Ciao Mario
Il était le coiffeur des stars et la star des coiffeurs. Il cumulait talent, générosité, passion et humanisme. Personnage romanesque de la communauté française à Hong-Kong, Mario d’Agostino est décédé subitement le 9 mai dernier à l’âge de 56 ans.
Par Philippe Dova
Depuis l’annonce de sa disparition, ses nombreux amis à Hong-Kong partagent une profonde tristesse. Ils le surnommaient affectueusement « Mario les ciseaux » ou « le coiffeur des stars » ! La passion de Mario pour la coiffure avait commencé dans les années 70 dans les Hauts-de-Seine à Suresnes. « J’étais Petit chanteur à la croix de bois jusqu’à l’âge de onze ans et j’avais eu la chance que l’un de mes amis de la troupe m’emmène chez le coiffeur. J’avais été complètement fasciné par l’ambiance, les odeurs, le côté artistique. J’avais tout de suite su que je voulais faire ce métier. Je n’avais que douze ans et demi à l’époque et ma mère avait du faire le forcing pour que je rentre en apprentissage en 1974, chez Jean Louis David », confiait Mario à Trait d’Union en 2010. Initié aux rudiments du métier, très rapidement son talent naturel lui permet de devenir jeune coiffeur à 17 ans et d’être embauché chez Lucie Saint-Clair. Puis, lors d’un show au Palais des congrès de Paris il rencontre Claude Maxime, la déesse de la coiffure parisienne à l’époque. « J’avais rencontré Mademoiselle en sortant de scène, elle avait observé mon travail et m’avait demandé de passer à son salon de l’avenue Georges V à Paris. J’étais comme un enfant en entrant dans ce salon, l’ambiance familiale et la qualité du travail des coiffeurs me faisait rêver. J’avais commencé à travailler chez elle puis ouvert mon premier salon à Saint-germain en Laye à 24 ans, mon second à 26 et, à 28 ans j’étais directeur artistique du groupe Claude Maxime. J’avais alors 250 salons sous ma responsabilité. Claude Maxime était la coiffeuse des stars, elle avait coiffé Brigitte Bardot pendant toute sa carrière ainsi que toutes les femmes de présidents. J’ai ainsi coiffé mesdames Giscard d’Estaing, Mitterrand, Chirac mais aussi Prince, Chantal Goya, Danièle Gilbert, Karen Chéryl », se souvenait Mario, ému.
Cette époque est aussi pour Claude Maxime et son équipe celle des tournées mondiales pour promouvoir l’excellence de la coiffure française et former les coiffeurs à l’étranger : Grèce, Brésil, Japon et New York où Mario se rend en Concorde présidentiel pour célébrer le bicentenaire de la Révolution française en 1989.
Le décès accidentel de Claude Maxime en 1992 marque la fin des « années bonheur » de Mario, il rejoint alors Jacques Dessange et ouvre un salon à Saint Germain des Prés. En 2001, « Monsieur Jacques Dessange » lui propose de diriger le salon de Hong-Kong situé à l’époque à Lan Kwai Fong. « J’avais une équipe de 35 personnes dont huit coiffeurs français, c’était un endroit magnifique ». Chez Dessange, Mario coiffe les stars hongkongaises comme Dong Lee, retrouve certaines de ses anciennes clientes comme Patricia Kaas ou Bernadette Chirac, première dame de France en 2004 lors du voyage officiel du président de la République. « J’étais allé la coiffer à l’hôtel Mandarin Oriental ».
Les célébrités du monde entier et vedettes françaises de passage à Hong-Kong et en Chine confiaient également leur tête à l’illustre figaro : Patrice Drevet, Laurent Petitguillaume, Gérard Lenorman, Hugues Auffray, Sophie Thalman, Sophie Marceau…
En 2010, il rejoint la direction de Franck Provost Chine pour superviser les salons du plus grand groupe français de coiffure dans l’empire du Milieu. En 2012, il réalise son rêve et ouvre à Canton « Alma de Paris », un concept innovant de salon alliant l’art de vivre à la française à la haute coiffure. En 2015, Mario lance plusieurs salons à Pékin avant de revenir à Hong-Kong en 2017.
Au fil des années, Mario a enchaîné les grands shows de coiffure en Chine, Il n’a pas pour autant pris « la grosse tête » et n’a eu de cesse de transmettre tel un artisan des Compagnons du tour de France, l’art de la coiffure française à des milliers de jeunes Chinois. Il ne comptait plus les articles publiés sur lui dans les magazines chinois, une reconnaissance légitime dont il était fier.
En dehors de ses activités professionnelles, Mario s’était occupé activement de l’UFE Hong-Kong comme vice-président, initié au théâtre en jouant le rôle du cousin « beauf » de la mariée propriétaire de la « Béhême jaune anisse pas verte » dans la pièce d’Agnès Seelinger Tout Baigne en 2006. Il taquinait régulièrement, et avec brio, le cochonnet lors des tournois de pétanque de Discovery Bay, aimait régaler ses amis de délicieuses recettes de pâtes de son Italie d’origine lors de dîners généreux animés de ses répliques à la Audiard, de sa gouaille parisienne, de son bon sourire rayonnant au son des tubes de Johnny Hallyday et de ses éclats de rire.
Mario avait décidé de faire une pause dans sa vie trépidante et était rentré fin janvier pour quelques mois en France. Ce tout nouveau grand-père voulait être aux côtés de sa fille Faustine qui venait de donner naissance à Sandro-Bruno.
Le 9 mai, Mario a posé ses ciseaux pour rejoindre les étoiles et briller avec les autres stars dans leur éternité. Ciao Mario.