Tranche de vie

Quam minimum credula postero

Ça y est, nous y sommes, septembre c’est la rentrée. Si vous m’aviez dit en juin dernier qu’on s’apprêtait à vivre une rentrée scolaire en ligne, je ne vous aurais pas cru parce que cette troisième vague de COVID à Hong-Kong, je me la suis prise comme une gifle et pas une petite.

Par Perrine Tavernier

 

21… 21, c’est le nombre de jours enchaînés en juin dernier sans le moindre nouveau cas de COVID en local. A cette époque, j’ai pensé que la pandémie était derrière nous.

On avait pris notre décision de ne pas rentrer en France cet été et j’avais tiré au cordeau un programme pour passer de bonnes vacances ici, à Hong-Kong.

Ainsi à l’apparition des nouveaux cas locaux début juillet, j’ai pensé que les clusters étaient maîtrisés et que cela allait vite passer… La suite, nous la connaissons.

Plus le compteur des nouveaux cas augmentait et plus je sombrais dans une colère silencieuse. Silencieuse, parce que je ne voulais pas accepter cette troisième vague. Je m’étais mise en tête que nous aurions une augmentation des cas suite aux retours de vacances mais pas avant, pas comme cela.

Pour moi, cette troisième vague n’était pas rationnelle. Avec toutes les précautions prises par Hong-Kong, le port du masque, le nettoyage de tout, partout, tout le temps… Le principe du « untraceable » me figeait dans l’énervement. Quand je voyais tout le monde faire « Bienvenue à Galaswinda » en France, sans masque, les uns sur les autres et sans reprise du COVID, j’étais dans l’incompréhension (sauf que là encore, j’avais tort sur la reprise de la pandémie…).

D’ordinairetant attendues, les vacances de mon mari était une source d’interrogation. Je nous ai imaginés plonger dans les douves de l’ennui tous les quatre à la maison. J’avais beau me répéter que nous n’étions pas malades, que nous avions de la chance d’être ensemble en bonne santé, rien ne me soulageait. C’était même pire, je culpabilisais de me plaindre.

J’oscillais entre énervement, désespoir et euphorie. Tel Kanye West, la bipolarité me guettait… Le point d’orgue a sans doute été la panne de l’ensemble des climatiseurs de notre appartement qui, nous l’avons découvert, sont tous reliés au même système de refroidissement. L’appartement s’est transformé en cocotte-minute où durant quatre jours, nous avons vécu en slip du matin jusqu’au soir.

Il a fallu remonter la pente et la réparation de la climatisation a certainement aidé à me rafraîchir les idées. J’ai épluché l’ensemble des pages internet du site de la parapharmacie française bien connue des expatriés et j’ai passé commande. J’ai bien vu que mon colis avait été ouvert par la douane et à mon avis, après vérification, les douaniers ont dû se dire qu’il était urgent de le laisser passer. A l’intérieur : six spray concentré de sérénité jour et nuit, 112 gommes à mâcher libération rapide, des pastilles apaisantes à foison, un cocktail de tisanes Joie de vivre, Bonne humeur et dans la perspective de grands moments, un élixir Peur et Angoisse. Sans a priori, j’ai lu religieusement les précautions d’usage et je me suis lancée. Et pschitt pschitt pschitt dans le coco, les tisanes coulent à flot sans oublier les fameuses gommes à mâcher libératrices. Cela a du bien me détendre surtout au moment où la décision de ne pas ouvrir les écoles pour la rentrée de septembre a été communiquée (correspondant à la première utilisation de l’élixir Peur et Angoisse). Et, à en croire le dispositif à distance qui va être mis en place, j’ai le sentiment que pour certains, les vacances d’été ont dû être de courtes durées…

Lorsque je suis devenue mère, j’ai vite compris qu’il y avait deux types de mères de famille. Il y a celles qui sont dans la maîtrise de leur quotidien, qui s’organisent pour éviter les désagréables aléas surtout lorsque leurs enfants sont en bas âges et puis, il y a les menteuses. On en a tous une dans notre entourage qui nous bassine avec son « carpe diem », ma vie est une succession de surprises où tout se déroule à merveille (et mon œil).

Pourtant, s’il y a bien une chose que j’ai retenu avec cette crise sanitaire, c’est qu’on ne peut plus trop prévoir. Terminé les plans sur la comète, il va falloir faire ce que je déteste : vivre au jour le jour sans programmer. Ou sinon, accepter que le temps passé à organiser quelque chose peut être balayé d’un revers de la main et s’effondrer tel un château de carte car c’est bien la vie d’aujourd’hui que nous menons… s’adapter en permanence et tenir.

Sur ces réjouissances, je vous laisse, je dois lire les 15 pages de protocole à distance pour la rentrée en ligne de mon fils ainé.

 

Ma playlist

Artiste : Polo & Pan
Titre : Feel good
Album : Feel good

 

https://www.facebook.com/LCPerrine I

https://www.instagram.com/lescarnetsdeperrine/

https://lescarnetsdeperrine.com