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Santiago du Chili : Métropole du Pacifique au pied des Andes

Immense agglomération de sept millions d’habitants, la capitale chilienne s’étend au creux d’une large vallée, au pied des Andes. Métropole à deux visages, elle offre d’un côté, la face d’une ancienne ville coloniale et de l’autre, celle d’une cité résolument nord-américaine, plantée de gratte-ciel, affichant ainsi le nouveau visage d’un pays résolument dynamique.

Par Christian Sorand

La barrière andine sert de bouclier atmosphérique à la grande vallée centrale, fermée à l’ouest par la chaîne montagneuse de la côte pacifique la reliant au port de Valparaiso. Les quartiers de la ville ont des altitudes différentes comprises entre 400m et 700m. Si cette élévation modérée permet d’avoir une température plutôt agréable, la latitude apporte un ensoleillement qui, à certaines saisons plus fraîches, crée un voile de brouillard dans la vallée. La pluviométrie reste faible ici. Mais les Santiagois jouissent en hiver de la proximité des stations de ski andines et des plages de la côte Pacifique, de Valparaiso à Viña del Mar, à moins d’une heure de route. Et puisque l’on évoque les vignes (viña en espagnol), certains des plus célèbres vignobles du pays s’étalent aux portes de la capitale.

La ville coloniale.

Santiago du Chili a été fondée en 1541 par le conquistador Pedro de Valdivia (1497-1553). D’abord sous les ordres de Francisco Pizzaro, il devient ensuite le premier gouverneur royal du Chili.

En fonction des nombreux volcans andins, cette région, faisant partie de la “ceinture de feu”, a souvent été l’objet de violents tremblements de terre. Les deux derniers ont eu lieu en 1985 et en 2010. Par conséquent, le centre-ville historique offre assez peu de monuments anciens. Le cœur de cette ville est composé de rues piétonnes favorables aux commerces. Mais si la fébrilité est de règle dans la journée, les rues se vident le soir et le weekend, lorsque les Chiliens choisissent d’aller dans les nombreux centres commerciaux de la capitale.

Le cœur battant de la ville historique reste la Plaza de Armas,entourée d’arcades et de monuments tels que la Poste centrale, le Palacio de la Real Audiencia de Santiago devenu un musée, et surtout l’imposante cathédrale métropolitaine (1748-1906), particulièrement spacieuse à l’intérieur. L’un des rares édifices coloniaux qui subsiste reste la jolie Casa Colorada (1769) aux murs rouges et aux balcons en bois ouvragé.

Le centre-ville se caractérise par une architecture néoclassique datant du XIXe siècle : l’Opéra (Teatro Municipal), le musée des Beaux-Arts (1880) le Musée national d’histoire naturelle, la Bibliothèque nationale (1925). La visite du marché central (Mercado Central, 1872) n’est pas dépourvue d’intérêt, car on peut également y manger. Les fruits et les légumes ou encore les produits de l’océan (poissons et crustacés) participent aux richesses culinaires du pays.

Le palais de la Moneda est un lieu de visite emblématique de la capitale. C’est le palais présidentiel dont l’histoire est restée gravée par le coup-d’état militaire du général Pinochet, en 1973, ce qui avait provoqué le suicide de Salvador Allende et ouvert ainsi la voie à une longue purge sanglante, marquant au fer rouge l’histoire moderne du Chili. La Moneda, comme on l’appelle iici, a d’abord été l’hôtel des des Finances avant de devenir le Palais présidentiel. L’un des présidents de la nouvelle démocratie chilienne a été Michelle Bachelet, dont l’arrière-arrière-grand-père était un vigneron bourguignon, immigré au Chili. Elle occupe aujourd’hui un poste important aux Nations Unies.

L’avenue O’Higgins traverse la totalité de l’agglomération urbaine de Santiago. Elle porte le nom du premier président du pays, Ambrosio Bernardo O’Higgins (Irlande,1720 -Pérou, 1801), d’origine irlando-espagnole. Il a d’abord été administrateur colonial avant d’être chef d’État. En venant du centre-ville au nord, le côté sud de l’avenue O’Higgins mène à une vieille église, Santo Domingo (XVIIIe siècle), derrière laquelle se trouve un charmant quartier historique, surnommé le Barrio Paris-Londres. Ses rues pavées et ses maisons coloniales abritent aujourd’hui des gites et des petits hôtels de charme. Le nom de cet îlot urbain provient du fait qu’il est composé de deux rues : la Calle Londres et la Calle Paris.

Un peu plus loin, côté nord de l’avenue, le Cerro Santa Luciaest une colline historique, devenue un parc. Le sommet surplombe la ville et offre un beau panorama. Au pied du parc, la fontaine de Neptune est un lieu de rencontre populaire.

Le quartier de Bellavista est également dominé par la colline San Cristobal (860m), surmontée d’une grande statue de la Vierge.Le Barrio Bellavistaestle quartier bohème de la capitale. Il s’anime le soir pour accueillir une clientèle locale et des touristes attirés par ses nombreux bars et restaurants. Souvent au Chili, les murs des maisons sont ornés de superbes peintures murales contribuant au charme des lieux. C’est l’endroit idéal pour tester l’excellence des vins chiliens ou des spécialités culinaires du pays ; sans oublier les bières artisanales locales qui sont particulièrement populaires au Chili. Ce quartier abrite l’une des trois maisons de Pablo Neruda (1904-1973), la Chascona, dont la visite permet d’apprécier les goûts éclectiques du célèbre écrivain et diplomate chilien[1], lauréat du Prix Nobel de Littérature (1971).

La colline de San Cristobal est reliée à la ville moderne depuis Bellavista, par un funiculaire, et par un téléphérique.

La ville nouvelle.

Autant la ville historique peut parfois paraître incohérente, autant la ville nouvelle reste propre, agencée et soignée. Le centre névralgique du commerce et de l’économie s’y trouve, alors que le pouvoir politique et administratif a élu domicile dans la partie historique.

Si l’avenue O’Higgins sert un peu de pont entre ces deux entités, comme c’est le cas du réseau urbain du métro, la ville nouvelle sert de vitrine aux velléités économiques du pays.

Dans le quartier de Providencia, le Costanera Center combine l’un des plus grands centres commerciaux d’Amérique du Sud, au pied d’une tour de 62 étages [Gran Torre Costanera], haute de 300m et possédant une plateforme panoramique de 360ª. C’est le plus haut gratte-ciel d’Amérique du Sud, créé par l’architecte argentin, César Pelli, concepteur des tours Petronas de Kuala Lumpur.

Toutes les grandes chaînes hôtelières mondiales sont représentées dans cette partie de la ville, où l’on trouve de nombreux restaurants, des bars et des cafés branchés.

Par ailleurs, cette vaste agglomération moderne est devenue une zone résidentielle aisée. Elle est située littéralement au pied du massif andin dont le plus haut sommet est le mont Tupungato (6,570m).

La vie culturelle de Santiago est à l’image du pays, largement ouverte à la culture occidentale. Le Chili accorde une large place à la culture des populations indiennes originelles. La plupart des villes du pays ont des musées ethnographiques extrêmement intéressants. D’ailleurs, le musée d’Art précolombien de Santiago, situé dans un ancien palais de la ville historique, mérite une visite.

Le Chili est aussi un pays très soucieux des questions écologiques qui se posent aujourd’hui.  La ville de Santiago, à l’image d’autres villes du pays, offre un vaste réseau de pistes cyclables. Elles sont très populaires et l’on croise un grand nombre de personnes de tout âge se déplaçant à vélo soit pour le travail, soit pour une balade.

Un gros effort a également été fait pour créer des espaces verts. On a déjà évoqué le parc métropolitain autour de la colline de San Cristobal. Il se prolonge côté ville nouvelle dans l’immense parc du Bicentenaire (Parque Bicentenario). La plus belle réussite est celle de la coulée verte, le long de rivière Mapocho, qui traverse toute l’agglomération d’est en ouest. Les eaux brunes et tumultueuses de ce cours d’eau sont issues de la fonte des glaciers andins. Les berges ont été canalisées et la berge sud a été transformée en parc de loisir.

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Sources et liens :
Wikipedia
Musée d’Art précolombien : https://www.chile-excepcion.com/guide-voyage/archeologie-ethnologie/musee-dart-precolombien


[1] Une enquête en cours est chargée de déterminer si sa mort a été le résultat d’un empoisonnement imparti au régime militaire. Pablo Neruda a été l’ambassadeur du Chili en France de 1970 à 1972.