La chronique de Stéphanie
Drôles d’oiseaux
Attention il est petit et il va sortir ! En espérant qu’il ne soit pas de mauvais augure ni de malheur mais plutôt de Paradis…
Par Stéphanie Delacroix
En français on aime bien se donner des noms d’oiseaux et aussi mettre des oiseaux dans nos expressions « négatives » ? Être un vrai pigeon, le dindon de la farce, bête comme une oie, un vautour, un vieux hibou, une vieille chouette, comme un oiseau sur la branche, une tête de linotte (et oui la linotte mélodieuse est un petit passereau, mélodieux donc et qui devient tout rose au printemps), un drôle d’oiseau, bavard comme une pie, faire le pied de grue, un froid de canard, bailler aux corneilles, le miroir aux alouettes, saoul comme une grive, un vieux rossignol, la politique de l’autruche, avoir un appétit d’oiseau, une cervelle d’oiseau…Oui, oui il existe aussi des expressions positives mais moins : voler de ses propres ailes, être gai comme un pinson, être l’oiseau rare, la poule aux œufs d’or, petit à petit l’oiseau fait son nid…et ? Euh…ma poule ? Mon poussin ?
En anglais, ma préférence va à Dead as a Dodo (mort et enterré), Free as a bird (libre comme l’air), et Crazy as a Loon (fou à lier).
Certainement pas à « kill 2 birds with 1 stone » (d’une pierre deux coups).
En argot anglais attention, a nice bird n’est pas un Aves à l’aspect plaisant mais une (jeune) femelle homo sapiens à l’aspect agréable.
A Hong-Kong il y a beaucoup d’oiseaux (522 espèces dont seulement 23 introduites par l’Homme), on peut y manger soupes de nids d’hirondelles et langues de canards au soja. Qui dit mieux ? Ortolans, foie gras, foies de volaille ?
L’idéogramme pour « oiseau » est au Japon comme en Chine à base de blanc et de plumes, 鳥, prononcez niao en chinois et tori en japonais, comme dans le proverbe 籠の鳥 雲を慕う, Kago no tori kumo o shitau, L’oiseau en cage rêve(ra) des nuages, c’est-à-dire qu’on rêve de ce dont on est privé.
L’Indonésie (dont on notera que le symbole national est un oiseau, un aigle : Garuda…nous aussi me direz-vous, avec le coq gaulois) se targue d’être la patrie de nombreuses espèces endémiques dont les fameux Paradisiers. Les attraper eux, ou tout oiseau passablement joli ou mélodieux, et les faire rêver de nuages semble ici être une maladie parmi les plus répandues de l’archipel. Bref, niveau oiseau, la langue indonésienne a l’occasion encore une fois de montrer sa belle créativité :
Burung unta = oiseau + chameau : Autruche
Burung hantu = oiseau + fantôme : Hibou
Hantu cas, je n’ai pas perdu complètement mon temps (et le vôtre non plus, j’espère) en écrivant cette chronique car j’ai découvert que l’on appelait « la langue des oiseaux », un système de codage homophonique des mots fondé sur les sonorités et les associations d’idées et non sur ce qui est vraiment écrit (regardez, un mets sage se crée*). Sis thème qui aurait des eaux riz gin ancestrales et mystiques, miss tic ou pas, je trouve ça très drôle, probablement parce que j’aime beaucoup les filets avalés (rets bus). C’est chouette non ?
*Dans ma grande mansuétude, je traduis le premier : un mets sage se crée = un message secret.