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L’Afrique du Sud, le bonheur, l’avenir et autres

L’Afrique du Sud est un grand pays moderne. Les routes sont belles et en bon état, convenablement éclairées, bien signalisées, des embouteillages aux heures attendues, la vie, la vraie.

C’est ce qu’on se dit quand on s’engage sur la 44, une belle route qui va de Paarl à la mer en passant par Stellenbosch.

La 44 est au vignoble sud-africain ce que la départementale 2 est au Médoc, pas tout à fait une route des châteaux, mais presque. D’ailleurs, il n’y a pas de châteaux, les Africains disent « ferme » pour « domaine ».

Ici, nous sommes à quelques kilomètres du Cap, la grande ville emblématique depuis des siècles de ce Finistère du continent africain, une manière de bout du monde agité, vivant, convulsif ; contradictoire, aussi. Moderne et créatif.

Par Nicolas de Rouyn

 

La viticulture sud-africaine est calée, pour l’essentiel, sur deux cépages emblématiques. Le chenin, en blanc. Le pinotage, en rouge. Ce dernier est un croisement du pinot noir et du cinsault qui donne des vins puissants, profonds, parfois difficiles. Extraire le meilleur d’une vigne de pinotage est une gageure, il n’est pas toujours facile de sortir des vins fins, gouleyants, enthousiasmants.

Mais c’est possible. François Naudé, un vinificateur très connu à Stellenbosch, maître de chai à L’Avenir jusqu’à son rachat par Michel Laroche, grand gourou du pinotage, en a administré la preuve maintes fois et, aujourd’hui, ses vins du milieu des années 2000 sont très agréables et montrent le chemin.

Et il y a tout le reste. A l’instar de leurs homologues du Nouveau monde, les vignerons sud-africains se sont intéressés à toute la gamme des succès de l’Ancien monde. Depuis le blend le plus international, cabernet-syrah, jusqu’aux cépages les plus qualitatifs, viognier, nebbiolo, pinot noir, etc.

Les assemblages qui ont fait la gloire des appellations les plus en vue se retrouvent au catalogue de la viticulture sud-africaine. Syrah-viognier, par exemple, comme en côte-rôtie. Il y a aussi un peu du reste.

Par exemple, ici et là, on s’intéresse au méthode-cap-classique ou MCC, un effervescent qui peut être très bon, en blanc comme en rosé. Ici, comme en Californie, même si l’histoire des vignobles n’est pas comparable, on dénote une grande liberté. Ils écrivent l’histoire, ils ne la subissent pas.

Ailleurs, le Lude, micro-vignoble de trois hectares à Franschhoek, est un maître du MCC. L’endroit, d’un grand raffinement, est assez emblématique de ce bout de la route, Franschhoek, le coin des Français, aujourd’hui une campagne très bien peignée. Les huguenots débarqués plus au sud avaient commencé à monter vers le nord et, quand la montagne fit barrage, ils se sont installés dans cette sorte de vallée du bonheur.

 

On est alors au XVIIe siècle, peut-on dire que l’Afrique du sud fait partie du Nouveau monde du vin ?

Et il y a les très fameux liquoreux sud-africains, dont ce vin de Constance historique dont Napoléon en exil à Sainte-Hélène faisait grand cas, au point d’en boire une bouteille par jour.

Dans cette nature civilisée bien calée dans des paysages extraordinaires de montagnes et de mer, on a très vite compris les mérites du tourisme dédié, l’œno-tourisme.

La très grande majorité des domaines est équipée de tous les attributs nécessaires à la réception d’une clientèle de passage.

Grandes, lumineuses et confortables sont les salles de dégustation. Multiples, les offres « spéciales » à l’attention du touriste.

Et, comme en Californie ou en Oregon, chaque domaine a son wine-club avec ses cuvées exclusives, ses casquettes de base-ball et ses t-shirts floqués.