J’ai demandé à la Lune

« J’ai demandé à la Lune
Mais le Soleil ne le sait pas
Comment vivre cette infortune ?
Et la lune s’est moquée de moi… »

Le groupe Indochine aurait pu composer cette chanson en pensant à moi et tous ceux qui sont dans la même situation !

Par Anne Suquet

 

Dans la nuit du 20 au 21 septembre dernier, réveillée par je ne sais quoi, je me lève avec l’étrange envie de profiter de cet instant de calme et de solitude. Dans mon étroite chambre d’hôtel de quarantaine, le seul lien qu’il me reste avec mon environnement est la fenêtre fermée à clef, de peur, sans doute, que je ne m’envole !!

Cette nuit-là, venue derrière les hauts immeubles dressés devant moi, une forte luminosité attire mon attention. Au premier abord, je suspecte qu’il s’agit d’une lumière oubliée ou allumée par un(e) insomniaque comme moi. Après quelques secondes d’observation, le gros nuage coincé entre les immeubles se libère et dévoile l’origine de cette mystérieuse luminance… Trônant dans le ciel, elle éclaire, surveille et protège notre nuit : c’est la Lune.

Nous l’oublions bien trop vite, mais il fut un temps où seul le clair de lune éclairait les rues et les allées, sa luminance s’étendant sur les terres et sur la surface ondulée des mers. Et sa clarté permettait aux agriculteurs de faire la récolte durant la nuit !

Cette nuit-là, je prends enfin conscience de la présence de cette puissante pleine lune levée dans le ciel de Hong-Kong pour clôturer la saison estivale. Accaparée par les tracasseries des nombreuses formalités pour rentrer à Hong-Kong, j’en avais oublié le deuxième événement annuel le plus important dans la vie de nos amis hongkongais : le Mid-Autumn Festival que l’on appelle aussi “fête de la Lune”.

Coincée dans ma chambre, je ne peux, cette fois, rejoindre ma famille ou mes amis pour contempler ensemble la lune à l’occasion d’un pique-nique de nuit sur la plage de Stanley ou d’ailleurs et déguster le « moon cake » dont la recette remonte à plus de 3000 ans. En Asie, la lune est considérée comme le symbole de la réunion familiale.

 

Une vision réconfortante

Les pleines lunes sont toujours chargées en émotions et cette année je n’y échapperai pas ! Comme si cette pleine lune faisait remonter mes émotions à la surface ! Lune ou quarantaine, le résultat est là !

Je me laisse guidée par mon intuition et… du haut de mon dix-neuvième étage je continue d’observer le monde extérieur derrière ma fenêtre de quarantaine.

Ce matin, sur le toit de l’immeuble d’en face, une vieille dame étend sa lessive du jour. Elle organise avec minutie son linge sur des cintres qu’elle accroche ensuite à la corde. La scène est apaisante et il m’est agréable de la regarder faire.

Ma curiosité va vite se transformer en admiration lorsque celle-ci entreprend pendant un long temps une série de mouvements lents et harmonieux dans lesquels elle semble se délecter. Je reconnais certains mouvements du Qi Gong auxquels ma chère belle-mère m’avait initiée avant mon départ pour l’Asie. Vous en avez sans doute déjà entendu parler si vous habitez Hong-Kong ou un autre pays d’Asie car c’est une pratique très populaire !

Basé sur la répétition quotidienne des mouvements lents et travaillant la respiration, le Qi Gong est reconnu depuis des millénaires en Chine pour ses vertus.  L’objectif est de mobiliser son Qi (c’est-à-dire son énergie vitale), le renforcer et l’épurer, pour obtenir une circulation harmonieuse, gage de bonne santé. La pratique du Qi Gong est très ressourçante à la nouvelle Lune.

« Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec on atterrit dans les étoiles » selon Oscar Wilde

Comme cette dame le démontre, prendre quelques minutes par jour pour soi peut vraiment faire la différence. Voilà une bonne leçon de bon matin qu’elle me donne sans le savoir ! A n’en pas douter cette rencontre « lunaire » ne me laisse pas indifférente et me rappelle, de ne pas attendre que les conditions soient parfaites pour s’occuper de soi ! C’est décidé ! Je vais profiter de ma quarantaine pour m’essayer à pratiquer plus régulièrement Qi Gong ou Yoga. Et vous ?

Cette vision m’a fait du bien et j’espère que cette dame ne m’en voudra pas d’avoir capturé ces quelques instants d’intimité et surtout qu’elle reviendra demain matin !