A la UneCultureShanghai

L’écriture collaborative présentée à Hong-Kong

L’AJAR, est un collectif qui nous vient de Suisse amené à Hong Kong par l’autrice Karine, Yoakim-Pasquier. Ce collectif, qui regroupe 14 auteurs francophones, se produit dans la ville dans le cadre de la Fête de la francophonie. Pour nous en parler, Karine, Edwige, Julie, Alice, Wong, Linda, Christophe ont accepté de répondre à nos questions.

Propos recueillis par Catya Martin

Qu’est-ce que l’AJAR ?
L’AJAR, c’est un collectif qui existe depuis 2012, composé principalement de personnes de Suisse romande. Et notre but, c’est d’écrire vraiment collectivement, donc de produire des textes à plusieurs. On fait beaucoup de lecture dynamique.

Qu’est-ce que vous appelez une lecture dynamique ?
On lit à plusieurs, on lit des textes qui sont collectifs et puis on les met un peu en scène tout en ayant conscience que nous ne sommes pas des acteurs.

C’est une première à Hong Kong ?
Absolument. Je crois que c’est une première pour tout le monde à Hong-Kong, c’est ça ? Après, il y a des gens qui l’ont déjà vécu à Shanghai où on ira aussi.

Vous avez eu une prestation vendredi 8 mars au Fringe ?
Oui. Cet événement a été organisé avec le Hong Kong International Literary Festival et le Festival de la Francophonie. Pour cette occasion, nous avons présenté le texte qu’on est en train d’écrire avec des auteurs suisses et des auteurs en hongkongais, en français et en chinois.

Vous avez également une exhibition, tous ensemble, à la librairie francophone Parenthèse.
Oui, nous aurons la chance de parler à la Librairie Parenthèse le samedi du 16 mars à 17h30. L’événement durera une heure, sera suivi par un apéritif offert par le consulat suisse. Là également, nous allons présenter notre texte mais de manière un peu différente du Fringe, plus intimiste, incluant des échanges avec les artistes. Nous allons également expliquer notre méthode de travail avec une dizaine de personnes qui ne parlent pas la même langue. Ça sera vraiment sur le processus d’écriture et sur notre collaboration, avec également une présentation de notre texte commun.

Wong Yi, comment allez-vous intervenir ?
Lors de notre événement au Fringe avec le Festival littéraire international de Hong Kong, des écrivains de Hong Kong et de Suisse ont participé à cette performance en décrivant au public la façon dont nous avons collaboré, comment nous nous sommes rencontrés, comment le projet a commencé, et en partageant avec tout le monde des bribes de ce que nous avons écrit, afin que chacun puisse essayer de voir comment cette façon très innovante d’écrire un seul roman, avec tant de mains différentes et dans deux langues différentes, s’est concrétisée.

Quelle est le message que vous avez envie de faire passer avec ce collectif et avec ces événements ?
Peut-être sortir la littérature du livre, déjà dans un premier temps, et puis de l’idée que l’autrice ou l’auteur écrit seul à sa table, et puis d’en faire quelque chose, effectivement, de commun, de partagé, et puis de tonique, de dynamique.

Les textes que vous allez partager, faire vivre tous ensemble ont-ils une thématique commune ?
Le texte que nous sommes en train d’écrire, c’est un roman avec différents chapitres qu’on est en train de rédiger. La trame se passe dans un lavomatique. C’est dans un pays que nous avons imaginé, qui est un mélange de la Suisse et de Hong Kong. Et dans ce pays, on ne peut plus payer par cash, sauf dans ce petit lavomatique où on peut payer avec des objets physiques. On va retrouver une galerie de personnages qui vont venir se rencontrer, se croiser dans ce lavomatique et diverses aventures vont s’y passer.

Le livre est-il terminé ?
Pas encore. Justement, l’objectif de cette résidence de faire venir les auteurs Suisses à Hong Kong, était de pouvoir justement se rencontrer en vrai, écrire ensemble pour faire avancer le texte. On a déjà écrit un certain nombre de chapitres.

Donc, quand vous dites « On », c’est l’ensemble du collectif ?
Nous avons créé des fiches personnages en commun et l’univers en commun. Et puis après, chacune et chacun écrivait un chapitre à partir d’un personnage. Et maintenant, il s’agit de lier l’ensemble, de colmater les différents textes pour en faire une unité.

Combien d’auteurs ou d’autrices de l’AJAR participent à ce livre ?
Nous sommes six, mais chaque étape peut inclure de nouvelles personnes.
D’anciennes personnes peuvent se retirer. L’AJAR reste un organisme. On vient, on participe et puis on prend un petit peu de recul. D’autres personnes arrivent. Ça permet de toujours avoir un regard neuf sur les choses aussi.
Il y aura également une partie où tout le monde repasser sur les textes des autres. C’est le concept de l’AJAR, le texte n’appartient pas à une personne. Chacun repasse dessus, change des choses, l’améliore. On est un collectif et pas des auteurs individuels.

Appréhendez-vous d’être face à un public ?
Nous avons toutes et tous l’habitude de faire les deux, de lire face à un public, avec un verre d’eau, de la musique ou encore avec de la danse.
Aujourd’hui beaucoup d’autrices et d’auteurs ont cette pratique-là, notamment dans la jeune génération. Si voulons vivre de notre écriture, nous sommes obligés d’en faire plus, de performer, de se mettre en scène, de parler à la radio, à un public et donc de savoir faire plus que simplement écrire dans notre coin.

Et le fait d’être face à un public avec une culture totalement différente ?
Justement, dans ce cas précis, c’est la collaboration avec les auteurs et autrices hongkongais qui va nous aider.
C’est une vraie collaboration, les auteurs hongkongais nous amènent leur connaissance du public local, de la culture, de la manière dont il faut les aborder.
Et puis, je pense aussi que les auteurs Suisses ont des pratiques très différentes de ce qu’il se fait ici. En Suisse, c’est très dynamique. L’idée aussi, c’est de peut-être bousculer et montrer au public, peu importe sa nationalité, que la littérature, justement, ce n’est pas écrire derrière sa table, mais ça peut aussi être visuel, ça peut être oral, ça peut être quelque chose de très vivant.

Combien d’auteurs hongkongais sont avec vous ?
Quatre. Il s’agit de Wong Yi, Dorothy Tse, Christophe Yui Tong et Lawrence Pun.

Wong Yi, c’est la première fois, en tant qu’auteurs hongkongais, que vous êtes dans un événement comme celui-là ?
Oui. Les écrivains et romanciers de Hong Kong n’ont pas l’habitude d’écrire en tant que groupe, en particulier les romanciers, qui sont très individuels, se cachent dans leur chambre pour terminer leur manuscrit et ne sortent pour socialiser que lorsqu’ils sont prêts et qu’ils ont un livre à présenter. Mais c’est une façon très intéressante de travailler avec des amis de Hong Kong et de Suisse et de voir comment nous pouvons écrire non pas en tant qu’individus mais en tant que collectif.

Vous partez quelques jours à Shanghai ?
Oui. Nous arrivons le mardi 12 mars à Shanghai et nous repartons le vendredi 15. Donc, ça va être un petit séjour éclair qui va être très intéressant.
Le projet est soutenu par une fondation qui s’appelle Pro Helvetia Shanghai. Donc, on va leur rendre visite, mais on a aussi un événement avec l’organisation « La Ruche » (Ndlr : réseau de femmes francophones à Shanghai) et puis avec la section de l’UFE Shanghai. Ce sera donc une rencontre plutôt avec les francophones, en français. Nous allons lire des extraits, mais aussi de parler de l’écriture collaborative que la plupart des gens connaissent moins.

———————————-

Librairie ParenthèsesSamedi, 16 mars de 17h30 à 18h30
Tout public
RSVP : info@parentheses-hk.com

Information sur l’AJAR : www.collectif-ajar.com