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Le LFI de Hong Kong se livre

50 ans de présence française racontés à travers la vie du lycée Chapô : Pour clôturer les cérémonies célébrant les 50 ans de l’établissement, ce livre est une véritable mémoire de la communauté française de Hong-Kong.

Trait d’Union : Pourquoi avoir accepté de travailler sur la rédaction de ce livre ?
François Dremeaux : C’est un défi intéressant, d’abord en tant qu’historien car étudier les évolutions d’une école française à l’étranger sur 50 ans c’est assez original et inédit. Et puis en tant qu’enseignant de cet établissement, c’est un vrai plaisir de remonter le temps et de découvrir comment se déroulaient les cours à Hong-Kong auparavant.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans vos travaux de recherche ?
Deux aspects : la partie iconographique tout d’abord, car il était nécessaire d’illustrer abondamment cet ouvrage pour qu’il soit agréable. Je ne voulais pas en faire quelque chose de poussiéreux et d’académique, il faut que ce soit à l’image d’une école : dynamique et tourné vers la jeunesse. Malheureusement, le quotidien d’un établissement ne fait pas souvent l’objet de photographies, a fortiori avant l’ère du numérique! Il a donc fallu multiplier les sources, essentiellement familiales, pour tisser une histoire en images.

L’autre difficulté réside dans l’accès aux archives des institutions. Il existe en France des délais de communication qui sont généralement de 75 ans. Il a donc été difficile (mais pas impossible) de fouiller les archives du ministère des Affaires étrangères, de l’Education nationale ou d’un service comme l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger (AEFE). Le lycée, quant à lui, n’a pas d’archives avant le début des années 80. J’ai contourné ce problème en retrouvant des acteurs de l’époque, pour la plupart heureusement encore vivants, et j’ai sollicité des témoignages oraux.

Comment avez-vous procédé pour réunir toutes ces informations ?
J’ai essayé de ne négliger aucun aspect de la vie de l’école. Je me suis donc adressé à d’anciens élèves, professeurs, administrateurs, parents, etc. Il était nécessaire de croiser les informations, les visions et les représentations de chacun pour brosser le portrait le plus fidèle possible de chaque époque. L’aide d’une famille me donnait des pistes pour solliciter d’autres personnes et obtenir de nouveaux documents, qui me mettaient sur de nouvelles pistes, et ainsi de suite.

Les différents témoins ont-ils accepté facilement de se livrer ?
Sans aucune difficulté! Le plus dur est de mettre la main sur lesdits témoins… mais personne n’a jamais rechigné à livrer ses souvenirs. Au contraire, toutes les personnes qui sont passées à Hong-Kong en gardent des souvenirs éblouis et une nostalgie bienveillante. Quitte, parfois, à embellir la réalité. Mais c’est un réflexe bien normal qu’il convient de corriger par l’apport des sources institutionnelles.

Quelles périodes avez-vous le plus appréciées ?
Les débuts me paraissent intéressants car derrière la création de l’école, il y a la reconstitution de la communauté française de Hong-Kong après guerre. Le consulat de France porte à bout de bras ce projet pour fédérer des initiatives éparses et de grandes entreprises entrent en scène… On assiste à un bel élan. C’est aussi la fin d’une époque : l’avion supplante les navires et l’Extrême-Orient se rapproche un peu plus de l’Europe. Tout cela se constate à travers l’école. 
Mais s’il y a une période pour laquelle j’ai un faible, c’est 1975-1984. A travers le regard des personnes que j’ai interrogé, il apparait que l’établissement était alors un mélange d’insouciance et de bricolage, le tout dans un édifice qui a beaucoup marqué les élèves : l’ancien hôpital militaire de Bowen road. C’est aussi l’âge d’or de Hong-Kong et les pulsations de la ville se transmettent à cette petite école. Une réflexion revenait souvent dans les témoignages: « Tout semblait possible ».

D’après vous et suite à vos recherches, quelle est la période la plus importante pour le lycée ?
Nous vivons avec les enjeux de notre propre époque. Chaque responsable que j’ai interrogé (proviseur, consul ou président du Comex) était tenté de me dire que sa période était importante et déterminante. Et ils ont raison. Démarrer un établissement avec 30 élèves à partir de rien dans les années 1960, c’est un défi aussi compliqué que de choisir un projet d’expansion pour 800 nouveaux élèves en 2014. Etant donné que les acteurs actuels reposent sur les décisions de leurs prédécesseurs, pour avancer il faut considérer que chaque moment de l’histoire est important.

Avez-vous appris des choses sur l’histoire des Français à Hong-Kong à travers ce livre ?
Beaucoup! Essentiellement des tranches de vie, de belles aventures humaines qui ont pris corps autour de l’école. Je pense notamment à chaque projet de déménagement. L’ouvrage a aussi été l’occasion de confirmer ce que j’avais déjà constaté précédemment : les évolutions de la communauté française. Sur 50 ans, on passe d’une communauté au fonctionnement clanique, très concentrée à certains endroits, restant peu d’années sur Hong-Kong, à des profils bien différents; la nouveauté étant le multiplication des couples mixtes, qui s’installent durablement et vivent éparpillés sur le territoire. Ce qui conduit nécessairement l’établissement à envisager sa politique d’une autre manière.

Comment peut-on se procurer cet ouvrage ?
L’ouvrage sera disponible à partir de 7 novembre directement à la papeterie du lycée (Blue Pool road) ou chez Parenthèses, au prix de 280$HK. Il sera également possible de le commander, pour celles et ceux qui ont quitté Hong-Kong, moyennant des frais de port qui seront communiqués plus tard.