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Un peu de philosophie ne fait pas de mal !

Qui aurait pu croire que ma rencontre avec cette silhouette reconnaissable au premier coup d’œil, un dimanche après-midi, sur l’Avenue des Stars à Tsim Sha Tsui, réveille autant ma curiosité ?

Bruce Lee est incontournable, certes, de par sa contribution au cinéma des arts martiaux et parce qu’il continue d’inspirer les auteurs de films, de bandes dessinées, de jeux vidéo… et un immense public à travers le monde. 

Pourtant, ce sont ses pensées philosophiques qui m’inspirent aujourd’hui tant elles sont exprimées avec limpidité et collent à notre actualité/réalité du « monde avec COVID » !

Par Anne Suquet

 

Bruce Lee était une personne très curieuse toujours à la recherche de réponses aux questions de l’existence. Engagé dans des études de philosophie à l’université, il souhaitait pouvoir faire infuser l’esprit de la philosophie dans la pratique des arts martiaux. Après sa mort, l’entourage du maître a découvert des milliers de feuilles de papier recouvertes de notes, idées, réflexions philosophiques. Grand lecteur, il disposait d’une bibliothèque immense contenant environ 2.500 ouvrages qu’il étudiait régulièrement. Pour exprimer ses pensées philosophiques, il avait l’habitude d’utiliser des aphorismes ou des métaphores… Ces deux figures de style bien connues des écoliers français procurent « force » et « portée » à ses propos. En effet, un aphorisme est une maxime énoncée avec peu de mots tandis qu’une métaphore sert à illustrer une idée grâce à une image (un symbole) pour lui donner plus de « force ».

 

Sa philosophie de l’eau

« Sois comme l’eau… Vide ton esprit. N’aie ni forme, ni contour, comme l’eau. Si tu mets de l’eau dans une tasse, elle se transforme en tasse. Si tu la mets dans une bouilloire, elle se transforme en bouilloire. L’eau peut couler, peut être entravée, goutter ou se répandre. Soi l’eau mon ami”.

Au premier abord, l’eau semble faible, mais il est presque impossible de l’altérer. Lee a réalisé que l’artiste d’art martial devrait être comme l’eau. Chaque fois qu’il est confronté à une force brutale, il doit rediriger cette énergie et non pas s’y opposer de manière rigide. C’est la description de ce concept de plus en plus invoqué, à juste titre, de nos jours : « la résilience ».

La résilience est la capacité d’une personne ou d’un groupe à bien se développer, à continuer à se projeter dans l’avenir, en présence d’événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères. L’originalité de la résilience réside en sa double caractéristique : c’est à la fois la résistance à la destruction et la construction d’une existence valant d’être vécue.

 

L’histoire de la tasse vide

« Vide ta coupe pour qu’elle puisse être remplie. Deviens libre pour atteindre la plénitude ». Bruce utilisait cette métaphore à propos de la connaissance et la complétait par son histoire de la tasse vide. Au cours d’une rencontre entre un chercheur occidental et un Maître zen, ce dernier versait du thé tandis que le chercheur parlait sans relâche de sa connaissance du bouddhisme zen. Il était clair qu’il était motivé par le désir de montrer ses connaissances plutôt que d’apprendre quelque chose du Maître. Lorsque la tasse fut pleine, le Maître zen continua à verser le thé qui commença à déborder. Choqué, l’érudit demanda au Maître zen pourquoi il continuait à verser du thé. Le Maître zen répondit au savant qu’il était comme la coupe et que tant qu’il ne serait pas prêt à abandonner ses propres idées, le Maître ne pourrait rien lui apprendre. Les idées préconçues ne permettront jamais à une personne d’accumuler de vraies connaissances.

 

L’esprit est comme un jardin fertile

« L’esprit est comme un jardin fertile, il fera grandir tout ce que vous plantez, de belles fleurs ou des mauvaises herbes. Il en va de même pour les pensées qui peuvent être saines et positives, ou négatives, et qui dans ce cas vont étouffer et parasiter les autres, comme le font les mauvaises herbes. Ne laissez pas les pensées négatives entrer dans votre esprit car ce sont les mauvaises herbes qui étouffent la confiance », disait-il. Bruce Lee croyait fermement qu’il faut être responsable de ses actes et renforcer la confiance en soi. Un esprit rempli de pensées négatives finit par déformer la perception chez une personne.

 

Pour conclure, je propose à votre méditation un dernier aphorisme de Bruce Lee :

« Préserve toi en suivant les méandres naturels des choses et n’interviens pas. Rappelle-toi de ne jamais te défendre contre la nature ; ne sois jamais en opposition frontale à un problème, mais contrôle-le en t’équilibrant avec lui. »

Pour en savoir plus sur cet homme illustre de l’histoire de Hong-Kong, je vous invite à visiter l’exposition consacrée à cette légende des arts martiaux et du cinéma au Hong-Kong Heritage Museum ou à passer quelques heures à Kowloon Park, le dimanche après-midi pour regarder gratuitement tous les types de spectacles amateurs de «Kung fu» !