Classiques incontournables et créations d’auteurs sur les planches
Que vous soyez amateurs de Molière ou de théâtre plus contemporain, cette seconde édition du festival de théâtre francophone à Hong-Kong saura vous combler. Organisée pour lever des fonds au profit de l’association « Pour un sourire d’enfant » (PSE) ce festival offre, du 15 au 18 mars, une très large gamme de représentations permettant de promouvoir la langue française, dans sa plus belle expression, auprès du plus grand nombre. Rencontre avec celle et ceux qui vont nous faire vivre la magie du théâtre.
Propos recueillis par Catya Martin
“Le choix des âmes” de Stéphane Titeca
Trait d’Union : En choisissant ce titre, « le choix des âmes », vous décidez de prendre le parti de l’humain au coeur de la guerre. Pouvez-vous nous l’expliquer ?
Stéphane Titeca : Le choix des âmes est aussi un jeu de mot avec l’âme du violoncelle qui est une petite pièce qui soutient les cordes et qui permet au violoncelle de résonner. Franz dit « si je devais te tuer comme ça je perdrais moi aussi cette fine baguette qui me soutient et je deviendrais faible sourd et vide ».
Vous avez obtenu le grand prix du théâtre 2015 avec ce spectacle. Quelles ont été les suites de cette distinction ?
Le prix a clairement permis un éclairage sur le spectacle, un gage de qualité qui a permis à certaines personnes de s’intéresser à notre travail. D’autre part le spectacle a été capté et diffusé sur culture box, ce qui a permis de le diffuser encore plus.
Le thème de la pièce résonne très fort dans l’actualité d’aujourd’hui. Pensez-vous toujours que l’art peut dominer la barbarie ?
Le véritable thème du spectacle ce n’est pas la guerre mais l’humanisme. Ce sont deux hommes qui ont tout pour se détester doivent se parler pour s’en sortir. Il est évident que notre quotidien de 2017 est traversé par cette problématique, et le texte parle au public de 2017. L’art peut-il dominer la barbarie… je l’ignore, mais ce que je sais c’est que sans l’art ; l’homme serait un animal comme les autres, que la démarche artistique permet d’envisager le monde autrement.
« De quoi parlez-vous ? » mis en scène par Sophie Accard – « Matakonda entre en scène » d’Anne Vantal avec Sophie Accard
Trait d’Union : Pourquoi ce choix de Tardieu ?
Sophie Accard : Jean Tardieu met au cœur de ces cinq pièces un même personnage principal : le langage. C’est d’ailleurs l’un de ses sujets de prédilection. Magicien de la langue, Jean Tardieu s’amuse et fait virevolter les mots, les détournant de leur sens initial ou les remplaçant par d’autres. Il invente un nouveau langage et multiplie les questions : qu’est-ce que parler veut dire ? Le sens d’une pensée peut-il être saisi à l’aide de gestes ou d’intonations seuls ? Où s’arrêtent les frontières de la parole ? Les limites de la communication ? Et puis le style de Tardieu est inimitable : décalés, loufoques, surprenants, terrifiants parfois, ses textes allient toujours dérision et poésie. C’est ce qui m’a conquise dès la première lecture !
Mettre en scène le langage comme personnage principal de ces cinq pièces courtes nécessite une aisance avec les mots. Comment avez-vous travaillé ?
Tout d’abord, nous avons fait beaucoup de lectures. Il fallait décortiquer les codes d’écriture de Jean Tardieu, comprendre son style, ses sous-entendus, sa sensibilité. C’est un genre emprunté, légèrement daté : il fallait énormément répéter pour rendre chaque phrase limpide, que ce soit dans sa prononciation ou dans son sens. Tardieu ne laisse pas place à l’improvisation ou l’à peu près. Une fois les grandes lignes établies, j’ai fait appel à un magicien et un chorégraphe afin d’apporter la touche “cabaret” qui me tenait à chœur. Les changements de costumes et de décors sont omniprésents ! Il était primordial d’enchaîner les filages pour trouver notre rythme et notre musique à nous afin qu’il n’y ait aucun temps mort ni approximation !
Pour « Matakonda », les critiques expliquent que vous avez réussi à transformer ce conte en faisant naître l’illusion du théâtre. Qu’en pensez-vous ?
Je crois que les critiques disent vrai ! Le texte initial d’Anne Vantal est un roman : “Matakonda la terrible”. Il a fallu rendre ce texte théâtral et la mise en abîme était probablement la meilleure idée possible : montrer aux enfants qu’à partir d’un roman, un conte, on pouvait, avec quelques costumes, quelques accessoires et beaucoup d’imagination, recréer l’histoire “en vrai”, au théâtre. Faire exister le conte… On s’est beaucoup inspiré de cette phrase que prononcent souvent les enfants : “On dit que…”. A deux, on joue tous les personnages imaginés par l’auteur, et les enfants, à la fin, pensaient que nous étions plus nombreux sur scène: l’illusion a fonctionné.
« Les fourberies de Scapin » et « Adieu, Monsieur Haffmann » de Jean-Philippe Daguerre
Trait d’Union : Vous vous dites « boulimique » de Molière. Comment faire découvrir aux plus jeunes Molière et ainsi le rendre plus accessible ?
Jean-Philippe Daguerre : Le problème avec les pièces de Molière pour les plus jeunes c’est de l’étudier alors que c’est du théâtre et que c’est écrit pour être joué sur scène. La difficulté du sens de la langue disparait derrière la clarté des situations et des sentiments lorsqu’on joue Molière avec rythme et générosité…et tout à coup les choses s’éclairent et deviennent plus claires pour laisser voir la modernité des propos ainsi que l’art de la comédie chez Molière.
On vous connaît comme metteur en scène
mais peu comme auteur (Adieu Mr Haffmann). Pourquoi avoir décidé de sauter le pas ?
Après avoir été chanteur, comédien, metteur en scène je voulais tenter de voir si j’étais capable d’écrire une pièce…je ne sais pas si le résultat est probant mais je l’ai fait et j’ai pris beaucoup de plaisir à mettre en scène ce que j’ai écrit… en espérant que pour le spectateur il en sera de même.
Cette histoire rassemble, à elle seule, tous les grands thèmes de notre société, trahison, amour, solitude, conflits. Pourquoi avoir choisi de la raconter au théâtre ?
Parce que ce sont des sujets qui me passionnent et m’obsèdent dans ma vie quotidienne et comme le théâtre est un formidable moyen psychologique et artistique pour exprimer ses doutes et ses passions j’ai plongé avec mes émotions dans l’écriture de la pièce.
Au programme de cette deuxième édition:
• Les fourberies de Scapin de Molière, mercredi 15 Mars, 20h – FIS Auditorium
• Le choix des âmes de Stéphane Titéca, jeudi 16 mars, 20h – Chinese International School Auditorium
• De quoi parlez-vous ? de Jean Tardieu, vendredi 17 mars, 20h – Chinese International School Auditorium
• Matakonda entre en scène, d’Anne Vantal, spectacle jeune public à partir de 5 ans (en français non sous-titré), samedi 18 mars, 15h – FIS Auditorium
• Adieu Monsieur Haffmann de Jean-Philippe Daguerre, samedi 18 mars, 15h – French International School Auditorium
Intégralité des recettes reversées à PSE
Adulte : 300 HKD / show
Etudiant (under 18) : 200 HKD / show
Spectacle jeune public (tarif unique): 120 HKD
THHFTF donation (4 soirées): Adulte: 1000 HKD
Etudiants (-18ans): 600 HKD
The Hong-Kong French Theater Festival
2ème édition du 15 au 18 mars
Facebook : https://www.facebook.com/The-Hong-Kong-French-Theater- Festival-297000470684122
Les réservations sur ticketflap sont ouvertes :