Des vacances sans moutarde

On est de retour à Hong-Kong et les vacances en France ont été une bouffée d’air frais au sens propre comme au figuré. Qu’il est bon de vivre sans masque et sans psychose.

Par Perrine Tavernier

Je m’étais interrogée avant notre arrivée en France : mes enfants ne vont-ils pas avoir peur de retirer leur masque… On n’était pas sorti de Roissy que les masques avaient déjà valsé en direction de la poubelle. Au début c’était bizarre mais après, je me suis demandée comment avions-nous tenu pendant deux ans et demi et surtout si j’allais rentrer à Hong-Kong…

On s’était ficelé un programme pour faire tout ce qu’on aime et on a tout fait ! Mon petit dernier a arrêté de dire Macao en voyant la Tour Eiffel. En revanche, pour le Louvre, je pense qu’il ne se souviendra que de ses pieds, tellement nous avons marché. J’avais oublié que c’était si grand.

On s’est mis au gout du jour en écoutant la radio. Amis de la poésie, ceci est pour vous :
« J’ sais que le passé c’est le passé
Mais y a qu’à toi que j’ peux me confier
Tu sais, j’ deviens parano des fois
Quand j’ reste seul, direct j’ pense à toi
Et ça fait clic
Clic-clic, pan-pan-pan »

Quant à nos amis et nos familles, les revoir a été une décharge émotionnelle. Je suis arrivée en France tendue comme une arbalète et j’ai décompressée grâce à eux.
On a aussi revu nos copains « expat » en sachant qu’on rentrerait à Hong-Kong sans eux, beaucoup ont largué les amarres…

Évidemment, la pandémie a laissé des traces en France : il y a du gel hydroalcoolique à l’entrée des magasins, certaines personnes portent encore des masques. Il y a une certaine rigueur et tout le monde ne fait pas n’importe quoi mais on est loin, très loin du délire Hongkongais.

Pour la première fois, à la fin des vacances, je n’avais pas du tout envie de rentrer à Hong-Kong. On a imaginé se séparer avec mon mari, que lui rentre et que moi je reste avec les enfants en France. Ce scenario, on l’a pensé mille fois mais ça ne marche pas pour nous.

Alors on s’est lancé à constituer les dossiers de retour, 9 documents par personne à présenter à chaque embarquement, des vérifications à n’en plus finir, du stress à revendre, sans parler de l’épée de Damoclès avec un test positif au COVID à notre arrivée à Hong-Kong.

Quand on a procédé à l’enregistrement à Paris, ils étaient trois pour vérifier tous nos documents et ils ont fini par nous dire : « quand on a des voyageurs en partance pour Hong-Kong, on a peur ». A Dubaï, je crois que le type à l’embarquement jouait son poste, le pauvre tremblait et il n’y avait pas que lui apparemment. En effet, plus les escales passaient, plus l’ambiance dans l’avion était changeante. Au départ de Paris, tout le monde ne portait pas de masque dans l’avion. En revanche, à partir de Dubaï, ça a commencé à se tendre. On a vu un type entrer dans l’avion en combinaison intégrale, surchaussure et lunette de sécurité. J’ai pensé à une intervention dans les toilettes de l’avion qui étaient peut-être bouchées mais quand j’ai vu une flopée de passagers suivre dans le même accoutrement, j’ai compris qu’il s’agissait de voyageurs pour Hong-Kong.

Pour la dernière escale à Bangkok, alors là tout le monde était masqué et on était bien loin de chanter « A-ga-dou dou dou pouss’ l’ananas et mouds l’café». Chaque passager de ce vol savait ce qui l’attendait en arrivant, en route pour l’asile de fou !

A notre arrivée à Hong-Kong, je ne vous raconte pas le comité d’accueil : l’ensemble des équipes de l’aéroport habillée en apiculteur bleu avec un process rondement mené, je le concède. Identique à un élevage de bovins : pour tracer les bêtes, on leur met une bague à l’oreille, pour nous, c’était un code barre vert autour du cou.

S’en est suivi un séjour enfermé à l’hôtel durant trois nuits, séjour durant lequel je me suis demandée comment certains avaient tenu trois semaines. Mon mari, lui, a vécu son premier combat de joute. Lorsque l’équipe médicale est venue réaliser le test PCR à la porte de notre chambre, l’infirmière était manifestement terrifiée et, au moment du prélèvement, elle a loupé le trou de nez de mon mari.

A l’heure où j’écris, nous poursuivons le marathon des tests. En tout et pour tout, les enfants et nous aurons fait chacun 16 tests dont cinq PCR en 11 jours.

Aarrrrrrrrgh Hong-Kong !

Ma playlist


Artiste : Yanns
Album : Pays des merveilles
Titre : Clic clic pan pan