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Alerte sur la pratique de psy à Hong-Kong

La Hong-Kong Psychological Society (HKPS), organisme considéré comme officiel à Hong-Kong, envisage de changer son approche concernant l’autorisation ou pas de l’exercice de la psychologie, pour les cliniciens. Ce projet appelé Registration Criteria and Training Standard for the Accredited Register (AR) of clinical psychologists est une mesure, encore à l’étude, et pourrait entrer en vigueur à Hong-Kong d’ici la fin de l’année. Ce changement concerne principalement les professionnels ayant été formés à l’étranger et ne parlant pas cantonais. La nouvelle réglementation pourrait entrer en vigueur avant la fin de l’année. Inquiète des conséquences que pourrait avoir une telle réforme sur la profession, la française Maggy Dalmat, psychologue clinicienne nous en dit plus.

Propos recueillis pas Catya Martin

Trait d’Union : Pouvez-vous nous résumer votre alerte?

Maggy Dalmat : Nous représentons un large groupe de psychologues non sino-phones exerçant actuellement à Hong-Kong. Nous avons tous été formés à l’étranger et pour la plupart nous sommes enregistrés ou avons une licence d’exercice dans notre pays de formation. Tous avons appris brutalement, au milieu de l’été 2018, l’existence d’un projet, mené par la HKPS et mandaté par le gouvernement de Hong-Kong, qui aurait pour effet l’impossibilité pour nous psys formés à l’étranger d’exercer à Hong-Kong.

Ce projet est louable dans ses principes puisqu’il vise à renforcer les qualifications des professionnels de la santé mentale afin de protéger le public concerné. Mais dans sa conception actuelle, il exclut de facto toute personne n’ayant pas été formée à Hong-Kong, et aura ainsi pour effet de restreindre l’offre de soins en santé mentale pour les populations non sinophones.

Pourquoi souhaitez-vous alerter la communauté expatriée sur ce sujet ?

Elle constitue la base de la patientèle des psychologues étrangers/formés à l’étranger et mérite donc être informée de cette situation qui la touchera directement. Pour des raisons diverses, il est déjà actuellement difficile de trouver des soins en santé mentale à Hong-Kong. Or ce que nous proposons d’unique à nos patients est un accompagnement psychologique dans leur langue maternelle. Car parler dans sa langue maternelle est essentiel lorsqu’il s’agit d’évoquer des sujets personnels ou sensibles.

Les risques de ne plus pouvoir exercer sont-ils réels ?

Il est difficile de le savoir mais la HKPS semble déterminée à faire passer cette mesure rapidement, d’ici la fin de l’année. Bien que nous saluons l’effort louable déployé par la HKPS afin de mieux réguler la pratique clinique à Hong-Kong, nous sommes surtout atterrés par la méthode employée. En effet, tout au long des débats qui ont eu lieu, semble-t-il au cours des deux dernières années, il s’avère que les discussions se sont tenues en cantonais, excluant d’office tous les psychologues non sinophones.

Quelles seraient les conséquences sur le public ?

Si le AR venait à être adopté, il en résulterait un appauvrissement de l’offre de soins en santé mentale à Hong-Kong en général et pour la population expatriée en particulier.

Depuis quand exercez-vous à Hong-Kong ?

J’exerce depuis quatre ans en cabinet libéral. Je propose également des consultations deux fois par semaine dans la clinique IMI.

Qui sont vos patients ?

Je reçois essentiellement des adolescents et des adultes souffrant de troubles anxiodépressifs. Je propose également des évaluations psychoéducatives (tests de QI) en Français pour les enfants de 6 à 16 ans.

Pourquoi viennent-ils vous voir ?

La plupart de mes patients confient venir afin de pouvoir parler dans leur langue maternelle de leurs difficultés. Aucune autre profession n’est aussi sensible que la nôtre à cette nécessité de parler dans sa langue car il s’agit de trouver le mot juste afin de pouvoir mettre des mots sur les maux.