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L’art est au port… Embarquement immédiat !

A Hong-Kong, une galerie d’art se transforme en hall d’aéroport le temps d’une exposition multimédia, en France le hall du terminal 2E de l’aéroport Roissy Charles de Gaulle expose des œuvres d’art…

Par Philippe Dova

«Take Off » c’est le nom de l’exposition de l’artiste Lin Jingjing au sein de la Galerie de Sarthe à Hong-Kong. Un titre se référant directement à la structure de l’exposition qui transforme l’espace généreux de la galerie en aéroport international d’une nation imaginaire : la « République populaire de Dreamland (PRD) ».

Lin Jingjing explore les structures actuelles et futures des aéroports, véritables «non-lieux» pour elle au sein desquels la personnalité et l’identité des individus deviennent totalement insignifiantes. « Cela faisait longtemps que je réfléchissais à cette exposition. A chaque fois que je voyage et me trouve dans un aéroport, j’ai le sentiment d’être dans un espace tellement différent des autres lieux. Un lieu où tellement de personnes perdent leur identité, en fait tout le monde ! Vous n’êtes ni vous même, ni quelqu’un d’autre ! C’est un véritable paradoxe. Je travaille toujours sur ce concept du paradoxe. Ce faux nom de pays est un prétexte pour montrer que c’est juste une destination d’où les voyageurs vont arriver ou partir. J’essaye de montrer les différents services offerts aux voyageurs : vus de loin la décoration, les pictogrammes, les tableaux d’affichage sont très semblables à ceux d’un véritable aéroport mais dans les détails j’ai remplacé beaucoup de choses ! Le passeport par exemple est supposé être le document contenant toutes les informations et prouvant l’identité du voyageur : en utilisant du marbre froid, le passeport est impossible à ouvrir et je veux montrer qu’il est impossible de prouver son identité avec un passeport. J’essaye de parler de ce qui est vrai et de ce qui est faux, de sensibiliser les visiteurs aux nombreuses questions relatives à notre avenir, aux situations auxquelles nous sommes confrontés à travers mon travail. Je n’attends pas de réponses mais juste une prise de conscience » explique l’artiste. Les différentes œuvres et tableaux de Lin Jingjing se succèdent et se répondent subtilement les uns aux autres tout au long de la visite tels les chapitres d’un essai volontairement critique à l’égard du monde ultra connecté de la République Populaire de Dreamland. Nul doute que « Take Off » pourrait très bien trouver sa place au sein du futur musée d’art contemporain hongkongais M+ ou au sein d’un véritable aéroport.

Pourquoi pas Roissy Charles de Gaulle ? Paris Aéroport s’est en effet engagé depuis quelques temps à faire rayonner le meilleur de la culture dans ses aéroports « pour que l’art fasse aussi partie du voyage et propose une programmation soutenant la création française et la mise en valeur du patrimoine français ».

Au delà des frontières, Paris Aéroport s’associe également aux festivals culturels français pour faire connaître l’art français à l’étranger . Ainsi pour la seconde année consécutive, l’entreprise s’est associée au French May. Une implantation physique, en Chine et en France, symbole de la vocation de Paris Aéroport, lieu de transit entre deux continents et celle du festival, catalyseur de l’art et promoteur de la culture française à Hong-Kong. Cette année Paris Aéroport a choisi le talentueux photographe Michel Setboun, infatigable globe trotter et amoureux indéfectible de Paris. En s’inspirant de sa collection Paris Dark Light Paris Aéroport a demandé à l’artiste de réaliser huit photos à Paris Charles de Gaulle en reprenant les mêmes codes d’ombres et de lumières, fidèles à son style. A travers ces images, il a su ainsi capter des moments de vie de l’aéroport, véritable et incontournable porte d’entrée de Paris.

Parmi ces images “J’ai deux Amours, l’aéroport et Paris”, met en vedette une ombre de voyageur féminin juxtaposée avec un soleil levant à l’entrée de la jetée dans le terminal 2, «Des ronds dans l’O» où la sculpture de Nathalie Decoster se trouve devant les panneaux lumineux d’une célèbre marque de haute couture, ou encore “Padam Padam”et “La valse à mille temps”. L’exposition a eu lieu en mai à l’Harbour City à Tsim Sha Tsui et simultanément, et jusqu’au 30 décembre, dans le hall L du terminal 2E pour le plus grand plaisir des passagers à l’arrivée ou en transit. Un terminal qui, entre les interprètes parlant le Cantonnais, le Mandarin et les services dédiés à l’ accueil personnalisé des voyageurs asiatiques, pourrait réduire les paradoxes du lieu aux yeux de Lin Jingjing en acquérant « Take Off » !

TAKE OFF
jusqu’au 14 octobre
De Sarthe Gallery
20/F Global Trade Square
21 Wong Chuk Hang Road (MTR Wong Chuk Hang)
Hong-Kong
www.desarthe.com