Chaud devant, chaud dedans
– Il est éblouissant, rayonnant, fascinant, très chaud, lumineux, pas tout jeune, au milieu de sa vie, égalitaire, plein de gaz, indispensable…
– Henry Cavill en transition vegan ?
– Égalitaire ?
– Bah quoi Superman…c’est égalitaire non ?
– Une étoile.
– C’est ça une star quoi !
– Qui a donné son nom à notre petit bout de galaxie.
– Ah ok, pas Henry Cavill alors.
Par Stéphanie Delacroix
Vous l’avez donc deviné, ce mois-ci je vous éclaire un peu sur le soleil, enfin plutôt au sujet du soleil parce que « sur » le soleil il fait un brin trop chaud : 5.500ºC, même si c’est plutôt frisquet comparés aux 15.000.000 degrés Celsius dans son noyau. Notre astre a grosso modo 5 milliards d’années au compteur et autant à venir, après tout l’hydrogène sera cramé et pouf plus rien de nouveau sous le soleil, plus de bonnes résolutions qui fondent comme neige au soleil dès que février pointe son nez.
On lui doit la vie puisque de cette étoile du jour vient notre lumière.
Cette grosse boule semblant se déplacer dans le ciel n’a jamais manqué d’intéresser les humains, les Aztèques, les Mayas, les Égyptiens et les Romains en ont fait des dieux, le consensus étant que le corps céleste était probablement tiré par un char ou qu’il tournait autour de notre galet (plat). Des rois, des sectes s’en sont revendiqués, synonyme de vacances, de bonne santé, d’énergie il tient une place particulière dans beaucoup de langues, riche en matériel métaphorique comme « l’amour est le soleil de l’âme » de Victor Hugo.
En français pour en parler on a pris le gallo-roman soliculu, forme du latin populaire soliculus lui-même issu du latin classique sol / solis.
En anglais sun vient de l’anglais ancien, sunne qui vient du proto-germanique sunno Rien de bien brillant ni même vaguement intéressant…En indonésien, par contre, le soleil c’est matahari : œil + jour et c’est assez clair, enfin juste.
Le sun étant loin (149 597 870, 700 kilomètres) de l’Angleterre et loin d’y d’être visible quotidiennement, nos voisins en ont fait un quotidien. Ils mettent le dimanche à l’envers : jour / day + soleil / sun = Sunday. En Indonésie « dimanche » c’est hari minggu : hari / jour + minggu / semaine, littéralement donc le jour de la semaine…les 6 autres n’en seraient-ils donc pas aussi des jours de la semaine ?
En japonais on se sert de la clé soleil « 日 » pour signifier plein de choses dont l’idée de jour 日, et de soleil : Tenpi 天日 : 天 (paradis, ciel) + 日 jour. Le dimanche, est aussi au pays du soleil levant (日本, 日 soleil 本 origine) le jour du soleil, nichiyōbi, 日曜日 le soleil du soleil donc…
Et qui est-ce qu’on retrouve dans les premières œuvres de science-fiction, roman ou film ? Non, pas Henry Cavill…le soleil, en version habité dans « Les États et empires de la lune et du soleil » — de Cyrano de Bergerac, le vrai : Savinien de Cyrano de Bergerac pas le personnage de la pièce de théâtre — qui est un des premiers romans de science-fiction écrit en 1657, sous le règne du Roi Soleil exactement, pas à côté pas n’importe où, sous le soleil, sous le soleil, exactement, juste en dessous, et « L’éclipse de soleil en pleine lune » de Georges Méliès, en 1907.
En attendant le printemps et de pouvoir passer les lundis au soleil, qui sait avec prescription médicale de vitamine D, dont le soleil – qui brille pour tout le monde sol lucet omnibus – est une bien meilleure source que les morues qui elles aussi ont besoin de leur foie, vous pouvez chantonner ma chanson favorite de Georges Harrison « Here comes the sun », ou relire quelques aphorismes de Jules Renard (pas les misogynes, seulement ceux qui sont drôles et intelligents comme « Le soleil se lève avant moi, moi je me couche après lui : nous sommes quittes. » ) ou de Sylvain Tesson, j’en ai trouvé 4 concernant le soleil, mais mon préféré est assurément « Une huître avec une coquille. ».