Jean Yves Leconte « La réforme de la CSG est une injustice »
Le sénateur des Français résidant à l’étranger était à Hong Kong les 23, 24 et 25 février derniers. L’occasion pour lui de rencontrer la communauté française et de revenir, sans langue de bois, sur l’augmentation des frais scolarité dans les établissements du réseau AEFE et la réforme de la CSG.
Propos recueillis par Philippe Dova
Trait d’Union : Quels sont les problèmes dont vous ont fait part les Français que vous avez rencontrés à Hong Kong ?
Jean Yves Leconte : Je n’ai pas eu le sentiment que la communauté française était particulièrement angoissée. Cependant, comme dans d’autres pays dans le monde, l’évolution de la sociologie est perceptible ici. Il n’y a plus autant d’expatriés qu’auparavant et il est nécessaire de faire évoluer les structures pour accueillir ces nouveaux Français qui s’expatrient pour lesquels il est souvent très difficile de faire face à des frais de scolarité très importants.
Demander plus de 10000 € par an et par enfant plus la part de fondateur la première année pour scolariser un enfant au lycée français c’est un détail lorsque vous êtes expatrié d’une grande entreprise mais lorsque vous créez vous même votre entreprise en vous installant dans un pays et qu’il faut assurer cela en plus, ce n’est pas évident…
Faudrait-il alors changer les critères d’attribution des bourses scolaires ?
A l’évidence la réforme des bourses scolaires répond plus à des contraintes budgétaires qu’à une préoccupation de mieux accompagner les Français et de mieux répondre aux besoins qu’ils ont. L’évolution du budget par rapport à l’augmentation des frais de scolarité montre bien qu’il faudrait plus d’argent pour mieux servir les gens. La situation spécifique de Hong Kong avec les parts de fondateurs est plus compliquée. Ce ne sont pas des frais puisque l’argent appartient aux familles. Il faudrait imaginer un système où l’A.E.F.E. avance l’argent pour les boursiers qui ne sont pas à 100%. Aujourd’hui, seuls 1/3 des enfants français dans le monde sont scolarisés dans le système français à l’étranger. C’est quand même un échec ! Les politiques développées vis à vis des Français de l’étranger devraient permettre à ces Français d’avoir les moyens de communiquer avec la communauté nationale. S’ils ne parlent pas Français, ça va être difficile ! Il faut trouver les outils pour qu’un enfant français qui nait à l’étranger reste Français. Plus que jamais, c’est un véritable défi.
Quelles sont vos idées pour le relever ce défi ?
Il y a deux possibilités. La première est de développer, accompagner les programmes FLAM. Ils répondent à un besoin que les familles françaises ressentent et auxquelles les écoles françaises ne répondent pas parce qu’elles coûtent trop cher. La seconde consiste à préparer l’ouverture de sections françaises dans les écoles publiques locales comme cela se fait en Australie, en Nouvelle Zélande, aux États Unis. Pourquoi pas à Hong Kong ? Cela impose d’avoir à l’esprit que tous les Français qui vivent à Hong Kong doivent pouvoir accéder à l’éducation, quel que soit leur budget.
Les Français que vous avez rencontrés vous ont-ils parlé de la réforme de la CSG ?
Ils m’en ont parlé. C’est une injustice. C’est une inégalité flagrante devant l’impôt puisque c’est un impôt que payent uniquement les Français qui vivent hors de l’Union Européenne.
C’est surprenant de tels propos de la part d’un membre de la majorité gouvernementale…
Membre de la majorité oui, du gouvernement non ! Ne me demandez pas d’assumer cela ! Lorsque des choses sont évidentes on ne va pas dire le contraire ! Sur ce sujet, l’administration de Bercy a fait des analyses à courte vue.
C’est injuste pour ceux qui en sont victimes, pas acceptables en termes de transparence des comptes et si en plus on est attaché à ce que la France soit attractive pour les investissements étrangers, ce type de comportement est scandaleux.
Ces cotisations contestables au niveau du droit européen rendent la France moins attractive. C’est parce qu’elle a une fiscalité imprévisible, contestable, pas fiable que les gens vont ailleurs. Si nous voulons que notre pays se développe, il faut qu’il soit attractif et que tous ceux qui y travaillent et veulent y travailler puissent considérer que c’est une place stable.
En se comportant ainsi, le gouvernement participe à l’instabilité.