Economie

Et de cinq pour la Chine!

C’est le nombre de villages Club Med ouverts en Chine depuis les débuts en 2012 de celui de Yabuli jusqu’à l’ouverture en novembre dernier de celui de Beidahu dans la province du Jillin. Au total ce sont plus de 200.000 clients par an. Un second complexe au Japon est programmé très prochainement, Tomamu Hokkaido, à proximité de celui de Sahoro.

Henri Giscard d’Estaing, PDG du Club Med depuis près de 15 ans (président du directoire en 2002), affiche une certaine fierté au regard de cette fulgurante montée en puissance. Loin des premières « cases » Trigano des années 50, le Club Med se veut aujourd’hui plus luxueux. Le conglomérat chinois Fosun, propriétaire du Club Med, a su apporter les investissements nécessaires à cette montée en gamme.

Rencontre avec le PDG Henri Giscard d’Estaing.

 

Trait d’Union : Après cinq villages en Chine vous êtes déjà sur la préparation de votre second resort ski au Japon ?

Henri Giscard d’Estaing : Oui. La « clubmedisation » est en cours pour ouvrir au public dès l’hiver prochain. C’est un village quasi neuf, nous avons réhabilité deux hôtels existants et nous construisons complètement le centre du village avec le restaurant, le bar et la salle de spectacles. Il est situé sur un très beau domaine skiable à 20mn du Club Med de Sahoro. Nos clients pourront aller skier une journée à Sahoro s’ils le souhaitent pour varier l’expérience.

 

Depuis un an que Fosun a pris les rênes de Club Med avez-vous senti une accélération en Asie en général et en Chine en particulier ?

Oui, bien sûr. Ca nous a considérablement aidés. C’est d’ailleurs une filiale de Fosun qui a investi dans notre programme de Tomamu, au Japon.

La puissance du groupe Fosun est un gage pour la région et nous sommes plus puissants sur le marché chinois. Cela nous a crédibilisés auprès des autorités et des partenaires immobiliers.

Je dois dire que le mélange franco-chinois est très performant. La France a l’image d’un savoir-faire important et de qualité en matière touristique et l’aspect chinois donne une toute autre dimension.

 

Pensez-vous avoir ouvert la voie au tourisme français en Chine ?

Nous y avons certainement contribué. La Chine souffre, sur le plan touristique, d’une image insuffisante, notamment auprès du marché français, souvent caricaturale et qui me désole. Regardez la beauté de sites comme Sanya, Guilin ou encore Dong Ao, ce sont des endroits merveilleux avec le meilleur standard hôtelier mondial.

 

A l’inverse pensez-vous, grâce à vos villages en Chine, drainer une clientèle chinoise en France ?

Historiquement les Chinois étaient déjà dans nos bases clients. Nous avons une nouvelle clientèle qui a découvert Club Med en Asie et qui vient ensuite vers les nouveautés, pas forcément la France mais les nouveaux villages qui ouvrent. Il s’avère qu’en ce moment les nouveautés sont ici.

 

Avez-vous des collaborations avec des sociétés du groupe Fosun ?

L’objectif de Fosun est d’être un leader de ce qu’ils appellent « hapiness business ». Le Club Med est un peu le cœur, et autour du cœur il y a effectivement un renforcement de nos partenariats avec d’autres entités du groupe comme le Cirque du Soleil.

 

Avez-vous commencé à établir un bilan sur vos villages en Chine ?

Tous progressent en occupation et satisfaction. Nous avons un juge de paix avec les jugements de TripAdvisor. Nos clubs de Chine sont N°1.

C’est le tampon des clients donc j’en suis fier. C’est une reconnaissance pour l’ensemble de l’équipe.

Nous avons également plusieurs systèmes en interne pour mesurer la qualité de nos services, questionnaires auprès de nos clients mais aussi une analyse « sémantique » de tous les commentaires sur l’ensemble des réseaux sociaux.

A partir toutes ces études, nous recréons une notation en interne.

  

Pouvez-vous nous parler de vos projets autour de Pékin et Shanghai ?

L’année prochaine nous allons ouvrir notre premier Club Joy View by Club Med. Nous proposons des offres spécialisées dans les courts séjours et les week-ends.

Ce premier Joy View sera situé à trois heures de Shanghai, en pleine nature dans la province du Zhejiang à Anji, connu surtout pour son thé blanc et ses bambous.

Ensuite nous avons en construction un autre Joy View sur les plages au nord de Pékin vers Beidahe. L’ouverture est prévue en 2018.

Nous travaillons sur une quinzaine de projets dans la région et il est raisonnable de penser que nous aurons une vingtaine d’établissements en Chine d’ici 2020.

 

Et autour de la Grande Muraille ?

Nous avons là aussi un projet magnifique sur une partie de la Grande Muraille, assez extraordinaire par le site puisqu’il sera sur la partie sauvage de la Grande Muraille et nous aurons un autre complexe dans la partie plus touristique.

 

Que diriez-vous aujourd’hui à des entrepreneurs français installés ici ?

D’abord je leur souhaiterais de bonnes vacances (rires).

Je leur dirais que ce que nous avons essayé de faire n’est pas de subir la croissance chinoise mais de profiter de cette croissance.

Donc si j’avais un seul conseil à donner, ce serait : n’ayez pas peur.

Nous Français avons un savoir-faire, de l’expérience et n’avons donc aucun complexe à avoir. Le tout sans arrogance bien sûr.

Une autre chose c’est, prenez le temps de vous connaître. Avec Fosun nous avons volontairement pris le temps de nous connaître.

C’est du gagnant-gagnant depuis le départ sans que l’un donne le sentiment de dominer l’autre.

 

Justement votre aventure avec le consortium Fosun a été longue avant d’arriver à un mariage, vous ne regrettez rien ?

La chance que l’on a eue est d’avoir trouvé Fosun. Par culture cette société est entrepreneuriale et par vocation internationale.

De ce point de vue là c’est le meilleur partenaire possible en Chine, il n’y a donc pas de regret et que de la satisfaction.