Evasion

L’île de Santa Catarina : Rivage insolite d’un autre Brésil

Sur la côte atlantique sud du Brésil, ‘Ilha de Santa Catarina’ est encore peu connue des circuits touristiques organisés. Ce n’est pas non plus une halte exotique pour amoureux de plages tropicales. Pour cela, il faut aller plus au nord vers les Caraïbes. Cette île n’en demeure pas moins un lieu de séjour incomparable pour sa diversité, ses paysages, son héritage culturel et ses plages de sable blanc qui s’étalent à perte de vue. Par Christian Sorand

L’État brésilien de Santa Catarina se trouve tout au sud entre Argentine et Uruguay. C’est non seulement un territoire peuplé en majorité de descendants européens – surtout portugais et allemands – mais également l’un des endroits dont le niveau de vie est l’un des plus élevés du pays. L’île de Santa Catarina (à ne pas confondre avec l’île de Santa Catalina au large de Los Angeles en Californie) est un lieu de villégiature connu surtout des Brésiliens mais aussi des Argentins et des Uruguayens.

Mieux vaut donc éviter d’y séjourner durant l’été austral, de décembre à mars. Étirée dans toute sa longueur parallèlement à la côte sud du Brésil, un pont relie sa capitale, Florianopolis, au nord-ouest à la rive continentale. L’île de Santa Catarina fait partie d’un archipel qui s’égrène le long des côtes. Bien qu’excentrée des grands axes brésiliens, elle est d’accès aisé grâce à son aéroport et à sa gare routière qui la relient aux principales villes, dont Rio et Sao Paulo. Assez peu connue à l’étranger car située hors des sentiers battus, elle reste donc une destination privilégiée pour les amateurs d’horizons atypiques.

Biodiversité écologique

L’île fait 54km de long sur18km de large. Les Brésiliens l’ont surnommée « l’Ile Magique » (Ilha da Magia) à cause de son étonnante diversité de paysages. Une chaîne montagneuse la traverse du nord au sud. Cette épine dorsale est recouverte d’une forêt dense faisant partie de la forêt tropicale atlantique (Mata Atlântica). La selve de pins est d’ailleurs protégée.

Outre ses plages, situées en majorité sur la côte est, l’île comprend aussi des lacs, des lagons, des chutes d’eau, des côtes rocheuses, des étendues vertes où paissent vaches et moutons, des réserves naturelles. On ne s’attend guère à trouver une telle biodiversité dans un espace aussi restreint. En fait, l’île présente deux parties distinctes. La portion septentrionale est plus développée et attire davantage le tourisme balnéaire de masse.

Par contre, la moitié méridionale conserve un environnement plus sauvage.

Héritage portugais

De 1747 à 1756, le Portugal a envoyé près de 7500 émigrants en provenance de Madère et des Açores pour peupler le territoire de Santa Catarina (1). Autrefois honteux, cet héritage est aujourd’hui devenu une nouvelle fierté culturelle. Ici donc, les pêcheurs surtout originaires des Açores ont recréé un environnement rappelant leurs origines insulaires. Plusieurs ports de pêche se prêtent à la visite en offrant une touche d’exotisme : Santo Antonio de Lisboa au nord-ouest, Barra da Lagoa, Armaçao et Pãntano do Sul sur la côte est, Ribeirao da Ilha au sud-est.

Le joli port de pêche de Santo Antonio de Lisboa (2) n’est pas très loin de Florianopolis. Sa petite plage d’où l’on aperçoit la côte conserve ses barques et ses filets traditionnels. Les façades aux couleurs vives des maisonnées et de la minuscule église de style baroque (18e) rappellent les Açores, tandis que cafés et restaurants de la promenade du bord de mer offrent les saveurs d’une cuisine portugaise marquée par les produits marins.

Barra da Lagoa est à l’embouchure d’un chenal qui alimente les eaux de Lagoa da Conceição, un des deux grands lagons (lagoa) du centre de l’île. Son port de pêche a trouvé un abri naturel sur l’eau de la rivière. Là encore, la vie locale ne semble guère différente de celle des Açores. Sur ce petit cours d’eau fraîche et transparente, les cormorans attendent l’arrivée des bateaux de pêche pour réclamer leur dû. Ce village de charme est aussi un centre de protection des tortues marines.

Armaçao, tout au sud, possède une vieille église et surtout une magnifique plage où les barques colorées des pêcheurs ne sont pas sans rappeler Nazaré au Portugal.

Pãntano do Sul languit dans une jolie baie tournée vers le sud et parsemée d’îlots. Comme à Armaçao, les barques reposent sur le sable. Toutefois, ici la vie y semble plus développée – du moins en saison estivale – lorsque les vacanciers occupent les maisons et les hôtels longeant la plage de l’anse.

Ribeirão da Ilha est peut-être le village le plus typiquement portugais. Situé tout au sud de la côte ouest de l’île, sans plage véritable, c’est un lieu enchanteur aux maisons et aux restaurants délicieusement colorés, surmontés d’une belle église (1806) perchée sur une colline au pied d’une forêt tropicale.

Plages immenses à perte de vue

L’île compte quarante-deux plages (3), en majorité sur la côte est. Celles qui font face au continent sont propices à la baignade car elles sont protégées. Par contre, celles de la côte atlantique attirent davantage les surfeurs en fonction de l’intensité des vagues océanes. Les plus belles se trouvent ici.

Santa Catarina est donc une destination manifeste de surf (4). Les palmes de la notoriété reviennent surtout à trois plages : Barra da Lagoa (pour les débutants), Joaquina où se tiennent des compétitions internationales et Moçambique qui offre un front de mer de plus de six kilomètres.

Certaines des plages de ‘Floripa’ (autre surnom brésilien de l’île) le plus souvent désertes hors saison (5) sont d’une grande beauté sauvage. Praia da Joaquina a la particularité d’avoir d’immenses dunes de sable blanc sur lesquelles on peut pratiquer un sport original et sans risque : le surf des sables ! La plage d’Armaçao se situe dans un cadre magnifique qui permet aussi d’accéder à la superbe baie sauvage de Matadeiro par un sentier pédestre. Quant à celle de Pantano do Sul, elle offre d’excellentes prestations dans le cadre exceptionnel d’une baie protégée faisant face aux îlots de l’archipel méridional.

Une capitale très branchée

Florianopolis est à la fois la capitale de l’État de Santa Catarina et évidemment le centre urbain de Floripa. Le nom de la ville peut paraître un tant soit peu surprenant. Il s’agit d’un mot composé venant de Floriano Peixoto (1839-1895), deuxième président du Brésil, auquel on a ajouté la particule polis (‘ville’ en grec). Agglomération d’apparence moderne, elle est bâtie sur des collines dans un cadre montagneux ouvert sur un détroit maritime au large des rives continentales. Ses rues se coupent à angle droit selon les critères américains établis. Elle a la particularité d’avoir un grand nombre de zones piétonnières. Jeune, commerçante, dynamique, agréable, elle respire le bien-être et a la réputation d’être un lieu sûr. Ce n’est toutefois pas un site touristique majeur bien que la cathédrale (Catedral Metropolitana) et le marché municipal offrent une halte intéressante. C’est surtout un lieu de passage obligé pour visiter le reste de l’île. D’ailleurs le lac central (Lagoa da Conceição) n’est pas très loin. Avec sa marina, ses restaurants, ses bars et ses boîtes de nuit, c’est un lieu très branché. Cela explique pourquoi Florianopolis a souvent été comparée à Ibiza ou à Saint-Tropez pour sa vie nocturne (6).

Les premiers Portugais ont débarqué sur l’île en 1514 (7). Les Amérindiens de la nation Tupi-Guarani y vivaient alors appelant l’île Meiembipe (‘Montagne du Détroit’). En 1526, les Portugais la rebaptisèrent Ilha de Santa Catarina. L’héritage aborigène a hélas disparu comme c’est souvent le cas ailleurs. Santa Catarina n’en demeure pas moins une agréable destination à l’occasion d’un voyage au Brésil. Les amoureux de la nature y trouveront leur compte comme aussi les jeunes surfeurs. Il faut savoir tout de même qu’à cette latitude le cycle des saisons se ressent davantage. La température descend parfois aux alentours de 11ºC en plein hiver. En 2014, selon certains témoins, il aurait même un peu neigé sur les hauteurs de la chaîne centrale. Il convient d’admettre que l’île de Santa Catarina offre une vision peu conforme à l’image d’un Brésil de cartes postales. En tous les cas, ce petit archipel austral mérite un détour.

Autres sources : Wikipedia/Wikitravel

1.    Portuguese American Journal : http://portuguese-american-journal.com/azorean-new-waves-in-southern-brazil-conversations-with-luiz-nilton-correa/
2.    Santo Antonio de Lisboa : http://www.guiafloripa.com.br/sites/english/tourism/beaches/sto_antonio.php3
3.    Florianopolis beaches : http://www.nexussurf.com/beaches.html
4.    Surfing in Florianopolis : http://www.nexussurf.com/surf_main.html
5.    Map of Florianopolis : http://www.nexussurf.com/map.html#mapcenter
6.    New York Times : http://www.nytimes.com/2009/01/11/travel/11party.html?_r=0
7.    History of Florianopolis : http://www.florianopolis.travel/history.html