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Hong-Kong et Macao : un nouveau Consul général de France

Nommé par décret le 21 mai dernier, le nouveau Consul général à Hong-Kong et Macao, Eric Berti, a pris ses fonctions officielles le 1er septembre, en remplacement d’Arnaud Barthélémy. Précédemment en poste à Sydney, la carrière d’Eric Berti se veut, selon ses termes, « à dominante asiatique ». En poste à New Delhi de 1993 à 1997, cet ancien élève de l’ENA a également travaillé au sein de la direction d’Asie et d’Océanie du ministère des Affaires étrangères ou encore à l’Ambassade de France à Hanoï. Tout juste installé, le nouveau Consul a accepté de nous recevoir. Rencontre.
Propos recueillis par Catya Martin

Trait d’Union : Vous avez pris vos fonctions à la rentrée, quelles sont vos premières impressions ?
Eric Berti : Je connaissais déjà Hong-Kong pour y être venu il y a une dizaine d’années.
Aujourd’hui, je découvre un Hong-Kong un peu pareil et à la fois différent. Pareil car à l’époque, il y avait déjà cette vitalité, tous les gratte-ciels, une vie débordante. Différent parce que cette ville s’est modernisée. J’avais connu cette ville avec un regard plus touristique, aujourd’hui, je la vis plus de l’intérieur et découvre cette présence française avec une coopération dans un grand nombre de domaines.

Y-a-t-il une différence entre la communauté française de Sydney et celle de Hong-Kong ?
Les deux communautés ont des traits communs. Elles sont très dynamiques, assez jeunes et très entreprenantes. Beaucoup des Français qui viennent ici le font, pour créer leur entreprise ou encore concrétiser un projet. C’est une similitude avec Sydney. Dans les deux cas nous sommes face à des pays où la France est très présente et très appréciée tant sur le plan culturel qu’économique.

Vous dites de votre carrière qu’elle est à « domi-nante asiatique », pouvez-vous nous en parler ?
J’ai eu mon premier véritable poste en Inde en 1993 et c’est là que j’ai eu ce « virus » de l’Asie. Je suis ensuite retourné en France à la direction de l’Asie au sein du ministère des Affaires étrangères où j’ai travaillé sur le Vietnam et sur l’ASEM (dialogue Europe/Asie). Là, j’ai pu repartir au Pakistan, au Vietnam, en Australie avant d’arriver à Hong-Kong. J’aime le dynamisme de cette région. Regardez à Hong-Kong, il y a une dizaine d’années, toutes ces tours n’existaient pas. Cela reflète bien le dynamisme de l’Asie. Ensuite, c’est une région du monde, où la diplomatie a tout son sens, car peu ou mal connue des Européens.

Comment se passent vos relations avec Pékin ?
Il est important de garder à l’esprit l’appartenance, maintenant, de Hong-Kong à la Chine. Il ne se passe pas une semaine sans que je communique avec notre ambassadeur en poste à Pékin. C’est une logique diplomatique. Du fait de ce statut particulier avec les autorités hongkongaises, nous avons à gérer une problématique un peu à part. Nous sommes à la fois en Chine, tout en ayant une action diplomatique importante ici. Nous gardons à l’esprit le fonctionnement « un pays, deux systèmes ». Tout cela est assez subtil et mon premier travail est de bien comprendre ce fonctionnement. Mon action est de voir, en lien avec Pékin, tout ce qu’il y a autour et comment la France peut y nouer les meilleures relations possibles.

Depuis votre prise de fonction, quels sont les dossiers prioritaires à court terme ?
J’ai trois dossiers importants. Le premier est la construction de la nouvelle école à Tseung Kwan O. Bien qu’ayant eu le terrain, il est impératif d’accompagner ce dossier et de vérifier qu’au niveau des financements tout va bien se passer. Il faut aussi accompagner la transition avec le campus de Hung Hom, pour que tout se fasse de la façon la plus fluide. A plus court terme, l’autre dossier prioritaire est celui de la conférence sur le réchauffement climatique (COP 21) qui a lieu à Paris à la fin de l’année. Il faut être sûr qu’Hong-Kong, comme la Chine continentale, soient bien représentés et auront toute leur part dans les engagements pris et les solutions pour lutter efficacement contre ce réchauffement climatique. Il faut prendre de vrais engagements dans le domaine de l’environnement.

La France va-t-elle profiter de cette conférence pour inciter le gouvernement hongkongais à être plus actif dans le domaine de la protection de l’environnement ?
Oui, nous sommes conscients, comme tous, des problèmes qui se posent avec la pollution ou encore la gestion des déchets. C’est un message fort que la France doit faire passer, en sensibilisant sur ces problématiques mais sans se positionner en « donneur de leçons ». La Chine a pris conscience que ne rien faire coûtera plus cher que de prendre les mesures pour essayer de maîtriser et contrôler les atteintes à l’environnement. Il faut donc que Hong-Kong s’y mette aussi et ne soit pas à la traîne. Nous avons ici des entreprises françaises très en pointe sur ces questions. La France peut donc vraiment apporter aux autorités hongkongaises dans ce domaine.

Quel est le troisième dossier ?
C’est un sujet plus général. La France a une image encore fortement marquée par des secteurs comme la gastronomie, la mode ou encore le luxe. Il nous faut maintenant montrer une nouvelle facette de notre pays, une France technologique, une France qui présente des opportunités pour faire des affaires, une France dynamique. Certes nous avons des châteaux millénaires mais aussi une technologie extrêmement moderne dans des secteurs comme la communication, l’espace ou encore l’automobile. Cela passera par des initiatives comme la « French Tech » que l’on va créer ici. Mi-novembre nous aurons l’exposition « So French, so innovative » qui va montrer que la France ne se résume pas au luxe, à la mode ou à la gastronomie, mais aussi aux nouvelles technologies, allant des cartes à puceaux satellites en passant par tout ce qui touche les technologies de l’information. On va donc continuer ce qui avait été commencé l’année dernière, et avec French Tech, aller au-delà pour créer un réseaux de start-ups, de grandes et petites entreprises qui puissent s’entraider pour permettre que toutes les innovations faites en France puissent trouver une application ici. Créer un réseau de recherche dans l’innovation, ou encore le développement des nouvelles technologies, aiderait à une coopération accrue entre la France et Hong-Kong.

Vous souhaitez fédérer les acteurs économiques ?
Oui, avec la French Tech, mon objectif est de rassembler l’ensemble des institutions qui travaillent sur ce dossier. La Chambre de commerce française, la mission économique, Business France, tous doivent travailler ensemble. Il faut créer la « Team France » à Hong-Kong. Rien ne peut se faire sans toutes ces institutions, sans le Consulat, sans l’Ambassade. Cela devient possible si tout le monde joue le jeu et accepte de travailler ensemble. Il faut avant tout reconnaître le travail de chacun, faire en sorte que l’information circule parfaitement entre toutes ces entités et surtout bien répartir le travail de chacun.

Et qu’en est-il du French May ?
Je vais faire en sorte de rester sur la lancée positive de cet événement. Le French May est aujourd’hui bien installé dans le paysage culturel hongkongais, voire même au-delà. C’est une manifestation qui a atteint son rythme de croisière et sa taille optimum. Il faut maintenant réussir à en tirer le maximum d’influence pour la France, notamment en renforçant le statut de l’apprentissage du français ici. Avec l’apprentissage obligatoire du mandarin, le français se retrouve au niveau de la 3ème voire 4ème langue enseignée. Il faudrait essayer de développer davantage l’offre de français.

Avez-vous rencontré les associations ?
Je commence mon tour, j’ai vu l’Alliance française qui bien qu’association est plus un opérateur. J’ai rencontré Hong-Kong Accueil, mon épouse et moi avons toujours été impliqués dans les accueils. Les accueils sont un bon moyen pour découvrir une ville et en connaître les codes. J’ai été très agréablement surpris de retrouver un grand nombre de dirigeants associatifs lors du grand café organisé par Hong-Kong Accueil à la rentrée, l’UFE, les associations de bienfaisance mais aussi la librairie francophone Parenthèses ou encore la paroisse. Cela n’est pas commun et c’est une initiative que je trouve remarquable. Je compte bien soutenir les associations, aller les voir toutes, participer aux événements. C’est un élément important du dynamisme de la communauté française qui est une communauté qui m’a semblé heureuse de vivre ici, décontractée, décomplexée. C’est une communauté qui a compris les règles de vie ici, les respecte, se développe et s’épanouit.

Qu’en est-il des relations entre la France et Hong-Kong ?
Nous pouvons encore développer les investissements hongkongais en France. Il faut continuer à convaincre les investisseurs Hongkongais du bien fondé d’investir en France. Certains peuvent considérer que notre fiscalité est trop lourde avec un code du travail trop compliqué. Notre travail est donc de les convaincre des atouts qu’a la France en Europe, tant sur la compétitivité que sur la productivité. La relation est très bonne entre la France et Hong-Kong. Hong-Kong fait tout naturellement partie des grands pôles d’innovation et de compétitivité existants dans la région et avec lesquels la France doit travailler.

Avez-vous des contacts avec votre collègue de Canton ?
Oui nous échangeons régulièrement. J’ai également rencontré les conseillers consulaires de la région de Canton. Nous avons beaucoup de problématiques communes. Par ailleurs, une partie de la communauté française basée à Hong-Kong travaille à Canton ou à Shenzen. Nous ne pouvons donc pas nous désintéresser de ce qu’il se passe de l’autre côté de la frontière.

Quel message souhaitez-vous transmettre à la communauté française de Hong-Kong et Macao ?
Le message est simple, le Consulat est à leur service. Nous sommes accessibles et disponibles pour répondre aux demandes des Français ici. Nous allons essayer d’améliorer au mieux les services que l’on peut rendre. Nous avons au consulat des équipes remarquables avec des agents motivés, dynamiques qui ne comptent ni leur temps, ni leur énergie. De mon côté, je suis là au service de tout le monde. Ma porte est ouverte, s’ils veulent me voir je suis disponible et j’irais à leur rencontre sur l’ensemble du territoire que ce soit à Macao, dans les Nouveaux Territoires ou sur l’île.