Événement

Objectif 120 millions de dollars US en 2020 pour l’Institut Pasteur

« The 2020 Pasteur Global Health Initiative ». Tel est le nom de la campagne internationale de collecte de fonds lancée par l’Institut Pasteur. Objectif : construire un centre de recherche mondial visant notamment à trouver les moyens d’éradiquer les virus d’Ebola, du SRAS, de la grippe aviaire, de la dengue … Le professeur Christian Bréchot, président de l’Institut Pasteur a donné le coup d’envoi de la campagne en Asie le 3 mars dernier à l’Asia Society à Hong-Kong, entouré des acteurs Sophie Marceau, Michael Wong et du sculpteur Georges-Bernard Ricordeau. Au cours de l’événement, Christian Bréchot et Sophie Marceau ont répondu en exclusivité aux questions de Trait d’Union.

Trait d’Union : Quelle sont les spécificités de cette campagne de collecte de fonds et pourquoi êtes-vous à Hong-Kong ?

Professeur Christian Bréchot : Cette grande campagne se base sur le réseau international des instituts Pasteur puisque nous avons trente-deux instituts dans vingt-cinq pays et en particulier sur notre centre à Hong-Kong. Elle vise à lancer un centre mondial, global, interdisciplinaire pour réellement mieux comprendre et intervenir sur les grands problèmes de santé publique dans le monde.

La méthode de collecte mondiale, très anglosaxonne est-elle nouvelle pour l’institut Pasteur ?

C’est vrai, l’institut Pasteur a été et est très efficace dans ses campagnes de collectes de fonds et l’est au niveau national en France. Bien entendu nous continuons et c’est fondamental pour nous mais nous voulons renforcer notre action internationale. L’institut Pasteur est un institut international basé en France sur un réseau extraordinaire dans vingt-cinq pays et bientôt vingt-six puisque nous créons un nouvel Institut Pasteur en Guinée. Cela nous donne une force et une spécificité extraordinaire de mettre ensemble ce qui se fait par exemple à Hong-Kong qui est vraiment un centre de grande qualité avec ce qui se fait en Afrique, en Amérique du Sud ou dans la région des Caraïbes.

Quelles sont les particularités du centre de Hong-Kong ?

Hong-Kong est un centre de recherches créé en 2000 en partenariat avec l’université de Hong-Kong qui développe une recherche de très haut niveau sur les virus de l’influenza aviaire, de la grippe aviaire A bien entendu. Une approche de très grande qualité sur la relation entre la variabilité du virus, les particularités génétiques de l’autre, comment l’interaction et la personne infectée déterminent la sévérité et l’évolution de l’infection. Donc beaucoup de recherches sur l’influenza et beaucoup de recherches sur cette interaction entre autres / virus.

Où en sont justement les recherches sur le SRAS, la grippe aviaire depuis les grandes épidémies de 2003 et les années qui ont suivi ?

Je pense que le progrès majeur et Hong-Kong est vraiment un très bon exemple de ce progrès, c’est la compréhension de comment réagir, comment faire vite, être capable d’identifier très rapidement les sources de virus, être capable d’identifier les sources d’infection, les risques de dissémination et la politique de santé publique qui doit en découler. Ce sont les progrès les plus pratiques mais ils sont fondamentaux. En termes de recherche fondamentale mais qui ne débouche pas encore sur de nouveaux vaccins, de nouveaux traitements, il y a beaucoup de progrès, comment le virus se multiplie dans la cellule, comment tout cela est régulé, mais là nous sommes encore en amont. Plusieurs dizaines de personnes sont mortes de la dengue en Malaisie ces dernières semaines.

Craignez-vous une épidémie qui dépasserait les frontières de ce pays ?

Je pense que c’est déjà là ! La dengue est un problème absolument mondial, il y a même eu des cas de dengue au Japon il y a quelques mois, il y en aura dans tous les pays. Il y en a même eu dans le sud de la France. La dengue touche 300 à 400 millions de personnes dans le monde, 40 % dans le monde sont potentiellement à risque. La dengue est un grand sujet pour nous, en particulier dans ce centre de recherche que nous créons. Nous travaillons sur des vaccins, des nouvelles techniques diagnostiques nous avons beaucoup de recherches qui à nouveau combinent recherche fondamentale, recherche appliquée, en Asie, en Afrique et dans les Caraïbes.

Quelle échéance pour ces nouveaux vaccins ?

C’est difficile à dire. Un vaccin présenté par Sanofi Pasteur donne déjà certains signes indiscutables d’efficacité, c’est déjà un progrès par rapport à il y a quelques années. Nous pensons que nous pouvons dans le futur améliorer mais entre le moment où nous avons les premiers résultats et le moment où le vaccin existe vraiment il se passe en général une dizaine d’années.

Et à propos du virus Ebola ?

Nous espérons tous réellement que l’épidémie est en train de décroître. Ca été un grand sujet pour l’Institut Pasteur, nos équipes ont découvert le virus en février 2014, là aussi nous travaillons, nous avons des candidats vaccin, des candidats pour les tests diagnostics, même si l’épidémie s’arrête, ce que nous souhaitons, nous maintiendrons ces effort parce qu’il y aura d’autres épidémies liées à Ebola ou à des virus qui sont du même type de virus de fièvre hémorragique. L’Institut Pasteur a vraiment enclenché un nouveau mode d’organisation qui doit lui permettre de façon permanente d’être toujours prêt à pouvoir réagir encore plus vite et à être dans la prévention et toujours la prévention.

C’est difficile ?

C’est ce qu’il y a de plus difficile à faire mais c’est le plus important.