L’été en France
Haaaaaaaaa les vacances d’été !! Cette période de l’année qu’on aime tous et qu’on savoure un peu différemment lorsqu’on est expatrié.
Par Perrine Tavernier
Quand nous vivions en France, c’était la foire d’empoigne avec mes sœurs et mes beaux-frères pour savoir qui réussira à confier les enfants aux grands-parents aux dates voulues. Maintenant que nous sommes expatriés, la situation a évolué puisque le challenge des vacances est de réussir à voir… ceux qu’on aime.
L’été est pour nous synonyme de séjour en France. Cet été, c’était le premier retour depuis notre installation en Corée du Sud. Alors, on a rempli les valises de produits cosmétiques, de nœuds-nœuds à cheveux, de claquettes, de gadgets en tout genre et de… raquettes à moustiques !
Au-delà des retrouvailles avec les familles et les amis, ce que j’aime par-dessus tout lorsque l’on rentre, c’est sentir l’odeur des maisons de famille. Une odeur indéfinissable que j’aimerais capturer pour la sentir de temps en temps quand je suis loin.
Les années d’expatriation m’ont appris à faire le « tri » dans nos connaissances. Alors maintenant, quand on rentre, on ne voit que les « incontournables ». Les « incontournables », ce sont ceux que nous n’avons pas vus depuis des mois, parfois des années et, lorsqu’on les voit, c’est « comme si c’était hier ». On connait tous ce sentiment mais pas avec tout le monde. Les « incontournables » nous envoient les faire-part de naissance à l’autre bout du monde. Ils nous invitent aux fêtes d’anniversaire même si on est loin. Ils sont dans leur quotidien en France mais on y a encore une place, tout comme eux ont la leur dans notre vie à l’étranger.
Je me souviens avoir croisé le chemin d’un expatrié chevronné qui m’avait expliqué qu’à partir du moment où l’on quittait son pays, les amitiés duraient 5 ans. J’avais trouvé cela triste et secrètement, il m’avait donné des angoisses. Il faut croire qu’il s’est trompé. Nos amis sont encore là, ils sont importants.
Côté famille, nos retours au pays sont aussi l’occasion de se réunir au grand complet : les grands-parents, les parents, les enfants, les petits-enfants…
On est heureux d’être tous ensemble mais « le risque de clash apparaît dès le troisième jour », d’après un article intitulé Quand la réunion de famille tourne au cauchemar. En ce qui nous concerne, il suffit de 48 heures pour mettre en route la pétaudière. Je plaisante ! En réalité, je les vois passer les « pics » car les vieilles rivalités persistent. « Chaque adulte qui revient dans la maison familiale retrouve son âme d’enfant et avec, sa quête de reconnaissance… ».
L’expatriation met à distance tout cela, je ne me sens plus concernée parce que je suis ailleurs.
On a fêté les 45 ans de mariage de mes parents, et on a dansé sur Claude François, Johnny Hallyday, Émile et Images… Et bien sûr, on a dansé le jerk ! C’est ringard mais j’adore ces soirées et maintenant que mes fils sont en âge de rester danser avec nous, j’ai partagé mon bonheur de leur apprendre la chorégraphie de YMCA (de rigueur dans la famille).
Enfin le séjour en France est aussi l’occasion de mettre en place un régime alimentaire qui consiste à manger le plus possible tout ce que l’on aime à n’importe quelle heure. Ainsi, je peux manger du roquefort au petit-déjeuner, une tranche de pâté en croûte en plein après-midi. La phrase « arrête de manger du pain » adressée à tout enfant français en début de repas est strictement interdite aux miens. En France, ils mangeraient de la baguette même en dormant. La prise de sang pour vérifier le taux de cholestérol est naturellement à proscrire puisque la charcuterie et le fromage sont sur la table tous les jours.
Le temps passe et le retour en Corée du Sud approche. Petit à petit, on effectue les achats que nous emporterons dans nos bagages pour avoir un peu de France à Séoul.
Et la question solennelle arrive : où va-t-on planquer le saucisson dans les valises cette année ?
À chaque achat, on présente nos passeports pour la détaxe. La Corée du Sud a le vent en poupe. Nombreux ont été les engouements en constatant notre lieu de résidence. C’est fou l’effet « Waouh » que procure notre pays d’accueil ; il fait rêver incontestablement.
Cela a beau faire longtemps que nous avons quitté notre pays, les départs de France sont toujours difficiles pour moi. J’ai le cœur lourd, la gorge serrée.
Ces vacances ne sont pas comme les autres, la charge affective est lourde et je n’ai jamais aimé les au revoir.
Bien sûr qu’on est heureux de vivre cette vie à l’étranger mais une expatriation, c’est de l’intelligence émotionnelle, c’est prendre le meilleur côté des situations de vie qui s’offrent à nous, c’est faire des choix, c’est sortir de sa zone de confort.
Je l’ai déjà écrit mais c’est toujours vrai : une vie d’expatrié n’est pas une vie hors norme, ou en dehors de la « vraie vie », c’est juste une vie mais loin.
Les 12 heures passées dans l’avion de retour vers Séoul me permettent de laisser mon spleen dans les nuages. On rentre à la maison, groggy par le voyage et le décalage horaire.
J’ouvre les valises pour faire les mille et une machines à laver qui tourneront durant la semaine et surtout, pour retrouver le saucisson.
Mon mari reprend le chemin du travail. Il ne rentre plus dans ses costumes, signe que nous sommes bien de retour de France.
Il n’y a pas mieux qu’une vague de l’Atlantique à St Gilles Croix de Vie, pas mieux qu’une bouffée d’oxygène dans les forêts du Morvan, rien de mieux que l’odeur du pain dans les boulangeries, que le scintillement de la tour Eiffel, que les feux d’artifice du 14 juillet, que les fêtes foraines… Rien de mieux qu’un été en France.
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Artiste: Thierry Hazard – Titre: Le Jerk