Bakbamboo : une alternative au plastique
Alors que les initiatives pour la protection de l’environnement bourgeonnent à Hong-Kong, nous avons rencontré Tania et Naveet, les co-fondatrices de Bakbamboo, une startup dédiée à la lutte contre le plastique à usage unique dans le secteur de l’hôtellerie.
Propos recueillis par Camille Fabre
Trait d’union : Qu’est ce que Bakbamboo ?
Naveet : BAK, ce sont les initiales de nos enfants, Bas et Alice, les enfants de Tania et Keira ma petite fille de 5 ans. Bakbamboo possède donc dans son ADN l’idée que nous souhaitons agir sur le futur de notre planète pour nos enfants. On veut leur montrer que, avec des petits pas, on peut aller très loin. On a tout d’abord voulu se concentrer sur le problème du plastique à usage unique, surtout à Hong-Kong, où c’est une vraie épidémie.
Tania : Nous avons donc commencé notre activité commerciale cette année, en avril, avec pour objectif d’inciter l’industrie du tourisme et surtout de l’hôtellerie à remplacer leurs produits de toilette en plastique à usage unique par des produits faits en matériaux renouvelables et réutilisables, comme le bambou.
Pourquoi le bambou ?
N. : Il y a tellement de réponses à cette question ! Premièrement, pour son empreinte écologique bien sûr. Peu de gens le savent, mais le bambou est une herbe, ce qui veut dire qu’il pousse très vite (il atteint maturité entre 3 et 5 ans selon les espèces), avec peu de besoins en eau, sans pesticides car naturellement protégé des maladies et des insectes, et il rejette aussi
35 % d’oxygène en plus que les arbres !
T. : En plus, c’est un matériau très polyvalent. On peut en faire du papier toilette ou du tissu par exemple, et, lorsque réduit en fibres, le bambou peut prendre virtuellement toutes les formes. Par contre, même pour les produits en apparence “verts”, il faut rester vigilant : les tasses en bambou réutilisables par exemple sont souvent conçues à partir de fibres de bambou et de résines contenant du plastique. Nous portons donc une attention toute particulière à la traçabilité et aux procédés de fabrication de nos produits.
Ce marché n’est-il pas trop concurrentiel ?
N. : Il est vrai qu’il y a de plus en plus de produits en bambou sur le marché. Il n’y a qu’à voir Colgate, qui a aussi commencé à faire des brosses à dents en bambou. Nous voyons cela d’un oeil très positif car notre but est de démocratiser les alternatives qui sont meilleures pour la planète et d’éduquer les consommateurs : c’est bien beau de vouloir éviter le plastique, mais encore faut-il savoir comment. Travailler avec des hôtels nous permet donc de diffuser le message à grande échelle: ce sont les solutions qui viennent à eux, et non l’inverse. À eux de jouer ensuite !
T. : Je dirais aussi que nous nous démarquons par le fait que nous ne faisons pas du tout de vente de détail. Ceci nous permet d’avoir un plus gros impact car nous ne ciblons pour l’instant que les hôtels et chaînes les plus importantes, à Hong-Kong, Macau mais aussi en Asie. Dans l’idéal, il faudrait tout juste que les consommateurs arrêtent d’utiliser des objets une seule fois pour les jeter ensuite… mais un pas à la fois !
Comment faites-vous pour jongler entre votre travail, vos vies de famille, et bakbamboo ?
T. et N. : [rires] C’est une très bonne question !
N. : Je pense que nous sommes toutes les deux des femmes passionnées, et c’est ce qui nous fait avancer. Aussi, il y a vraiment une atmosphère bienveillante dans les sphères de la soutenabilité à Hong-Kong, et c’est un sujet très populaire en ce moment. Les entrepreneurs qui oeuvrent sur de tels sujets s’entraident énormément, car cela fait partie de l’état d’esprit du milieu : on va chercher à trouver des solutions et des partenaires pour recycler, pour récupérer, pour réutiliser…
T. : Nous avons aussi eu la chance d’être entourées de personnes qui ont cru en notre projet et qui nous ont aidées, dont beaucoup de la communauté française d’ailleurs ! Nous avons collaboré avec deux designers français sur des événements (Sabrina de S.Lo et Alexandre de 8Savoir), et Camille nous aide au quotidien pour tout ce qui est réseaux sociaux, administratif, organisation des événements… Nous avons aussi eu deux stagiaires australiennes, et nous serions ravis d’accueillir deux français-es pour le semestre prochain !
Et alors, c’est comment de travailler avec des Français ?
N. : J’adore les Français ! Mes premières colocataires lorsque je suis arrivée à Hong-Kong étaient françaises. Aujourd’hui, ce sont mes meilleures amies. Dans le cadre professionnel et après 20 ans ici, j’ai pu observer que la communauté française a su s’intégrer dans un large spectre d’industries, à des niveaux de postes variés. Je les vois comme flexibles, polyvalents et surtout très travailleurs. À mon sens, c’est vraiment ce qui fait leur particularité.
T. : Je suis tout à fait d’accord. En neuf ans, j’ai vu grandir la communauté française à Hong-Kong et c’est vraiment formidable. Comme dans toutes les sociétés multiculturelles, d’avoir autant de nationalités différentes qui se côtoient apporte énormément à la richesse de la ville (au sens propre comme au figuré !).