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Les primeurs 2019

Poursuite de notre partenariat avec le leader des groupes de presse spécialisés dans le vin en France, Bettane+Desseauve. Ce mois-ci, Thierry Desseauve et Michel Bettane nous parlent des primeurs 2019.

 

2019 c’est Bordeaux qui gagne

Par Thierry Desseauve

Frais, mûr, dynamique, moins cher. Voici, de manière très synthétique, comment caractériser un millésime qui a fait l’objet d’une campagne ultra rapide et plutôt réussie. Ces quelques qualificatifs, nous sommes allés les chercher sur le terrain, en dégustant plusieurs fois des échantillons souvent changeants, toujours vivants, sensibles et expressifs.

Au final, ce portrait-robot dessine le beau visage d’un millésime 2019 qui restera dans les mémoires bordelaises comme celui du pendant classique d’un alter ego plus exubérant. Comme il y eut le classicisme des 2010 et 2016 répondant à la générosité des 2009 et 2015, il y aura l’équilibre des 2019 en contrepoint de la plénitude des 2018. La leçon principale est ailleurs.

On a tant et tant glosé sur les boring bordeaux, supposés « vins de nos parents » (donc, pour la plupart d’entre vous, « vins de nos grands-parents »), sévères et engoncés dans leur costume de chêne, qu’il est temps de s’apercevoir que beaucoup de ces 2019 garantissent avant tout à l’amateur une sacrée dose de plaisir et de d’allégresse.

Parfois à un tarif costaud, mais aussi, pour des dizaines de crus décrits dans les pages suivantes, à des prix très accessibles surtout si l’on considère que ces vins peuvent constituer longtemps des piliers de votre cave. Bordeaux n’est plus ennuyeux, c’est la plus importante leçon du millésime 2019.

Nos 2019 vus de près

Par Michel Bettane

Notre petite équipe, Hélène Durand, Jiayin Liu, Louis-Victor Charvet, Denis Hervier, Thierry Desseauve et moi-même, est de retour après avoir dégusté sur place, de façon comparative, parfois à l’aveugle, ou individuelle, plus de 500 crus différents. Avec un décalage, circonstances obligent, de huit à dix semaines par rapport à la tradition. Décalage très heureux, dans une majorité de cas les vins se dégustent nettement mieux en juin qu’en mars.

L’année 2019, un cycle végétatif en définitive plutôt heureux, associant eau et soleil en alternance idéale, a permis de faire mûrir tous les cépages, des plus précoces aux plus tardifs, entre le 20 septembre et le 10 octobre. Une faible coulure à la floraison n’a pas trop amputé les rendements, entre 40 et 50 hl/ha pour les rouges. Seuls les sauternes ont souffert et un tri rigoureux du raisin a fait plafonner à 10hl/ha ou moins les meilleures propriétés. Les rouges titrent entre 13,5 et 15 degrés naturels selon la nature des sols, avec des pH corrects entre 3.65 et 3.85, les cabernets égalant parfois les merlots en richesse en sucre.

La qualité aromatique des raisins se retrouve dans les vins finis, surtout dans les « premiers vins », qui associent très haute maturité, richesse de texture et fraîcheur dans un équilibre remarquable, étonnant même, qui ne ressemble à aucun millésime précédent. On pouvait craindre un marché primeur paresseux. En baissant les prix de 15 à 30 %, les propriétés ont fait l’effort nécessaire. Le marché a confirmé en achetant rapidement les vins les plus recherchés comme ceux qui offraient le rapport qualité-prix le plus attractif, et cela avant tout compte rendu exhaustif, produit sur place, par la critique. Nous pouvons le rassurer, il a bien fait d’acheter et il peut continuer à le faire avec plus de discernement grâce aux informations supplémentaires, certainement plus fiables, qui ne vont pas tarder à s’accumuler.