Evasion

Agadir : Fenêtre ouverte sur le Grand Sud marocain

Tournée vers l’immensité océane, la ville d’Agadir est surtout connue  pour être un lieu de séjour balnéaire. L’Atlantique lui fait don de pêches fructueuses et lui confère une douceur climatique, tempérée par les alizés. Mais Agadir est aussi un lieu idéal pour découvrir le Souss-Massa, une région aux portes de l’Anti-Atlas et du grand désert.

Par Christian Sorand

Ville moderne et cosmopolite, Agadir n’a pas l’aura d’autres cités chérifiennes plus célèbres : Marrakech, Rabat, Fèz, Meknès ou Tanger. Son histoire est pourtant fort ancienne. Mais il est vrai qu’un séisme meurtrier l’a forcée à arborer un look moderne, adapté aux risques telluriques. Aujourd’hui, Agadir est une métropole de 450,000 habitants, avec des infrastructures répondant aux exigences du XXIe siècle.

Les adeptes invétérés de soleil et de plage vantent son climat. Or, la qualité de ses prestations reste un atout supplémentaire permettant de partir explorer une région riche en sites naturels. Agadir et le Souss-Massa sont des lieux profondément berbères. Ici, la façade maritime se double d’un arrière-pays aride et montagneux, celui de l’Anti-Atlas. Plus au sud, les remparts ocre de Tiznit sont à la porte du Sahara.

Le Maroc est un pays riche en culture et traditions. C’est aussi un royaume historique aux paysages grandioses et aux saveurs gastronomiques reconnues ; un cocktail qui a l’avantage de s’ajouter à un ensoleillement exceptionnel. Bienvenue au “pays du soleil couchant”, lieu grec mythique où le char d’Apollon disparaît dans les flots. Des siècles plus tard, les conquérants musulmans l’appellent “maghrib”, traduction arabe du terme grec évoquant “le pays du soleil couchant”

Aux origines d’Agadir

Si nombre de mythes grecs s’enracinent sur cette terre (Atlas, les Hespérides, Antée, Héraclès, Apollon, les Atlantes), ce sont pourtant les Phéniciens, grands marins et commerçants, qui ouvrent des comptoirs le long des côtes d’un océan encore sans nom : Tingis (Tanger), Lixus (Larache), Sala (Salé), Mogador (Essaouira). Pour les Phéniciens, le site d’Agadir était connu sous l’appellation “gadir” [racine sémitique : GDR] signifiant “un mur” et par extension “une forteresse”. Mais dans cette région de parler berbère chleuh, le terme “agadir” s’applique dorénavant au “grenier collectif” dont l’apparence défensive lui donne une allure de forteresse (“ksar” en arabe). Agadir est effectivement surmontée d’une éminence, haute de soixante mètres, appelée aujourd’hui la Casbah et récemment dotée d’un téléphérique.

À partir du XVe siècle, les Portugais y implantent un fort, dans le sillage des grands navigateurs partis explorer les côtes africaines et le reste du monde.

Les vestiges historiques ont hélas disparu, vraisemblablement en fonction des secousses sismiques fréquentes dans cette région du globe. Le 29 février 1960, un tremblement de terre d’une magnitude de 5,7 a provoqué la mort de 15,000 personnes. Agadir avait alors une population de 40,000 habitants. Il y a eu depuis deux autres secousses : l’une en janvier 2015 et l’autre en février 2017. Fort heureusement, la ville nouvelle a été entièrement conçue pour résister aux secousses sismiques.

La ville d’aujourd’hui

Avec ses 340 jours de soleil annuel, la ville se tourne vers une immense plage de sable. Les plaisirs du bord de mer restent une activité permanente tout au long de l’année. Agadir est située au fond d’une large baie ; de ce fait, les vagues de l’océan se brisent au large, apportant à la plage une quiétude propice à la baignade. Une vaste esplanade a été aménagée le long de la plage. Elle est devenue le lieu incontournable de la station balnéaire. Car, bien entendu, on y trouve des cafés et des restaurants, plus nombreux encore à l’approche de la corniche et de la marina.

De grands travaux d’aménagement sont en cours. La ville va se doter d’un tramway, non pas sur rail, mais sur pneumatiques. D’autres chantiers sont destinés à améliorer la circulation ou à créer des espaces verts.

Le centre-ville n’est guère différent des villes européennes modernes. Malgré tout, l’empreinte française se retrouve dans les cafés, les magasins de journaux, les kiosques, ou les nombreuses boulangeries-pâtisseries. Plusieurs librairies de qualité ont la particularité de vendre des ouvrages en arabe, en français et en tamazight (langue berbère). Certaines ont aussi des livres en anglais étant donné la vaste proportion des touristes qui viennent séjourner ici en toute saison. Beaucoup de ces commerces sont tenus par des Libanais. Étrange ironie du destin, quand on sait que leurs ancêtres phéniciens ont été les premiers étrangers à s’établir ici. L’une des grandes mosquées de la ville est surnommée “la mosquée des Libanais”! Qu’à cela ne tienne, on trouve toujours une terrasse de café pour s’asseoir en se délectant d’un emblématique thé à menthe, voire d’une pâtisserie orientale !

L’activité portuaire d’Agadir est importante. C’est à la fois un port commercial et un grand port de pêche. Cette zone se trouve au pied de la citadelle surplombant l’agglomération urbaine au nord.

La route côtière de la corniche, conduit à Anza, une ancienne zone industrielle, devenue banlieue résidentielle populaire. Les Russes ont créé ici le delphinarium. Le bord de mer, au-dessus des rochers de ce petit cap, est en cours d’aménagement. Des troquets couleur locale invitent le soir à jouir du spectacle des couchers de soleil sur l‘Atlantique. En hiver, Anza est investie par les jeunes surfeurs qui en ont fait une de leurs bases. Et voici ce qui est encore peu connu : une partie de la plage d’Anza est consacrée à un site de dinosaures. Si ce site n’est pas encore totalement protégé, il a l’avantage de n’être rarement visité. Mieux vaut donc s’adresser au gardien. C’est un passionné des dinosaures et il se fera un plaisir de vous révéler les empreintes de ces créatures, uniquement herbivores ici. Sa maîtrise du sujet est absolument remarquable et inattendue, révélant une vraie passion pour ce lieu.

La Médina d’Agadir

Au sud de la ville, à la limite de l’agglomération d’Inezgane, il existe un lieu étonnant, assez peu visité, dénommé la  « Médina d’Agadir”.

Cet ensemble architectural est l’œuvre d’un artiste italien ayant passé toute sa vie au Maroc. Un jour, il décide de construire, presque par défi, un village qui rassemblerait toutes les techniques anciennes des Berbères. Certains pensent alors que ce n’est plus possible. Salvatore Polizzi (1941-2021) a donc passé plusieurs années de sa vie à concevoir ce site monumental. Il réutilise les techniques et la symbolique décorative de la culture amazighe. 

L’idée était de recréer une atmosphère berbère authentique qui serait adaptée au tourisme moderne. On y trouve donc une salle dédiée aux spectacles, un espace ouvert à gradins permettant d’accueillir des groupes folkloriques. Un quartier est réservé aux boutiques artisanales (bijoux, vêtements traditionnels, babouches, poteries, peintures, tapis). Il s’agit d’une vitrine sur les arts berbères conventionnels. Les mosaïques ont été créées selon les concepts romains. On y trouve aussi quelques cafés traditionnels, où il est bien agréable de s’asseoir après une visite,

Le parc national de Souss-Massa

Entre Inezgane et Tiznit, il existe un parc national peu connu, qui a été créé pour la conservation de la flore et de la faune régionale. L’entrée du parc se trouve sur la côte près d’Inezgane. On a d’abord voulu protéger certaines espèces existantes, telles que la gazelle ou l’ibis chauve, ou d’autres qui ont récemment disparu, telles que l’addax et l’oryx. 

Le cas de l’autruche d’Afrique du Nord est encore plus intéressant. Autrefois très répandue, cette race, existe toujours au Niger. Quelques autruches ont donc été importées dans l’espoir d’être relâchées dans quelques années. Cette variété à cou rouge est un peu plus petite que celle d’Afrique australe (au cou blanc). Les mâles sont noirs et les femelles sont blanches, ce qui permet d’alterner la couvée des œufs de jour ou de nuit, selon les couleurs respectives.

Agadir, parfois appelée la “capitale du Souss”, est un lieu privilégié permettant d’explorer une région peuplée par les berbères Chleuhs. Une autre curiosité locale est la visite des greniers collectifs fortifiés (les Igudar, pl. d’agadir). Ces monuments vernaculaires jalonnent le versant sud de l’Atlas nord-africain du Souss marocain au Fezzan libyen. En outre, les villes de la région méritent aussi une visite : Taroudant (Anti-Atlas), la vallée de Tafraout, ou encore Tiznit, porte du Sahara. De nos jours, il est devenu facile de se rendre à Agadir. L’aéroport international est desservi par plusieurs compagnies aériennes, plus récemment même par les low costs. De plus, une autoroute relie désormais Agadir à Tanger. Bientôt, la ligne du TGV, Rabat-Casablanca-Marrakech ira jusqu’à Agadir. 

Le Maroc reste un pays aux paysages grandioses, riche en histoire et en culture. L’infrastructure hôtelière et le climat tempéré de la baie d’Agadir permettent d’en faire un point de départ idéal pour s’approprier d’autres lieux, tels que Marrakech, Essaouira, le Haut Atlas, ou même les ksour d’Ouarzazate et de la vallée du Drâa.

Sources :

Agadir – Parc national de Souss-Massa – Souss-Massa – Tafraout – Tiznit

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