L’Occitane une entreprise éco-responsable
Authenticité, sensorialité et respect sont les valeurs phares de la marque L’Occitane. Ayant toujours eu à cœur de mettre en application ces valeurs fondatrices, ce n’est pas récent pour L’Occitane d’utiliser les ressources et bienfaits de notre planète. Une seule usine pour le monde entier à Manosque, dans les Alpes de Haute-Provence, siège de la société, permet de garantir la qualité, de traçabilité et c’est aussi l’assurance d’être au plus près des producteurs.
Une charte de qualité régit l’ensemble de la compagnie avec le détail des produits utiliser ou pas. Pour Hélène Goetzelmann, directrice Spa international, il ne s’agit pas d’une initiative récente chez L’Occitane. Récemment cette action s’est structurée avec la mise en place d‘un département RSE (Responsabilité sociale de l’entreprise) au sein de la société. Toutes ces actions étaient présentes depuis toujours car faisant parties intégrantes de la marque. Respect pour le client mais aussi respect pour les employés, les fournisseurs et pour la planète. Rencontre avec Hélène Goetzelmann.
Propos recueillis par Catya Martin (avec Isabelle Chabrat)
Trait d’Union : Votre groupe est connu pour intégrer de nombreux ingrédients naturels dans ses formules. Comment êtes-vous impliqués dans le développement durable de ces ressources ? Sur quels critères sélectionnez-vous vos prestataires ?
Hélène Goetzelmann : Nos formules sont développées selon une charte de formulation rigoureuse dans le respect de l’homme et de l’environnement. Nous donnons la priorité aux ingrédients naturels. Plus de 300 ingrédients d’origine végétale sont utilisés, dont un quart sont biologiques. Ils sont intégrés dans nos formules au meilleur niveau de concentration. En 2016, 92 % des produits que nous avons lancés contenaient au moins 90 % d’ingrédients naturels.
Par ailleurs, nous avons à cœur de mettre en application les valeurs de la société dans la démarche d’approvisionnement en matières premières végétales. C’est dans cette optique que nous avons construit « Sustainable Communities », un ensemble de programmes d’accompagnement et de développement des filières du groupe qui vise une intégration complète des enjeux de la durabilité.
Comment faites-vous concrètement ?
Nous travaillons en lien direct sur le terrain avec nos producteurs à l’amélioration continue des filières. Nous collaborons avec 130 producteurs et plus de 10.000 cueilleurs, et disposons de 71 chaînes d’approvisionnement pour ces ingrédients naturels.
Nous accompagnons nos producteurs dans le développement de leur activité pour préserver les savoir-faire traditionnels, ceci plus particulièrement sur quatre cultures emblématiques de la marque :
• L’immortelle de Corse, la fleur éternelle qui ne se fane jamais, et dont la précieuse huile essentielle se trouve au cœur de nos formules anti-âge brevetées. Pour préserver la fleur sauvage, nous avons lancé nos propres cultures en 2004 – les 1ères cultures d’immortelle sur l’île de Beauté, et collaborons aujourd’hui avec plus de dix producteurs et distillateurs, avec qui nous avons signé des contrats allant de cinq à sept ans.
• La lavande, fleur emblématique de Provence : nous achetons tous les ans quatre tonnes de lavande fine, et sommes associés à plus de 20 producteurs. Nous finançons également un fond de protection de la lavande AOC de Haute-Provence.
• L’amande de Haute-Provence, une culture qui avait quasiment disparu du paysage provençal depuis les années 30, et que nous avons contribué à développer à nouveau, grâce au lancement de la gamme de soins corps à l’amande en 2004.
• Le karité, ingrédient phare de notre gamme de soins nourrissants. Traditionnellement connu comme étant « l’or des femmes » au Burkina Faso, le beurre de karité est uniquement produit par des femmes, leur assurant une source de revenus et une réelle indépendance financière. Nous travaillons aujourd’hui avec plus de 10.000 femmes dans le pays, et reversons 3 % du prix d’achat du beurre de Karité à un fond communautaire local.
Via la fondation L’Occitane, les femmes du Burkina Faso bénéficient aussi de cours d’alphabétisation, de microcrédits, et peuvent apprendre à produire leurs propre savons et produits au karité, pour les vendre sur les marchés locaux, dans une logique de co-développement et de transfert de savoir-faire.
L’huile de palme, responsable d’immenses dégâts liés à la déforestation, est beaucoup utilisée dans l’industrie cosmétique, comment gérez-vous cela ?
Nous n’achetons, ni n’utilisons directement l’huile de palme dans nos formules. En revanche, nos copeaux de savons et certains dérivés (comme les tensioactifs qui procurent à la formule ses propriétés moussantes) peuvent en contenir. Néanmoins, les volumes générés par notre activité sont très faibles au regard de la consommation mondiale sur tous les segments.
Nous sommes membres depuis 2011 de la RSPO (Roundtable for Sustainable Palm Oil), une association à but non lucratif qui réunit tous les acteurs de la filière de l’huile de palme. L’objectif : élaborer et mettre en place des critères internationaux pour la certification de l’huile de palme durable.
Par ailleurs, nous avons lancé en 2014 une démarche permettant d’identifier la présence de dérivés d’huile de palme dans l’ensemble de nos matières premières. D’ici 2020, nous mettons en place un plan d’actions afin que 100 % de ces matières premières soient certifiés RSPO selon les plus hauts niveaux de traçabilité.
Pour aller encore plus loin, nous travaillons sur la mise en place à long terme d’une filière d’huile de palme en Afrique de l’Ouest. Cette démarche nous permettra un approvisionnement direct, une plus grande maitrise de la traçabilité de la matière première et un meilleur contrôle des impacts environnementaux et sociaux.
Les changements climatiques ont-ils un impact sur votre approvisionnement de matières premières ?
Il est difficile d’avoir une vision globale pour le moment.
Néanmoins, nous pouvons déjà constater que la lavande fait face à des défis importants liés au changement climatique.
Dans cette option, et afin de sauvegarder ce fabuleux patrimoine, nous soutenons le fonds de dotation pour la lavande créé en 2012 par le CRIEPPAM *.
Présidé par Olivier Baussan, fondateur de L’Occitane, ce fonds a pour objectif de trouver des solutions écologiques pour préserver cette fleur à travers la recherche variétale et la production de plants sains, la mise au point de nouveaux itinéraires techniques de culture ou encore la recherche de méthodes préventives contre la cicadelle, un insecte vecteur de bactéries.
Quelles sont les actions concrètes que vous mettez en place localement au sein de vos réseaux de distribution ?
Pour réduire l’empreinte carbone, suite à un bilan effectué à Hong-Kong en 2016, les mesures mises en place portent sur une utilisation contrôlée de la climatisation dans les boutiques, l’utilisation prioritaire d’éclairage LED, moins consommateurs d’énergie, dans le design des boutiques ou encore la réduction de la fréquence de livraisons des produits entre l’entrepôt central et les boutiques, afin de réduire la quantité de transports locaux. De plus nous avons mis en place avec notre charte une section spécifique pour tout ce qui concerne les emballages plastique, interdisant l’utilisation de PVC ou de matériau plastique à l’impact écologique néfaste.
Concernant la logistique qui a naturellement une empreinte carbone élevée, au niveau mondial et local, quel type de mesures avez-vous mis en place pour la livraison de vos produits ?
En quatre ans, entre 2010 et 2014, nous avons diminué de 16 % l’empreinte carbone liée au transport de nos marchandises à l’international, et aujourd’hui, seuls 1.6 % de nos produits dans le monde (vs 5 % en 2010) sont transportés par air – dont on sait qu’il s’agit du mode de transport le plus polluant.
Pensez-vous que le marché hongkongais est aujourd’hui assez mature pour ce genre d’initiative ? Et qu’en est-il du marché chinois ?
Oui, la préoccupation écologique gagne du terrain en Asie, aussi bien à Hong-Kong qu’en Chine. Les répercussions de la pollution sur la vie quotidienne des gens, et ses impacts dramatiques sur la sante publique, sont aujourd’hui connus de tous.
La problématique à Hong-Kong est plutôt que le maillage logistique local ne s’est pas encore adapté : la livraison des produits à nos boutiques par véhicules électriques par ex – qui est courante en France – n’est pas encore possible ici, car aucun prestataire ne le propose. Mais l’évolution va se faire, car la société le demande.
Qui au sein du groupe est à l’origine de ces mesures ?
L’engagement en faveur de la protection de l’environnement est présent chez L’Occitane depuis les origines, lorsqu’Olivier Baussan a créé la marque en Provence il y a 40 ans. L’une de ses valeurs fondatrices, qui reste très présente aujourd’hui à tous les échelons du groupe, est le respect : respect pour nos clients, pour nos employés, mais aussi pour l’environnement. Cet engagement est porté par tous, et en premier lieu par notre président Reinold Geiger. Et nos efforts ont été récompensés par un « R-award » en décembre 2015, prix décerné par « l’association Génération Responsable » qui rassemble de nombreux acteurs du secteur de la distribution sélective, lors de la conférence COP 21.
*Centre Régional Interprofessionnel d’Expérimentation en Plantes à Parfum Aromatiques et Médicinales.