Culture

Jérôme Clément : modernisation et communication volontaristes pour apprendre et transmettre

Le président du réseau des Alliances françaises a terminé sa tournée en Chine par Hong-Kong le 4 novembre dernier. Une opportunité pour le fondateur de la chaîne Arte d’inaugurer les locaux rénovés de l’Alliance française à Jordan et de répondre aux questions de Trait d’Union.

Trait d’Union : La présidence de l’Alliance française est-elle une suite logique dans votre carrière après celle d’Arte ?

Jérôme Clément : Effectivement, j’élargis mon horizon puisque j’étais sur le « franco allemand » et sur l’Europe et là je passe à une dimension différente. Je crois profondément que la culture française, pour laquelle je me suis battu toute ma vie, a une place à prendre et doit faire entendre sa petite musique dans la diversité du monde. Nous n’avons pas envie d’un monde qui soit globalisé et entièrement homogène, ce qui est effrayant. Il faut donc que chaque identité linguistique et culturelle trouve sa place. C’est extrêmement important pour le français et la France de faire ce travail pour que tous ceux qui s’intéressent à notre histoire, à notre culture, à notre littérature et aux valeurs qu’elles transmettent soient à même d’y participer. C’est une richesse. Cette belle cause m’intéresse beaucoup, j’ai accepté cette responsabilité pour y consacrer mon énergie.

Quelle est votre feuille de route et quels vont être les changements, les évolutions ?

Il faut s’adapter au monde moderne et il est numérique ! Tout ce qui permet de communiquer avec d’innombrables personnes simplement par le biais d’un clic permet d’atteindre beaucoup de populations qui n’ont pas forcément accès aux médiathèques ou aux classes en raison, par exemple, de l’éloignement géographique. Notre première priorité est de moderniser tout le réseau des 850 alliances réparties dans 156 pays pour que toutes soient à la pointe de la technologie. Dans le même temps, il faut bien positionner la marque Alliance française dans le monde en ayant maintenant une démarche volontariste : aller chercher là où ils se trouvent tous ceux qui, sans peut-être même le savoir, ont envie de ne pas être dans le rouleau compresseur de la mondialisation. C’est à eux que nous nous adressons et c’est une priorité. Modernisation, démarche volontariste pour ceux qui s’intéressent à nous et puis dans le monde moderne où la communication joue un rôle important, il faut parler, communiquer, agir pour montrer que le français et la culture française représentent l’avenir, un avenir parmi d’autres mais un avenir qui doit jouer son rôle dans le monde.

Vous étiez aux USA il y a quelques jours, vous terminez une tournée en Chine, est-ce une volonté de votre part d’aller à la rencontre des collaborateurs qui animent votre réseau ? Vous pourriez le faire par internet…

Rien ne remplace le contact humain. Internet peut être un substitut, un produit d’appel mais la rencontre est essentielle. Je ne peux comprendre cette belle institution que si je comprends comment elle travaille, si je rencontre les gens qui sont sur le terrain. Cela m’a beaucoup intéressé pendant mon séjour en Chine de comprendre les attentes, les besoins de directeurs d’Alliances situées dans des villes un peu éloignées qui sont aux prises avec la réalité humaine chinoise. C’est tout à fait essentiel, à la fois pour moi mais aussi pour eux. Pour qu’ils voient qu’il y a un président qui les écoute, qui est attentif à ce qu’ils pensent, qui entend leurs demandes et qui essaye d’être en phase avec eux parce que, c’est quand même dans les Alliances que se trouvent les armées qui portent l’idée que je viens de défendre. Je suis à leur service.

Quels ont été les temps forts de votre voyage en Chine ?

J’ai vu beaucoup de jeunes, Français et Chinois qui s’engagent pour défendre cette idée, à la fois pour les uns de transmettre et pour les autres d’apprendre. Apprendre et transmettre ce sont de très beaux mots et je les ai vus à l’oeuvre en Chine avec des étudiants ou des responsables, des professeurs qui ont vraiment envie de partager. Le désir de l’autre et ce désir de l’autre je l’ai recherché en créant une chaîne franco-allemande et européenne, et je le trouve à l’Alliance française sur une échelle planétaire. Il est essentiel. De la curiosité naît la compréhension et de la compréhension naît la volonté de paix. C’est un message humaniste parce que je pense que dans un monde difficile, violent, dangereux, la culture est un pont entre les hommes et les femmes pour éviter justement que les tensions ne dégénèrent en conflits et faire en sorte au contraire qu’elle enrichisse l’âme. J’ai toujours pensé que l’âme était essentielle à la vie humaine et que nous avions besoin des cultures pour vivre et pour penser. Contribuer à développer cette belle culture qui est la culture française est un enrichissement pour tous. Ce n’est pas un désir nationaliste qui m’anime, c’est un désir au contraire d’ouverture vers les autres et l’écoute aussi des autres.