Dianes et murènes, Hissons la Grand-toile pour d’imprévisibles récifs !
Ce poème s’inscrit dans la Caravane des Dix mots 2022 / Semaine de la langue française et de la Francophonie. «Dis-moi dix mots étonnants !» insufflé à Hong-Kong par le Pavillon Rouge / Stéphane Lam.
Par Sven Larsonn
Dianes et Sirènes hurlant l’Amour des mots;
Étonnantes et détonnant n’est-il pas ?
Vois mon petit exercice de style où l’on risque de ne pas être au bout de ses surprises.
Je sais les hymnes pour les sirènes !
Ses regards laissaient une traîne
D’étoiles dans les soirs tremblants
Dans ses yeux nageaient les sirènes
Et nos baisers mordus sanglants
Faisaient pleurer nos fées marraines
Aube. 9 heures cinglantes. Pince-mi et Pince-moi sont dans un bateau livre, voguant sans galères sur une mer de stupéfiance; Terre, terre ! Voilà l’ouvroir des littératures potentielles, le grand magma des fusions débordantes. Où ça ? Ah oui là !
En plein Hong-Kong, ça ne manque pas de lave s’exclame Pince One. Rayons d’ombres pèsent pâles au milieu de la librairie. Sise in Wellington street, une artère époustouflante où le souffle court et la torpeur emmitoufle – « à boire ! à boire ! » éructe Garg- Argh ! Splendeurs in folio, merveilles du coin de la rue, suivez-moi moussaillons :
Juin ton soleil ardente lyre
Brûle mes doigts endoloris
Triste et mélodieux délire…
Elle est décalée cette librairie, au milieu du brouhaha ha ha de slang et de cantonnais, elle surgit là improbable, entre les salons de coiffures, c’est un salon de messages.
Étonnante caverne qui rend baba, détonant de titres et de quatrièmes de couv’ qui laissent à quia ! Île pas souvent déserte où toutes les robinsonnades sont permises. Nos filtres Instagram au kilo nous lassent, nous sommes assoiffés de livres et de senteurs de pages. Pince-you.
Nul besoin de se demander quels seraient les dix livres à emporter sur un caillou rocheux où les embruns le disputent à la solitude, l’îlot ici est luxuriant, prêt à déverser des millions de phrases, danaïdes de nourritures célestes, rivages de brises marines, cornes cornues d’abondance en diable à l’ouest et à l’est d’Eden, c’est un locus amoenus d’où vous repartez rarement les mains vides. Plaisir d’offrir, Rince-toi !
Je ne veux jamais l’oublier
Ma colombe ma blanche rade
Ô marguerite exfoliée
Mon île au loin ma Désirade
Ma rose mon giroflier
Des byblos à perte de vue sur les étals, parenthèse enchantée, bulle de paix, havre de repos, tintamarre zéro. Quelques tohu-bohus plus triomphants se déversent à l’étagère poésie mais leurs cataractes sont douces à l’oreille, je ne m’en ebaubis point, moi, l’autre hiver plus sourd que les cerveaux d’antan, je ne veux plus rouscailler, juste m’enrober d’émerveilles …
Time flies, sauf pour les doryphores (dites « bibittes à patates » tabernacle) et comme je ne voudrais surtout pas divulgacher la fin de cette histoire, je vous laisse vous y rendre écrire les derniers chapitres – les rêves où je vole sont passés de mode, les trêves d’où je couve ces mots s’érodent – vous y arrimer pour subir vos implacables calentures ! Kaï ! Ah les excipit en queue de poissons…
Il vaut mieux des pochades qui s’achèvent « desinit in piscem » avec de belles amazones au chant melliflu que les flèches du parthe « in cauda venenum » dont l’ironie mordante nous ferait perdre notre latin de cuisine. Oui merci Madeline, un petit café avant de y aller – tu sais je sais des hymnes d’esclave aux murènes ! Et dis moi, ce n’est pas la queue d’une sirène qui bout dans le cuivre de ta marmite juste là ? »