse écologique et culturelle de région.

La péninsule malaise est traversée par une épine dorsale séparant la Thaïlande du Myanmar. Le paysage offre alors trois zones topographiques distinctes. La chaîne des montagnes centrales possède un grand nombre de sources d’eau chaude témoignant d’une forte activité volcanique souterraine. La forêt tropicale domine. La plaine centrale recèle un grand nombre de parcs nationaux, parmi les plus atypiques du pays. Quant à la côte, une végétation luxuriante s’y épanouit, frangée de longues plages de sable fin, exemptées – fort heureusement – du grand tourisme international.

Le thème du voyage proposé ici repose sur la diversité écologique tropicale de cette zone. Débutant au nord, ce périple nous conduira au sud de la ville balnéaire de Prachuap Khiri Khan qui a déjà fait l’objet d’un article précédent(1).

Une chaîne continue de parcs nationaux.

Le parc national maritime de Khao Sam Roi Yot , (“le parc aux 300 pics”) se trouve au sud de Pranburi. Jouxtant des montagnes, des lacs et des marais abritent une réserve animalière, paradis des oiseaux. Le centre d’accueil du parc est situé à l’extrémité sud. Il présente les richesses géologiques, animales et végétales du coin. Les droits d’entrée se règlent ici. En Thaïlande, les “Farangs” (les étrangers) sont taxés plus que les locaux, même en étant des résidents permanents ! Mais

l’intérêt de de cet endroit est aussi d’offrir une belle promenade au cœur de la mangrove. le long d’une passerelle en bois. On y croise en particulier quelques beaux spécimens de volatiles. Des colonies de singes peuplent la partie rocheuse du parc, surtout aux environs du temple bouddhiste de Wat Don Yai Nu. De plus, à partir de ce même endroit, on peut faire une promenade en bateau sur les canaux. La plage de Sam Phraya Beach a été aménagée sur la côte. Il est rare d’y voir des baigneurs. À vrai dire, les Thaïs, comme tous les Asiatiques, fuient le soleil des tropiques ! Khao Sam Roi est véritablement un lieu magique : Phraya Nakhon Cave, est l’un des sites-phares du pays. À l’intérieur d’une immense grotte karstique se trouve un pavillon royal. Selon les moments du jour, et en fonction du temps, la lumière filtre au travers d’un trou béant sous la voûte.

Avis aux photographes ! Mais il faut être également un bon marcheur, muni de chaussures appropriées, pour découvrir cet endroit exception- nel à flanc de rocher. En outre, de l’autre côté des versants montagneux, il existe un autre lieu unique : le lac aux lotus [Baeng Bua]. Ce site nécessite de faire un détour conséquent. Mais, une longue promenade sur les planches d’un marais d’eau douce vous entraîne dans un univers naturel ornithologique d’une rare beauté.

Longeant la frontière du Myanmar, Kaeng Krachan National Park est la plus grande réserve naturelle du pays s’étalant autour d’une immense retenue d’eau artificielle. Montagnes, forêts tropicales et activités aquatiques diverses font de ce parc un lieu privilégié pour campeurs et randonneurs.

Un peu plus au sud, toujours le long de la frontière, se trouve le parc national de Kui Buri, une réserve naturelle d’éléphants sauvages. C’est le seul endroit en Asie du Sud-Est où il est possible d’effectuer un safari. Les rangers du parc sont équipés de véhicules permettant d’observer les pachydermes, plutôt en fin de journée ou même nuit.

  Enfin, au niveau d’un rétrécissement, à proximité de Prachuap Kiri Khan, il y a un autre petit parc attrayant : Namtok Huai Yang National Park. À l’ombre d’une magnifique forêt abritant le centre d’accueil, une promenade pédestre balisée longe un cours d’eau dévalant en cascade de la montagne.

Des sites historiques et culturels peu connus.

En 2020, dans les montagnes de Sam Rot Yot, on a découvert des peintures rupestres vieilles de 3,000 ans. Outre le fait que cette partie du

pays a une vieille histoire, deux souverains siamois ont particulièrement marqué cette région au XIXe siècle : il s’agit du roi Mongkut et de son fils, le roi Chulalongkorn.

Mongkut (1804-1868), l’un des ancêtres de la famille royale actuelle de la dynastie des Chakri, a régné sous le titre de Rama IV. Il a été celui qui a entrepris de moderniser le Siam. Mais c’était aussi un astronome renommé. En 1868, il avait calculé avec précision la date d’une importante éclipse solaire. Il avait donc invité une équipe de scientifiques et d’astronomes français pour observer cette éclipse solaire à Sam Rot Yot, le 18 août 1868. Malgré la précision de ses calculs, le roi avait négligé la présence des moustiques infectant les marais du parc. Six semaines plus tard, le roi Mongkut mourait de la malaria. Fort heureusement, son fils, le roi Chulalongkorn (1853-1910), Rama V, survécut à cette tragédie.

La ville et la province de Phetchaburi(2) étaient à cette époque des lieux de résidences royales. Phetchaburi est une des villes du pays qui compte le plus d’édifices religieux. Wat Mahathat Worawihan est un monument massif comportant cinq “prongs”(3). Rama IV avait fait édifier une résidence royale au sud de la ville : Kao Wang (“le palais de la Colline”). Elle est entourée de forêts peuplées de singes et parsemée de chedis de style srilankais. On accède au site aujourd’hui par un funiculaire. À Phethchaburi toujours, son fils, Rama V, avait commandité une résidence royale d’été : Ban Ruen Palace, dans le style Art Nouveau et confiée à l’architecte allemand, Karl Döhring. Quant au pavillon royal de Phraya Nakhon Cave, il a été édifié en 1890 pour la visite du roi Rama V.

L’exubérante côte du golfe de Thaïlande.

La ville célèbre de Hua Hin possède une longue plage de sable fin, prisée par les touristes. Mais plus au sud, la côte du golfe de Thaïlande reste encore sauvage et conserve une authenticité connue seulement des Thaïlandais. Elle se fait discrète comparé à d’autres lieux plus connus, comme Koh Samui, Krabi ou Phuket.

La région de Pranburi ne manque ni d’infrastructures hôtelières, ni de charme. Elle a l’avantage de conserver une ambiance locale bon enfant. Aux alentours de l’estuaire du fleuve Pran Buri, la nature et les plages sont magnifiques. Il existe le beau panorama de Chao Kalek près d’un temple chinois surplombant les méandres du fleuve, juste avant son embouchure. Pranburi Beach est l’une des plus belles plages de cette côte, bien connue des Thaïs. Cocotiers et mangroves font partie du décor; et en Thaïlande, il est toujours aisé de trouver un lieu où se restaurer et y passer la nuit.

Enfin, sur la côte sud de Prachuap Khiri Khan, le parc national maritime peut se targuer aussi d’une belle plage. On y trouve surtout un aquarium intéressant (Waghor Aquarium) consacré à la faune et à la flore marine du golfe de Thaïlande. Ce parc est dédié aux rois Rama IV et Rama V qui ont influé les sciences occidentales, modernisant ainsi le pays. Cet article concernant la zone nord de la péninsule malaise est destiné à ceux qui cherchent encore à découvrir le charme et les beautés naturelles de ce beau pays. Espérons, malgré tout, que cette région restera encore longtemps à l’écart des grands flux touristiques. Pour les voyageurs qui aiment encore l’authenticité, ces deux provinces thaïlandaises ne manqueront pas d’être une jolie découverte au cœur du pays des sourires.

(1) Prachuap Khiri Khan, Trait d’Union Magazine, mai 2023

(2) Buri est un terme thaïlandais signifiant “ville”.

(3) Wat, signifie “temple”; un “prong” est la fourche qui termine le “chedi” (le stupa) d’un temple ; quant au chiffre cinq, c’est un nombre sacré du bouddhisme.

LIENS :

wikipedia

https://www.thainationalparks.com
https://www.tourismthailand.org
https://www.renown-travel.com/daytripshuahin/phraya-nakhon- cave.html