Festival du film du développement durable au Lycée Français de Hong Kong
Organisé par le lycée français international de Hong Kong pour la troisième année consécutive, le festival* aura lieu au mois de mai 2024, marquant ainsi le 60e anniversaire de l’école à Hong Kong. Une nouveauté pour cette édition, la participation de nombreuses autres écoles de Hong Kong et d’autres pays de la région Asie-Pacifique voire au-delà. Le lancement officiel de cette nouvelle édition a eu lieu en octobre avec la présence de Melati Wijsen de Youthtopia La célèbre activiste de 22 ans, qui défend les causes environnementales devant les plus grandes institutions mondiales, est donc venue sur le campus pour présenter le film « Bigger Than Us », un film qui a fait parler de lui au Festival de Cannes il y a deux ans. Melati Wijsen et Iv Charbonneau-Ching, professeur d’Histoire-géographie au lycée et directeur du festival ont accepté de répondre à nos questions.
Propos recueillis par Catya Martin
Trait d’union : Êtes-vous amenée à vous rendre régulièrement dans les écoles au contact des étudiants ?
Melati Wijsen : En fait, oui. Mon histoire a commencé il y a dix ans et à cette époque, je n’avais que douze ans, et là, j’ai vite compris le pouvoir de notre génération. Je crois que le changement peut commencer dans les salles de classe.
Alors, oui, je passe une grande partie de mon temps dans les salles de classe du monde entier et aujourd’hui ici à Hong Kong.
Faites-vous de même au sein de grandes institutions ?
Oui, aussi. La salle de classe reste ma grande priorité, mais bien sûr je fais aussi beaucoup de conférences que ce soit aux Nations Unies ou avec des grands patrons d’entreprises. Je pense que si nous souhaitons faire avancer nos idées et arriver au changement, nous avons besoin de tout le monde. J’essaie donc d’être présente partout où cela est nécessaire.
Comment une jeune adolescente de douze ans peut-elle créer une ONG comme « Bye Bye Plastic Bag » ?
Oui c’est vrai, j’avais douze ans et ma sœur dix lorsque nous avons lancé cette association à Bali. Nous étions donc très, très jeunes.
Mais c’est aussi, je pense, une partie de la raison pour laquelle nous avons pu faire quelque chose comme ça. À cet âge, le monde est plein de possibilités. Nous nous sommes simplement dit : pourquoi pas ?
Nous avons grandi sur l’île de Bali, et avons vu la pollution plastique. Quand on voit un problème aussi jeune, on ne pense pas à un problème, mais à une opportunité. Et nous nous sommes dit qu’il fallait faire quelque chose contre la pollution plastique.
Avez-vous obtenu rapidement l’engagement de tous les jeunes autour de vous ?
Oui, d’ailleurs ce sont eux qui ont été les plus prompts à agir.
Ce qui a demandé un peu plus de conviction et de créativité, notamment pour trouver les bons mots et surtout la bonne histoire, c’est la génération plus âgée, les chefs d’entreprise, les institutions ou encore les responsables gouvernementaux. Il a fallu expliquer réellement l’objet de notre action pour convaincre. C’est pourquoi je crois vraiment au pouvoir de la narration, au « storytelling ». Et si nous pouvons donner à une génération de conteurs les moyens d’agir, imaginez la vitesse à laquelle nous pouvons obtenir les changements souhaités et nécessaires pour notre planète.
C’est pourquoi cette collaboration avec l’École française internationale de Hong Kong, pour ce festival du film, permettra aux élèves d’acquérir des compétences qui leur permettront de créer un changement réel et tangible.
Qu’est-ce qui vous a poussé à faire ce tour du monde ? Avez-vous vu des changements ?
Six ans après nos débuts, grâce aux efforts de nombreuses organisations à Bali, nous avons assisté à la mise en œuvre de l’interdiction des sacs en plastique à usage unique, des pailles ou encore du polystyrène. C’est incroyable de voir que des gens qui s’unissent peuvent réellement créer un changement de politique.
Mais à une échelle plus globale, ce qui est vraiment intéressant, c’est qu’au cours des dix dernières années, nous avons assisté à une prise de conscience des gens qui commencent à comprendre ce qu’est le développement durable, pourquoi c’est important et, plus important encore, ce qu’ils peuvent faire pour participer au changement. Cette volonté, cette prise de conscience, s’est donc accrue et il est maintenant temps d’utiliser ces connaissances, cette inspiration et de les transformer en actions.
Lors de ce tour du monde, vous êtes allée au-delà de la simple discussion sur le plastique.
Oui, j’ai vraiment commencé à en apprendre davantage sur les différents défis auquels notre planète fait face.
J’ai commencé par les sacs en plastique, mais « Bigger than us », le film qui a été projeté ici au lycée Français International, raconte mon voyage en tant que jeune femme de 18 ans à travers le monde et mes rencontres avec d’autres acteurs du changement qui s’attaquent à différents projets et différents problèmes.
J’ai échangé avec de jeunes réfugiés syriens, en Grèce, et au Liban. Je suis allé en Ouganda où j’ai découvert les défis de l’agriculture. Je suis allé à Rio de Janeiro et j’ai appris ce qu’était la liberté d’expression. Je veux dire par là que c’était une véritable aventure. Toutes ces questions sont importantes pour notre combat.
Vous êtes un symbole pour un grand nombre de jeunes, n’est-ce pas un peu trop lourd pour vos épaules, cette célébrité ?
Je pense que la première chose à faire est de ne pas se préoccuper de moi. Et le fait de ne pas se focaliser sur une seule personne est la clé pour participer au changement à une si grande échelle. C’est aussi la raison pour laquelle j’ai lancé Youthtopia, projet qui est en collaboration avec le festival du film du développement durable de Hong Kong. L’objectif est de construire une plateforme où toute la jeunesse qui souhaite agir se retrouve et se concentre sur toutes sortes de projets différents.
Nous travaillons avec plus de 250 acteurs du changement. Cela allège la charge qui pèse sur mes épaules, parce que, encore une fois, il ne s’agit pas de moi, il s’agit d’une génération d’artisans du changement, d’une génération d’influenceurs consciente de l’urgence à agir. Nous n’avons malheureusement pas le luxe de disposer de temps. Il s’agit avant tout d’obtenir des résultats.
Iv Charbonneau-Ching, professeur d’Histoire-géographie au lycée Français International de Hong Kong et directeur du festival
Trait d’union : Quelle est l’ambition pédagogique de ce festival lancé il y a deux ans ?
Iv Charbonneau : C’est d’abord de sensibiliser nos élèves aux enjeux globaux, aux questions de développement durable, réussir à les toucher à travers autre chose que la salle de classe.
Faire des films c’est avant tout s’ouvrir à son environnement, rencontrer des acteurs du changement et aussi être soi-même un acteur. C’est le meilleur qu’on peut souhaiter à nos élèves.
D’autres écoles sont également à vos côtés dans cette aventure.
Oui, nous en sommes à la 3ème édition et avons commencé à s’ouvrir à des écoles à Hong Kong. Nous avons à cœur, en travaillant avec d’autres écoles, de créer des partenariats. Nous sommes aussi soutenus par l’AEFE, le réseau des écoles françaises à l’étranger. Ce festival est donc devenu un projet global de l’AEFE auquel participe des écoles de notre région.
Et comment est venue justement l’idée de faire venir à Hong Kong, l’activiste Mélati Wijsen ?
C’est une figure de la jeunesse qui se lève, qui se met en mouvement, en action. Nous la connaissons à travers le cinéma notamment avec le film « Bigger Than Us », un documentaire français réalisé par Flore Vasseur et sorti en 2021 qui a été présenté en première mondiale dans la section « Le cinéma pour le climat » lors du Festival de Cannes 2021.
Mélati est aussi une personne qui veut faire de l’éducation populaire à travers son organisation. Elle partage vraiment les mêmes valeurs que nous, on retrouve des jeunes actifs du monde entier qui, à travers son organisation Youthtopia, constituent un grand réseau à travers lequel ils peuvent échanger des expériences et des compétences. Nos ambitions se rejoignent parfaitement, elle est vraiment le meilleur modèle pour nos jeunes.
Le festival aura lieu en mai, pourquoi un lancement aussi tôt ?
Dans notre volonté de s’ouvrir à d’autres écoles nous souhaitons vraiment accompagner les professeurs et les élèves à travers des ateliers des formations également. Ce n’est pas une chose simple de faire faire des films à des élèves, c’est un travail de longue haleine. Donc nous avons choisi de lancer l’expérience très tôt. Nous avons eu le lancement en octobre avec Mélati, puis nous organisons des ateliers avec Martial Jaume notre responsable du développement durable, une soixantaine d’élèves y participent.
Ensuite nous allons suivre plusieurs ateliers en ligne autant sur la réalisation de film que sur les grands enjeux globaux. Nous allons ainsi accompagner nos élèves tout au long de leur aventure jusqu’au festival, qui a lieu effectivement en mai. Nous aurons également d’autres films professionnels et d’autres réalisateurs qui viendront d’ici le festival pour témoigner, présenter leur action, leurs activités de janvier à mai.
A propos du festival du film du développement durable du LFIS
Il s’agit d’un projet éducatif de l’École française internationale de Hong Kong destiné aux collégiens et lycéens afin qu’ils s’approprient les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies à travers la production de films qui font appel à leur réflexion, leur créativité et leur capacité à mener un projet collaboratif.
Lancé il y a un peu plus de deux ans, avec pour objectif principal de sensibiliser les élèves aux défis mondiaux en les mettant résolument en action.
Ce festival est aussi un moyen de faire résonner la voix des étudiants à travers les films qu’ils créent et produisent, afin qu’ils deviennent des acteurs du changement. Enfin, en s’ouvrant à d’autres écoles de Hong Kong et de la région, le festival vise à promouvoir ses valeurs à travers des partenariats avec des acteurs locaux (Crossroads, GreenEarth, HandsOn, etc.) et internationaux.
Les similitudes entre la vision de Melati et celle du Festival du film du développement durable semblaient évidentes pour un partenariat gagnant-gagnant et la proximité géographique (Youthtopia est basé à Bali) a conduit le directeur du Festival, M. Iv Charbonneau-Ching, à la contacter l’année dernière, ce qui a abouti à un partenariat prenant la forme d’une action commune.
Cette action sera prolongée par des ateliers en ligne proposés pendant l’année scolaire à tous les participants du Festival, de Hong Kong et de