Retour aux sources
C’est dans un univers où se mêlent spiritualité et construction de soi que nous entraîne l’artiste française, basée à Hong-Kong, Françoise Lautier. Symboles de vie, ses œuvres montrent l’énergie du vent, la force des torrents, les drapeaux porteurs de désirs, de rêves mais aussi de prières vers une quête du bonheur. Propos recueillis par Catya Martin
–
Trait d’Union : Pourquoi cette exposition ?
Françoise Lautier : Après avoir été au Bouthan et peint deux premières toiles sous forme de mandalas il m’était impossible de m’arrêter de peindre, comme un torrent de montagne qui rebondit de pierres en pierres. La source d’inspiration et le désir d’expression ne se tarissaient pas. Bien au contraire ! Toujours du plaisir et le souhait constant de partager des émotions avec d’autres, avec un public connaissant l’Asie ou un public curieux de l’Himalaya.
Comment avez-vous sélectionné les œuvres présentées ?
Elles se sont sélectionnées presque d’elles mêmes par chronologie, un fil conducteur (mon histoire, mes émotions) se poursuit de toile en toile. Du cosmos au sous-sol minéral, de l’infiniment grand vers l’intime, du sacré vers le profane, des nuages ou du vent vers le « qi » profond et humain. L’énergie du vent, une goutte d’eau, le mouvement d’un drapé de moine, le flottement d’un drapeau de prières, tout cela vibre dans ma peinture. Tout cela affleure sur la palette des couleurs. Les oeuvres montrent le cosmos, le sacré, les étoiles mais aussi la terre, les arbres, la lumière. Et puis l’eau, le son d’une clochette, le bruit de l’eau qui ruisselle dans un sous-sol rouge et brun enrobant les racines des arbres de mandalas, d’atomes oranges et vivants. Une fusion de vie.
Pourriez-vous nous résumer l’humeur de cette exposition ?
L’humeur de cette collection de « graines et mandalas » est joyeuse, un hymne de vie, une bonne humeur intime en remerciement à la contemplation de la chaîne himalayenne. Cette expo même si elle explore l’intime est un hommage vibrant d’optimisme et de bonheur. J’ai envie de partager cette joie de respirer, de voir, de sentir, d’entendre dans cet univers grandiose que sont ces montagnes au printemps.
En quoi consiste une « quête du bonheur » ?
Une quête du bonheur ? C’est la conscience du présent. De l’environnement. Des êtres qui nous entourent. Des autres. Le contraire d’un repli sur soi-même si l’on ferme les yeux et que l’on semble se recueillir. C’est au contraire se mettre en disponibilité et puiser en soi le beau, le rêve, la force pour la distiller au fil de la vie et de ses épreuves. Je ne suis pas « béate »devant la montagne. La montagne, l’espace sont juste des supports à une écoute universelle. Méditer pour moi pourrait aussi se faire au fond d’un petit jardin, les pieds dans l’herbe, attentive aux bruits du sol comme aux sons extérieurs. Cette écoute si c’est une quête du bonheur passe par la couleur, par le toucher, par la caresse d’un pinceau ou la rage d’une éponge lorsque je n’arrive pas à peindre ce qu’il y a en moi. Et puis soudain de cette rage naît le brouillard, le vent, la poussière d’un Hutong en décembre à Pékin….
Du 10 au 16 juin : La galerie – 74 Hollywood Road, Central