Symposium Ocean3C-EDU au lycée français
Mettant l’accent sur l’importance de la pollution océanique et marine, le programme Ocean3c est avant tout un projet à but non lucratif, basé sur la collaboration pour promouvoir la culture, par l’éducation et la science, et faciliter l’émergence d’une nouvelle économie circulaire. Entourés d’experts et d’enseignants d’autres écoles, Martial Jaume, pilote du projet et professeur au lycée français, avec Mme Leung, Mme Barthelon et M. Shum ont conduit les élèves à unir leurs regards et favoriser l’expression concrète d’actions en faveur de l’éducation à l’environnement. Plus de 100 élèves de plusieurs écoles de Hong-Kong ont participé à ce premier symposium le 21 janvier dernier. Avec leurs mentors, ils ont présenté leur vision de l’océan et de l’impact de la pollution plastique. Tous se sont réunis pour un seul objectif : promouvoir la protection des océans et la réduction des plastiques à usage unique. Rencontre avec un des « mentors », Cesar Jung-Harada, écologiste basé à Hong-Kong depuis six ans, éducateur et entrepreneur franco-japonais avec une formation de designer. Son but, explorer des façons de maximiser un impact social et environnemental positif.
Propos recueillis par Catya Martin
Trait d’union : Qu’avez-vous présenté aux élèves lors de ce symposium ?
Cesar Jung-Harada : J’ai présenté trois projets. D’abord un projet ancien où, avec Harbour School nous avons développé un robot qui mesure les particules de plastique dans l’eau. C’est un projet que l’on a mis en open source qui est donc en ligne.
Le second projet présenté est une machine qui permet de mesurer les courants avec des réseaux de capteur. On a fabriqué un outil de la taille d’une balle de tennis avec une antenne GPS à l’intérieur, une carte puce de téléphone mobile, une antenne de téléphone. Nous avons produit 110 machines que l’on a positionnées dans toutes les rivières de Hong Kong et nous avons mesuré le temps que prend un déchet pour aller de la terre à la mer. Nous avons aussi mesuré accidentellement que les déchets de HK prennent environ un mois pour arriver à Taiwan et un mois et demi pour arriver au Japon. En moins de deux mois les déchets de Hong-Kong deviennent des déchets japonais.
Avez-vous été surpris par ces résultats ?
Taiwan oui pour des questions plus techniques, car nous ignorions que notre carte SIM pouvait rester active si loin et avoir toujours les données. Depuis nous avons réalisé une nouvelle version connectée par satellite donc plus de surprise si ce n’est qu’un de nos capteurs a été attrapé par un pécheur chinois et se trouve donc aujourd’hui dans une poissonnerie en Chine (rires).
Sur le niveau de déchets plastique aujourd’hui à Hong-Kong dans les cours d’eau qui mènent à la mer, que pouvez-vous dire ?
Nous avons une démarche plutôt scientifique et donc nous essayons de ne pas avoir trop d’émotion.
Pas facile sur ce sujet ?
Effectivement. Même si nous sommes des spécialistes de la question, nous avons encore des surprises. Sur des plages où nous estimions trouver beaucoup de déchets, il n’y en a pas et l’inverse est également constaté avec des plages qui devraient être propres et que l’on retrouve jonchées de plastique.
Depuis combien de temps faites-vous ces recherches ?
Ce qui m’a vraiment lancé sur de la robotique maritime pour faire des mesures environnementales en général, c’était en 2010 pendant la marée noire de BP dans le golfe du Mexique. Au début j’étais donc spécialisé sur la cartographie de marée noire, plus récemment sur le plastique, sur la radioactivité des fonds marins aussi. En ce moment je suis concentré dans mes recherches sur la cartographie des récifs coralliens.
Arrivez-vous à convaincre votre entourage ?
Ma famille oui sans difficulté. Mon frère était engagé auprès des écologistes à Paris donc il est très concerné par ces problématiques. Je suis aussi un homme d’affaires, je travaille dans l’éducation, je peux voir que ces sujets sont aussi souvent utilisés comme des actions de marketing. Il est facile de faire une opération de nettoyage de plage et de mettre des photos mais sans forcément aller au-delà.
Comment avez-vous perçu l’attention des élèves du LFI ?
La plupart étaient motivés avec des questions pertinentes. Nous faisons de l’instrumentalisation pour protéger les océans et les étudiants sont assez critiques. Ils sont également très inquiets de la sécurité liée à nos instruments, notamment les capteurs dans les mers. Les questions concernaient donc aussi la sécurité des animaux mais aussi le risque d’apporter plus à la pollution avec nos instruments. C’est très bien qu’ils soient sensibles à cela.