Culture

Le carnet magique de Matthieu Motte

Rencontre avec une personnalité hors norme qui a fait de Hong-Kong son nouveau pays, de Stanley son village. Matthieu s’est sauvé par le Kong, son magazine, et sauve de nombreux étudiants pour le bac grâce à sa connaissance de la langue française et sa passion pour la littérature. Son secret ? L’usage d’un carnet magique. Portrait d’un homme (d)étonnant qui partage ses bons plans en ville.

Par Stéphanie Stiernon

 

C’est au cœur de Sheung Wan, au pied du Man Mo temple (NDLR : temple dédié à la littérature) autour d’un plat de Dim Sum revisité façon européenne que Matthieu explique comment son arrivée à Hong-Kong, en 2014, l’a ramené à ses premières amours, la littérature et l’écriture. « J’écris depuis toujours, je suis littéraire et j’adore ça. J’ai fait hypokhâgne, khâgne et une licence de lettres mais j’avais mis ça de côté pendant un temps.»

Après avoir participé à la comédie musicale « 1789 – les amants de la Bastille » puis chanté en tournée avec son groupe pop-rock Caravage, Matthieu débarque à Hong-Kong, sans vraiment savoir ni pourquoi ni comment.

 

Sauvé par le Kong

Entre copains, au détour de rencontres, le magazine Sauvé par le Kong est né. Pour partager en écrits et en images ce que ressent l’expatrié qui arrive dans cette ville cosmopolite, comme lui. Matthieu et ses acolytes confessent dans des billets d’humeur l’étonnement et l’émerveillement que peuvent susciter les échafaudages en bambou, la conduite (très) sportive des chauffeurs de bus ou encore le côté plurilinguistique insolite de la métropole. Il aime utiliser la riche langue française et ses figures de style pour décrire ce qu’est devenu ce qui était un port de pêcheurs il y a encore 200 ans. Il laisse sa plume s’évader et permet au lecteur d’en faire autant. « Le magazine est fun, décalé et résolument tourné vers l’avenir. C’est un magazine qui aime la littérature, la photo, le rock, le street art, le second degré, la poésie et la porcelaine chinoise.»

 

Sauvés pour le bac

Il décrit Hong-Kong comme une ville pleine de mystères, de rebondissements et d’opportunités qu’il saisira grâce à de bonnes idées, du travail et l’aide de personnes comme Nicole Tam de l’école Loupichou ou Madeline Bron de la librairie française Parenthèses « Elles m’ont aidé à mettre le pied à l’étrier ».

Galvanisé par l’énergie de cette ville, Matthieu crée en parallèle de son magazine, Sauvés pour le Bac, une préparation au bac pour étudiants où il leur apprend à parler, à raisonner, à enchaîner les idées en maîtrisant les mots. « Le français est une rigueur. Plus tu enrichis ton vocabulaire, plus tu peux maîtriser ta pensée, exprimer clairement ce que tu veux et ouvrir le spectre de ta vie. C’est ta liberté, le gage de ton indépendance ». Il livre son secret à ses élèves : consigner et définir chaque nouveau mot ou expression inconnus dans un carnet magique. Comme il le fait depuis 20 ans.

 

Sauvés par la poésie

Il poursuivra ses missions de sauvetage en organisant chaque année des concours de poésies (sauvés par la poésie) afin de vulgariser ce genre littéraire et rendre accessible sa prosodie au grand public. Restez attentifs, le prochain concours s’annonce haut en chansons.

 

Bons plans de Matthieu

Après son carnet magique, Matthieu partage avec enthousiasme son carnet d’adresses à Hong-Kong.

Business : pour démarrer ou s’installer, prendre contacter avec l’Union des Français à l’Etranger (UFE) et networker, notamment avec les cercles d’alumni.

Lecture : Parenthèses, une librairie française qui possède de nombreux livres dédiés à l’histoire d’Hong-Kong.

Ses incontournables : le Club 71 (d’où a démarré la révolution des parapluies), le Sensee 99 (où il répète avec le groupe électrogène Fanfare Club), le Saint-Germain, Man Mo Café, Tambour ou Peel Fresco.

Ce qu’il sait aujourd’hui c’est que cette ville lui correspond. « Elle est caféinée, vibrante et pleine de métissages, j’ai envie de crier « à nous deux maintenant ! » comme Rastignac de Balzac ». Il travaille beaucoup, presque tous les jours, son travail c’est sa passion. Et quand il ne travaille pas, il chante, joue de la guitare et enchaîne les parties de scrabble en réseau. Décidemment, les mots de la langue de Molière et lui, c’est une vraie histoire d’amour.