Chronique

Sur ma rampe de lancement !

On y est, le départ pour les vacances d’été approche et je n’arrive pas à y croire. C’est comme si je ne m’autorisais pas à y penser, que je ne m’autorisais pas à le réaliser de peur que le depart ne se fasse pas. J’ai besoin d’atterrir à Charles de Gaulle pour réaliser…

Par Perrine Tavernier

Mes habitudes de vacances d’été reviennent malgré tout : rangement de l’appartement, tri des affaires, dépoussiérage des valises (ça c’est nouveau !).

Et on s’est ficelé un programme pour voir toutes les personnes que nous n’avons pas vu depuis presque 3 ans. J’avoue m’avoir endurci sur un volet et non des moindres. Nous ne ferons pas le marathon des trajets sans fin pour voir tout le monde, c’est terminé. J’ai dit adieu à la culpabilité de ne pas voir ceux qui nous disent :« vous allez venir nous voir » mais qui ne sont pas capable de faire 20 min de voiture pour se déplacer.

Nous, on aura 10 000 km dans les pattes soit 12 heures de vol avec un regard d’épagneul breton assuré à l’arrivée compte tenu des 6 heures de décalage horaire… Et encore, les 12 heures de vol ne sont qu’une utopie ou un coup de chance entre Hong-Kong et Paris parce que maintenant, les compagnies aériennes se font rares pour les vols directs confirmés et qu’il faut en plus contourner l’espace aérien Russe.

Alors pendant les vacances en France, on va s’installer dans différentes régions et ceux qui voudront nous voir feront les 20 min de voiture.

Nos valises sont un peu particulières aussi cette année car la seule chose dont je suis sûre pour ces vacances est la date de notre départ. En revanche, pour le retour c’est plus compliqué. Hong-Kong est imprévisible, les décisions sont irrationnelles, les situations anachroniques et tout peut arriver.

Avec le changement de gouvernement Hong-Kongais, certains espèrent une quarantaine à domicile en guise de « welcome gift » de la part du nouveau gouverneur (vous noterez la teneur du cadeau…).
En étant réaliste, je ne sais rien de ce qui se peut passer.

Je n’ai jamais expérimenté un départ sans savoir si le retour prévu est possible. C’est quand même franchement spécial. Alors, au cas où le séjour se prolongerait, je prévois d’emporter ce qui compte.

Il n’y aura pas de limitation sur le nombre de doudous à mettre dans les valises des garçons, leurs jouets préférés feront le voyage ainsi que nos albums photos et nos sets de table.

Dans les moments les plus sombres à Hong-Kong, on a fait ce travail d’introspection : si nous devions partir et tout laisser qu’est-ce qu’on emporterait dans nos valises ? Les doudous, les jouets, les albums et les sets de table que nous utilisons chaque matin. Ils signent le démarrage de chaque journée et nos moments tous les quatre, ensemble.
Alors on s’en va avec nos sets de table et on verra !

Il m’arrive parfois de me perdre dans mes pensées, de me demander ce qu’on va se dire avec nos familles après tout ce temps.
On ne s’expatrie pas par hasard.
L’expatriation est souvent la réponse consciente ou inconsciente d’un besoin, celui de se libérer de son environnement et, parfois même, de ses proches.

Je ne sais pas ce que l’on va se dire, c’est vrai mais j’ai bien l’intention de me gorger de ses odeurs d’enfance dans la maison de mes parents, de cueillir des pâquerettes dans leur jardin pour en faire un collier avec mes fils.

On ira en Vendée, seul endroit au monde (avec la Bretagne) où l’on va à la plage en pull en été, faut-il le préciser. On va même pouvoir manger de glaces qui ne vont pas fondre à toute vitesse.

Dans notre périple français, on a prévu un séjour à Paris pour faire découvrir la ville à nos fils. Ville où notre petit dernier est né mais qu’il a très peu connu au point de nous dire « Macao » lorsqu’il voit la Tour Eiffel. La première fois, j’ai cru mal entendre mais lorsqu’il m’a parlé de Ocean Park en voyant les fontaines du Trocadéro, alors là, la visite de Paris en mode touriste est passée au rang d’existentielle pendant nos vacances.

J’ai même écrit au musée du Louvre pour m’assurer que Petit Noun* était bien présent dans les salles. Alors cet été, vous nous croiserez peut-être au rez-de-chaussée de Sully salle 336.
Bonnes vacances !

* Petit Noun – L’hippopotame bleu des bords du Nil , Éditions Élan vert
Fiction réalisée à partir d’un hippopotame en faïence retrouvée à Dra Aboul el-NAGA dans la tombe d’Antef, XI° dynastie (vers 2016-1963 av.J-C).

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Artiste : Béesau
Album : Station balnéaire Titre : Costa