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LFI Action : « Information, transparence et concertation pour l’intérêt général du Lycée Français de Hong-Kong »

Créé spontanément en mars dernier par des parents d’élèves bénévoles en réaction au projet de décision de changement de statut du Lycée Français de Hong Kong,  le groupe LFI Action mène depuis des actions d’informations dans un esprit de dialogue, de transparence et dans l’intérêt général de l’ensemble de la communauté scolaire.

Convention ou partenariat? C’est la question dont dépend l’avenir du LFI et l’objet du débat organisé par LFI Action auquel plus de 200 personnes ont participé le 2 mai dernier.

Après avoir ouvert ses colonnes au conseil d’administration du Lycée par la voix de son Président, au Consul général de France à Hong-Kong et Macao, Trait d’Union a rencontré des membres fondateurs de LFI Action (Marie Faveur, Frédéric Lainé, Alexandre de Saint Léon).

Propos recueillis par Philippe Dova

Trait d’Union : Pourquoi LFI Action ?

LFI Action : LFI Action est né à la suite de la lettre publiée par des professeurs du Lycée Français le 12 mars dernier. Soucieux de transparence et d’information face à la volonté unilatérale du conseil d’administration du lycée  de changer le statut d’établissement « conventionné » au sein du réseau AEFE en établissement « partenaire » par un vote à huis clos, un certain nombre de parents se sont regroupés et ont créé LFI Action.

Qui êtes-vous et qui sont vos membres ?

La liste est trop longue pour citer chacun nominativement ! Nous sommes des parents volontaires animés par le désir d’une plus grande transparence dans les prises de décisions, soucieux de rétablir un dialogue entre tous les acteurs de notre école pour y promouvoir un fonctionnement apaisé pour le bien de notre communauté éducative dans toutes ses composantes.

Quelles ont été vos premières « actions » ?

Une pétition que nous avons lancée en ligne le 19 mars et qui, en moins de 48 heures a récolté près de 600 signatures.

Cette première action a permis à l’ensemble des parents d’obtenir un vote pendant l’assemblée générale du 23 mai prochain. Ensuite, nous avons créé le site www.lfiaction.com sur lequel nous publions, afin de permettre à chacun de se décider en toute connaissance de cause et sur la base d’une information équilibrée et objective,  la chronologie des événements ayant mené à la situation actuelle. Elle offre un référentiel central répertoriant les documents clés relatifs à la nouvelle Convention et au Partenariat.

Ces informations ne sont-elles pas redondantes avec la communication du conseil d’administration du lycée ?

De nombreuses démarches et webinares ont en effet été organisés par le conseil d’administration mais les informations et les invités étaient plutôt favorables au partenariat… L’objectif fondateur de LFI Action est d’informer l’ensemble de la communauté pour un vote réfléchi et responsable.

Vos actions ont-elles eu un impact auprès des membres du conseil d’administration ?

Il est certain qu’elles ont fait réagir !  Sans la pétition, la décision de changement de statut aurait déjà été prise par les seuls membres du conseil d’administration.

Nous avons également perçu des changements dans l’argumentation du conseil d’administration suite aux éclairages que nous avons pu donner sur certains éléments. En ce sens le dialogue, même indirect, a porté ses fruits.

Nous pourrions également parler des deux résolutions, déposées le 11 avril  qui auraient dû être débattues et votées lors de l’assemblée générale du 23 mai prochain.

C’est à dire ?

La  première de ces deux résolutions propose de voter la nouvelle convention durement négociée ; la seconde propose, en cas de vote pour le partenariat, de ne pas dénoncer la convention actuelle tant que l’association n’aura pas voté une réforme de la gouvernance, une vision du LFI et une lettre de mission pour l’équipe de transition.

Dans quel but ?

Dans le but de garder les garde-fous existants dans la convention le temps que la transition soit menée à son terme. Nous espérons que ces deux résolutions  pourront être débattues et votées à la majorité simple et non par un artifice juridique à la majorité qualifiée de 75%. Nous y travaillons.

Quid de la consultation électronique qui se déroulera du 13 au 15 mai ?

Le Conseil d’Administration le dit lui même dans son courriel : cette consultation électronique  ne s’inscrit pas dans un cadre légal…

En revanche, elle a une valeur politique puisque les parents et les candidats aux postes vacants du conseil d’administration seraient contraints par un vote organisé hors de l’assemblée générale et une valeur juridique car le conseil d’administration décidera, avalisera le résultat de la consultation lors de sa réunion du 16 mai. Or toute décision du conseil d’administration ne peut être annulée que par un vote en assemblée générale de 75% des voix…

Etes-vous inquiets quant à la transparence de cette consultation électronique ?

Aujourd’hui, nous sommes donc particulièrement vigilants à ce que cette consultation électronique se fasse avec un système de vote éprouvé et certifié par un organisme extérieur, en plus des résultats qui seront eux bien certifiés par un cabinet extérieur indépendant, ayant suffisamment d’expérience en ce domaine.

Par ailleurs, il est dommage que la date de divulgation du résultat de la consultation (le 16 mai) coïncide avec la date limite du dépôt de candidature à l’élection au conseil d’administration du LFI. Nous espérons que des candidats émergeront en l’espace d’une journée…

Que souhaitez-vous concrètement ?

Nous souhaitons informer les parents sur les enjeux c’est à dire les risques, les avantages et les inconvénients de la nouvelle convention ou du passage en partenariat.

Nous souhaitons également rééquilibrer la vision des choses qui n’est présentée par le conseil d’administration que sous l’angle unique des avantages d’un changement vers le partenariat.

Nous voudrions également que le conseil d’administration  revienne  au calendrier initial pour que les résolutions que nous avons déposées le 11 avril soient débattues dans leur esprit  originel et non perçues par ses membres comme des tactiques de notre part alors que nous ne sommes pas responsables des changements de dates.

Et si vous n’obtenez pas gain de cause ?

Nous pensons que les parents devraient par sagesse voter pour la nouvelle convention. Cela permettrait de renouer sereinement  le dialogue au sein de notre communauté.

Renouer le dialogue sereinement, vous l’avez fait le 2 mai dernier en initiant une réunion publique qui a réuni plus de deux cents participants…

Cette réunion était réclamée avec insistance par de nombreux parents souhaitant assister à un débat contradictoire entre les différentes parties prenantes dans le but de pouvoir se faire leur propre opinion.

Depuis le début de la « campagne » du conseil d’administration, de nombreuses informations erronées ou contradictoires circulent ce qui a comme conséquence de diviser la communauté…

Voilà pourquoi nous avons invité trois semaines avant le 2 mai, les  différents acteurs à venir s’exprimer dans un climat courtois et civilisé : les parents, les parents représentants et délégués, la direction de l’école et les adjoints pédagogiques, les associations représentant les Français de l’étranger, les conseillers consulaires, le Consul Général, le Coordonnateur régional de l’AEFE et bien évidemment le Conseil d’Administration.

Tous ont répondu présent à l’exception du conseil d’administration qui a refusé de participer au débat en déclinant l’invitation par la voix de son président Monsieur Brunet-Moret.

Ce dernier nous a par ailleurs notifié que les locaux de Blue Pool Road ne permettaient pas de réunion publique…

Malgré cela, malgré des ressources limitées et malgré un délai assez court, nous avons cependant réussi, grâce au soutien de la direction du LFI qui nous a ouvert ses locaux et à la mobilisation de certains d’entre, nous à organiser  cette réunion !

Les questions ont été réunies grâce au blog et aux parents représentants.
Une fois la date de la réunion confirmée, nous avons eu recours aux réseaux sociaux, au bouche à oreille et à notre site web pour prévenir le plus grand nombre possible de parents.

Ce refus de dialogue direct en face à face de la part du conseil d’administration et de son président est-il l’illustration d’un certain mépris et d’un manque de courage de leur part à l’égard de la communauté du LFI ?

Il appartient au président du conseil d’administration de répondre à cette question mais nous regrettons sincèrement qu’il ait refusé de participer à ce débat qui se voulait contradictoire. C’était une occasion unique pour lui et ses membres d’expliquer leur recommandation devant les parents, les professeurs, en présence de l’ensemble de la direction pédagogique de l’école, du Consul Général et de l’AEFE, partenaires du LFI depuis de nombreuses années.

Quelle conclusions  tirez-vous de ce débat ?

Que nous avons répondu à une soif d’information des parents que le conseil d’administration a peut-être sous-estimée lors des participations aux town halls et “consultations”. Que le sujet est complexe et toutes les parties concernées ont leur part de responsabilité dans la situation actuelle. Que notre communauté est capable d’une grande capacité de réflexion et d’innovation. Que nous devons aussi faire confiance au corps enseignant et administratif en lui donnant les moyens de réussir. Que la Gouvernance du Lycée date et que les statuts devraient être revus pour préparer le futur du Lycée sur de bonnes bases.

Finalement, mais nous le savions déjà, même si le LFI n’est pas parfait et qu’un travail important pour le rendre plus attractif reste à faire, la majorité des parents est fière du LFI .

Pensez-vous posséder suffisamment d’informations pour vous forger une opinion sur ce changement de statut prôné par le conseil d’administration ?

A ce stade, notre opinion est faite sur la voie la plus pertinente en l’état (partiel) des lieux et des défis identifiés. Il nous semble que, notamment dans un but d’apaisement, la voie la plus sage est celle prise par 13 des 14 lycées français en Asie depuis 2015 dans la même situation que nous, c’est-à-dire la signature de la nouvelle convention permettant de remplacer celle datant de 2006. Il nous semble, compte tenu de notre gouvernance, de nos statuts actuels et de la complexité de notre établissement dans  un contexte local particulier, que c’est la seule option permettant une évolution réfléchie et collective sur la stratégie à venir, tout en garantissant l’indépendance de l’équipe pédagogique.

C’est un point crucial pour l’intérêt de tous, car c’est cette équipe de professionnels de l’éducation qui a les compétences et la charge au quotidien de la mise en oeuvre de cette stratégie. Il semble nécessaire, aujourd’hui, d’évoluer dans un climat apaisé et de fédérer les énergies pour un avenir moins incertain.

Si des changements plus radicaux s’avéraient véritablement nécessaires rien ne nous empêcherait de le faire dans un deuxième temps. Cependant, nous devons garder en tête qu’un passage au partenariat est une voie de non retour, comme l’ont rappelé et expliqué le Consul Général et le responsable de l’AEFE le 2 mai dernier.

Et quels points  ne sont pas encore suffisamment clairs pour prendre une décision réfléchie ?

Nous n’avons malheureusement pas, une vision stratégique claire et guidant l’action de la part du conseil d’administration, mais simplement une liste de bonnes intentions : « une école qui innove, une école bienveillante, construite sur les atouts du LFI… ». Des intentions très louables mais malheureusement très vagues et qui, à l’exception de la nomination du proviseur par le conseil d’administration, ne nécessitent que très rarement un passage en partenariat pour être exécutées.

Un problème de méthode ?

Fondamentalement, nous pensons que la méthode employée par le conseil d’administration  est mauvaise: nous aurions dû commencer par définir cette vision collectivement dans un esprit de consensus ; elle aurait naturellement guidé nos choix en matière de gouvernance et de relation avec l’AEFE.

Aujourd’hui nous ne savons pas vers où le conseil d’administration souhaite nous mener.

Nous aurions également voulu connaître les raisons qui ont motivé l’arrêt des négociations avec l’AEFE. En effet, l’AEFE a fait de nombreux compromis, notamment sur les aspects relatifs à la situation locale et la politique des langues. Dès la rentrée prochaine, la section OIB pourra être accessible dès le primaire. Certes le processus peut être lent mais les institutions sont à l’écoute des parents.

Nous pouvons également penser que les parents auraient souhaité entendre les professeurs. Ceci étant dit, nous avons choisi de ne pas les exposer davantage au débat. Certains d’entre eux ont été très impliqués déjà par l’écriture de lettre ouverte et de déclaration de bonne entente.

Une chose est certaine, notre école est reconnue et les enfants y sont heureux. Choisir une relation plus distante avec l’AEFE de façon précipitée risque de remettre en cause l’équilibre actuel pour des bénéfices hasardeux…

Aujourd’hui que demandez-vous au conseil d’administration ?

De jouer son rôle de gestionnaire tout en respectant l’ensemble de la communauté avec une communication transparente sans outrepasser ses attributions.

D’être ouvert au fait que ce n’est pas le moment de forcer une décision mais plutôt de réunir la communauté derrière le lycée. Enfin, de travailler ensemble à une solution fédératrice qui réponde à l’intérêt général.

Quelles sont les prochaines étapes pour LFI Action ?

Nous allons continuer à informer les parents de façon factuelle et objective jusqu’aux votes. Mais nous prendrons aussi nos responsabilités.

Nous ne sommes a priori pas pro-convention ou anti-partenariat mais il nous semble que le débat n’a pas été posé de façon objective et neutre.

Nous respectons le fait que le conseil d’administration a longuement mûri son projet, mais il nous semble que le processus démocratique et le droit de réponse n’ont pas été respectés. Malgré nos moyens limités, nous continuerons donc d’agir pour les parents qui nous soutiennent et le bien fondé de la communauté.

Ces dernières semaines ont permis aux parents de mieux comprendre le fonctionnement de l’école et de s’y investir davantage. Nous espérons que ce mouvement se poursuivra dans l’intérêt du LFI et de chacun de nos enfants. Si des parents nous demandent d’accompagner ce mouvement et de le traduire en actes concrets nous les écouterons.

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Informations : www.lfiaction.com