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Immersion au sein des CCE de Hong-Kong

Conseillère au commerce extérieur de la France (CCE) depuis 2001, Christine Brendle a pris la présidence de la section de Hong-Kong en 2011.

25 ans de carrière dans les médias dont 17 ans au sein du groupe Hachette Filipacchi, Christine Brendle a, entre autre, dirigé pour la région Asie-pacifique, le Dow Jones et Wall street journal et fut pendant six ans, de 1995 à 2001, la directrice générale du groupe Hachette Filipacchi toujours pour l’Asie. Conseillère au commerce extérieur de la France (CCE) depuis 2001, la française a pris la présidence de la section de Hong-Kong en 2011. Déterminée à dynamiser cette institition, elle a notamment permis l’entrée de onze nouveaux membres, dont cinq femmes. Rencontre avec une femme d’exception, élevé au grade de chevalier dans l’ordre national du mérite en novembre 2012.

Trait d’Union : Quelle mission vous êtes-vous fixée en prenant la présidence des CCE de Hong-Kong et pourquoi cet engagement ?
Christine Brendle : Le principal enjeu pour moi est d’infléchir l’image que les Hongkongais ont de la France. L’amour, le romantisme, la gastronomie, les arts de vivre ou encore le luxe sont, certes, des images tout à fait méritées mais il me semble important de mettre aussi en avant une image de la France qui est celle d’une puissance économique importante avec une véritable capacité d’innovation et des positions de leaders dans un certain nombre de secteurs très pointus. Ce n’est pas forcément ce qui vient immédiatement à l’esprit d’un Hongkongais lorsqu’on lui parle de notre pays.

Comment est composée la section de Hong-Kong.
Hong-Kong compte aujourd’hui 35 conseillers. J’ai essayé de faire jouer la diversité en faisant entrer des membres plus jeunes mais aussi des femmes. Le défaut, en général, des institutions installées depuis très longtemps, est que les membres ont généralement des profils très similaires. La diversité permet d’éviter un sentiment de « pensée unique ». Douze membres nous ont rejoint depuis ma présidence et sept nous ont quitté car ils partaient de Hong-Kong donc nous avons un net positif de cinq personnes. Nous sommes, dans la région, une des sections les plus diverses et cela contribue à la qualité des débats.

Quel est votre rôle ?
Notre rôle est purement bénévole. Nous travaillons en lien avec les autorités consulaires qui sont obligées de bien connaitre les enjeux des entreprises. Les membres de notre section peuvent échanger avec eux en toute confiance et confidentialité. Tous les débats que nous faisons ont lieu à huit clos, à la seule destination des autorités. Cela permet d’aborder tous les questions sans réserve, une sorte d’observatoire, voire d’intelligence économique, sur les tendances de la région. Cette vision concrête est possible grâce à la diversité de nos membres qui à travers la variété de leurs secteurs d’activité et de leurs responsablités donnent un point de vue très renseigné sur les différents sujets traités.

Comment se passent vos rencontres avec les différentes personnalités politiques de passage à Hong-Kong ?
C’est toujours interessant pour nous de pouvoir apporter une vision de l’économie « régionale » aux politiques. Lors des rencontres que nous faisons, nous avons pu voir la diversité de leurs connaissances de la région, certains en savent plus que la moyenne des CCE présents depuis plusieurs années et d’autres sont assez mal informés voire pas informé. Véhiculer des clichés peut être vraiment néfaste pour l’économie et fait du tort à la France. Il est donc important pour nous de rectifier ou réexpliquer certains messages.

En dehors du rôle de relais avez-vous des réflexions au sein des CCE ?
Oui absolument. Notre travail est à la fois ce rôle de relais entre la France et Hong-Kong mais aussi une action de réflexion. Les thèmes récurrents de nos réflexions sont par exemple, le marché du travail et la situation à Hong-Kong et en Asie du Nord avec notamment les difficultés à recruter, à fidéliser ou encore à trouver les talents.
Nous travaillons aussi sur la place de Hong-Kong dans la région, son rôle financier, ou encore sur l’internationalisation du Yuan.
Ces thèmes sont toujours, d’une façon ou d’une autre abordés au sein de la section avec l’ensemble des membres spécialisés mais aussi avec des intervenants extérieurs.

Avez-vous des “commandes” sur de thèmes ou réflexion ?
Oui. Les CCE qui sont au service des autorités. Cette année commémore les 50 ans de la reconnaissance de la Chine par la France et en liaison avec nos collègues CCE de Chine continentale, nous sommes concentrés sur l’image de la France dans la région. Cela peut avoir un réel impact car il ne suffit pas de grand chose pour infléchir cette image.

Présidente depuis plus de deux ans, avez-vous vu une évolution des relations entre la France et Hong-Kong ?
Je pense que ces relations ont toujours été très bonnes. Nous avons presque doublé le nombre de ressortissants et d’entreprises françaises mais aussi l’excedent commercial ces trois dernières années.
Des événements comme le « French May » ont pris une telle ampleur positive pour nous. Des personnalités importantes comme Carrie Lam (Chief Secretary for Administration of Hong-Kong), ouvrent les portes de leur résidence pour accueillir des événements français. Les emplois créés et l’économie générée par les sociétés françaises ici sont vus de façon très positives par les autorités locales.

Vos réflexions sont-elles entendues?
D’abord je pense que nous ne devons pas être les seuls à dire les mêmes choses et à transmettre les mêmes messages. Que ce soit les questions liées au coût du travail en France ou à la lourdeur administrative, difficile à comprendre pour un investisseur étranger, l’information passe. Nous essayons de ne pas être dans le discours ou la simple revendication mais d’accompagner nos réflexions d’exemples concrets.

D’après vous, pourquoi autant d’entrepreneurs français viennent à Hong-Kong ?
En dehors du cout élevé de l’immobilier, qui reste un gros problème, Hong-Kong donne de vrais avantages, c’est une des économies les plus libres dans la région, on y trouve de la main d’oeuvre qualifiée, on peut y travailler globalement ou regionalement et il y a une réel sécurité juridique pour les entreprises.
Il y a un micro système d’entrepreneurs français qui s’est créé ces trois dernières années qui est assez extraordinaire. Les « pepinières d’entreprises » qui se sont développées accueillent un grand nombre de jeunes entreprises françaises et permettent d’évacuer au départ les questions des loyers très chers.
Contrairement à Singapour qui a joué la carte de l’accueil des grandes sociétés, Hong-Kong est en train de jouer une carte formidable pour le soutien aux micros entreprises. Ce n’est pas encore la Silicon Valley mais c’est nouveau et prend de l’ampleur. Vous avez des hommes d’affaires hongkongais qui sont pret à investir dans ces micros entreprises ou à offir leur service en tant que “mentor”.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes qui arrivent ou qui veulent venir?
Allez-y! Il y a de l’espace. Il faut bien sur vérifier avant que le business modèle a un sens et ensuite “go for it”!