L’Art accessible pour tous
C’est à Hong-Kong, il y a huit ans, qu’Arthur de Villepin décide de poser définitivement ses valises. Il découvre l’ancienne colonie britannique il y a plus de dix ans à l’occasion d’un stage, de là, le jeune français n’avait qu’une idée en tête, tout faire pour y revenir et s’y installer. Un emploi dans une entreprise de traitement de l’eau en poche, Arthur revient et l’aventure asiatique peut alors commencer.
Par Catya Martin
Il quitte le domaine de l’eau pour se lancer dans celui du vin avec la création, en 2010, de la société « Pont des Arts » où, associé à Thibault Pontallier, il décide de promouvoir, à l’étranger, ce que la France fait de mieux. Ce sera sa première aventure entrepreneuriale.
Thibault Pontallier avait la crédibilité dans le domaine du vin, son père, Paul Pontallier, n’est autre que le directeur de Château Margaux, là où Arthur de Villepin, passionné d’art était plus légitime pour le côté artistique. Les deux fondateurs n’hésitent pas à se rendre plusieurs fois dans les ateliers parisiens des artistes Zao Wou-Ki ou encore Miquel Barceló’s mais aussi à Pékin chez Yue Minjun. Chaque association de vin et de peinture est soigneusement pensée en collaboration avec les artistes.
Très vite tout s’enchaîne, dont une rencontre avec les fondateurs de Yellow Corner, galerie de photos créée en 2006 par deux passionnés de photographie permettant de rendre la photographie d’art accessible à tous. Premier éditeur de photographies d’art, Yellow Corner est lancé par Arthur de Villepin à Hong-Kong. « C’est une évolution naturelle et cohérente qui fait suite à mon arrivée ici, explique-t-il. J’ai pris conscience que je pouvais avoir un rôle intéressant d’ambassadeur de marques françaises liées à l’art et plus généralement à l’art de vivre. »
Avec le lancement de Yellow Corner, le fils de l’ancien Premier ministre français a prolongé cette cohérence. « Sachant que Yellow Corner tend à démocratiser l’art à travers la photographie, ce projet allait parfaitement avec ma philosophie, il n’y avait aucune incohérence ».
Après avoir souhaité « s’ancrer dans le quartier de Hollywood road à Hong-Kong », la porte vers la Chine continentale s’est ouverte avec deux galeries en début d’année, aujourd’hui ce sont sept points de vente, en propre et en partenariat, qui ont vu le jour au cœur de l’Empire du milieu.
C’est donc naturellement que cette belle aventure s’est prolongée avec l’arrivée du petit nouveau dans la région : « Carré d’artistes ». L’entreprise créée en 2001 a fait sienne la devise de Léon Tolstoï : « Les grandes oeuvres d’Art ne sont grandes que parce qu’elles sont accessibles et compréhensibles à tous ». Avec une quarantaine de galeries dans le monde, « Carré d’artistes » est aujourd’hui l’un des plus grand promoteur d’Art, porté par l’influence de la culture française.
Ce concept permet au jeune entrepreneur français de recentrer ses activités avec l’ambition d’être le « leader » sur le segment de l’art en Asie. « Aujourd’hui, Yellow Corner est déjà le leader mondial pour ce qui est de la photographie. Carré d’artistes est sur la même ligne en terme de distribution et de réseau avec déjà 39 galeries dans le monde. C’est donc le partenaire parfait », explique-t-il. « Carré d’Artistes », c’est aujourd’hui 600 artistes répertoriés et un concept assez pionnier quant à l’approche de l’art.
« Ma conception de l’art de vivre, c’est avant tout partager une passion, un apprentissage et aussi une approche à l’art qui doit être émotionnelle et humaine, c’est ce que j’ai envie de retransmettre à travers ces concepts », indique-t-il. Conscient d’arriver dans un environnement où le monde de la finance est très proche de celui de l’art, le jeune français a l’ambition de révolutionner cette approche. « Je veux avant tout créer une émotion », explique-t-il. « Aujourd’hui pour être un artiste reconnu il faut être pris dans une grande galerie. La grande majorité des artistes qui sortent des beaux arts se voient dire qu’ils doivent trouver un vrai métier car il leur sera impossible de vivre de leur art. Je trouve cela dommage et ce concept est là pour les aider », explique-t-il.
« Je voudrais apporter cette envie de prendre du recul, de se poser des questions, de casser la routine. Mais plus généralement, permettre à tous d’être à l’aise avec l’idée que ce n’est pas une faute de profiter, contrairement à ce qui se passe généralement ici, en Asie. Tout le monde culpabilise. Cette culture de la culpabilité est un peu moins présente maintenant et c’est une bonne chose », tient-il à ajouter.
Avec le concept « Carré d’artistes », Arthur mise sur la capacité à consommer l’expérience plutôt que consommer le luxe, ce qui, pour lui, va faire la différence dans les années à venir. « Je pense que nous allons passer d’une envie d’accès à la richesse à celle d’accès à la culture et au savoir », indique-t-il.
Ponts des Arts, Yellow Corner et maintenant Carré d’artistes, représentent le fil conducteur pour Arthur de Villepin et sa société « Art de Vivre Group ». Ce fil conducteur, l’accessibilité à l’art pour tous en gardant une qualité et une expérience permettant de transmettre de vraies émotions.
Après le Japon, c’est vers Singapour ou encore Taiwan que le jeune homme regarde aujourd’hui pour élargir son concept culturel.
Lorsqu’on lui demande combien de temps il se donne pour acter sa réussite, le jeune français reste très pragmatique. « Pour un entrepreneur, considérer que nous avons réussi, est une utopie. Tous les entrepreneurs le savent bien. Je regarde à 20 ans, à mon arrivée à Hong-Kong, je regardais à 30 ans ». Pour Arthur, ses dix premières années hongkongaises représentent plus de l’apprentissage ou encore de l’ancrage. « Ensuite il faut encore compter dix ans pour construire et bien développer le concept qui me permettra d’être le meilleur passeur et curateur possible. Puis il faudra alors consolider ce concept, prendre en compte l’univers géopolitique, comprendre les évolutions économiques, notamment digitales. Enfin, dix ans encore pour capitaliser sur cette organisation et essayer d’élargir encore plus la distribution. Mon ambition est de créer un portefeuille autour de cette notion d’Art de vivre », explique-t-il.
Au travers des rayons de Carré d’artistes, Arthur nous parle de ses coups de cœur et notamment de l’artiste « street art » Sophie Costa. « Elle travaille avec des objets recyclés d’une façon très moderne et très pop ».
Faire voyager l’art de vivre à la française à travers l’art n’a pas de limite pour le groupe Art de Vivre, c’est donc une affaire à suivre…
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Carré d’artistes
Art de Vivre House
53-55 Hollywood Road, Central,
Infos : carredartistes.com